Production sucrière : Gros plan sur le projet de Markala

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22 Septembre | 22/07/2010  

Production sucrière : Gros plan sur le projet de Markala

Fruit d'un partenariat public-privé, le Projet sucrier de Markala (PSM) sera non seulement un tremplin économique pour la quatrième région, mais aussi pour le Mali. Véritable structure intégrée, le PSM englobera la gestion environnementale et le volet communautaire. Voyage au cœur d'un projet futuriste.

Le Projet Sucrier de Markala (PSM) constitue une initiative majeure à plusieurs égards. Malgré ses énormes potentialités agricoles, le Mali continue à importer du sucre (139.000 tonnes en 2009). Les marchés restent cloisonnés et très spéculatifs. L'offre se limite actuellement à deux petites unités de production, construites respectivement en 1966 et 1975, avec l'appui du gouvernement chinois, pour une capacité annuelle totale de 35 000 tonnes de sucre.

Le PSM permettra à terme de transformer le pays en exportateur de sucre et induira des synergies devant favoriser une meilleure régulation des marchés. Présenté par l'Etat malien comme un projet de développement prioritaire, le PSM est le premier projet partenariat public-privé (PPP) du pays et également la première opération soutenue par la Banque Africaine de Développement (BAD), chef de file des bailleurs de fonds dans le domaine de l'agro industrie dans le continent.

Le projet soulève de nombreux défis de mise en oeuvre qui, une fois résolus, pourront servir de leçons au Gouvernement  malien et aux institutions qui participent à son financement.

En effet,  à la table ronde de 2004, organisée par le gouvernement pour choisir le partenaire stratégique du projet, et aux tables rondes entre promoteurs et bailleurs de fonds qui se sont tenues à Cologne (Allemagne) en juin 2007, à Bamako en Novembre 2007 et à Tunis en Février 2008, ainsi que lors de la réunion de concertation de décembre 2010, la préparation du projet a été finalement parachevée. Ce long processus a permis l'approfondissement des questions liées aux retombées économiques du projet, à la disponibilité de l'eau en période d'étiage dans la zone de l'Office du Niger et aux impacts environnementaux et sociaux. Ainsi, l'étude d'impact environnemental et social et le plan de réinstallation des populations ont pu être réalisés. Un bilan pluriannuel des ressources en eau (2010/2020) dans la zone de l'Office du Niger, a été élaboré. Il a été validé en avril 2010 par toutes les parties prenantes.

Le Projet sucrier de Markala s'intègre parmi les priorités du gouvernement de la République du Mali.

Il s'inscrit parfaitement dans le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP 2007 2011) et fait partie intégrante de la politique industrielle et de la politique agricole du pays. Ces politiques visent notamment à améliorer la compétitivité du secteur privé et à renforcer la participation des pauvres à la croissance économique.

En tant que PPP, le PSM s'inscrit dans la stratégie de développement du secteur privé adoptée par le gouvernement. Cet investissement constitue un corridor industriel qui générera de multiples retombées annexes pour toute l'économie du Mali et de la sous-région.

Au niveau local, le projet aura un impact substantiel pour l'économie de la région de Ségou. Il contribuera à la création d'un pôle régional de développement et à l'amélioration du niveau de vie des populations locales (155 900 habitants), par la création d'emplois, la lutte contre le paludisme et le développement d'infrastructures sociales (écoles, centres de formation et dispensaires).

Au total, le projet créera 8 000 emplois directs et environ 32 000 emplois indirects avec le développement des différentes activités économiques liées au projet sucrier et aux actions d'accompagnement. Il fera bénéficier à ses employés des formations régulières pour développer leurs compétences et leur productivité.

Le projet sera le premier employeur privé au Mali. Il permettra de valoriser les ressources en eau de la zone de l'Office du Niger (ON) et le haut potentiel climatique de développement de la canne à sucre. Le potentiel théorique de production est évalué à 190 t/ha.

Le rendement escompté, de 105 à 120 t/ha, représente 55 à 60% du potentiel théorique. La technique d'irrigation par aspersion retenue améliorera l'efficience et la gestion de l'eau. L'exploitation de la canne à sucre à grande échelle favorisera la diversification des productions de rente pour l'exportation et constituera une opportunité d'augmenter les revenus des populations bénéficiaires. Le projet favorisera le développement de petites et moyennes entreprises (PME) liées à la filière sucrière afin de générer de multiples emplois indirects.

Au niveau national, le projet permettra au Mali d'étendre son industrie sucrière et de développer des produits à valeur ajoutée. Il permettra aussi d'atteindre l'autosuffisance du pays en sucre et contribuera à le faire évoluer en exportateur de sucre. Le projet créera également des recettes fiscales et un gain en devises étrangères pour l'Etat.

Au niveau sous régional, le projet permettra de réduire les importations de sucre des pays de l'UEMOA et contribuera au développement des échanges et à l'intégration régionale.

Les projections financières font ressortir que le projet est financièrement rentable et permettra d'assurer le service de la dette sans recours aux ressources financières du Gouvernement. Pour l'exploitation des plantations de canne, les producteurs assureront toutes leurs obligations financières sans recourir à l'Etat.

Les objectifs sectoriels du projet, eux, sont de contribuer à la croissance économique durable et équitable du pays et d'accroître les revenus des acteurs de la filière sucrière sur une base durable.

Le projet est localisé dans la zone de Markala, dans la région de Ségou, à 275 km de Bamako. Il comprend deux  volets: le volet agricole ou volet public du projet, financé sur ressources concessionnelles, concerne l'aménagement d'une zone irriguée de 14,132 ha pour la création des plantations et la production annuelle de 1,48 millions de tonnes de canne à sucre et la mise en oeuvre de mesures d'accompagnement et de renforcement des capacités, intégrant la mise en oeuvre des plans de gestion environnementale et sociale (PGES), de réinstallation (PAR) des populations et du d'actions de lutte contre la pauvreté (PAP). Le PAR et le PAP constituent le volet communautaire qui permet de mieux sauvegarder les droits des populations et de les intégrer de façon durable au projet.

Le volet industriel, cofinancé par les guichets privés, concerne la création d'une sucrerie d'une capacité de transformation de 7.680 tonnes de canne par jour, ainsi que la production annuelle de 190.000 tonnes de sucre, de 15 millions de litres d'éthanol et la cogénération d'énergie, avec une puissance de 30 MW d'électricité, grâce à la valorisation de 60.000 t de mélasse et de 460.000 t de bagasse.

L'exécution du volet agricole s'articule autour de trois composantes: développement des infrastructures de production et mesures d'accompagnement, renforcement des capacités et Gestion du Projet.

Kandia Coulibaly

La composante gestion du PSM

Cette composante comporte toutes les activités liées à la gestion du projet. Des bureaux d'Ingénieurs conseils spécialisés en ingénierie, acquisition, construction et gestion seront recrutés pour la mise en oeuvre du projet (un pour les plantations et un pour les aspects environnementaux et sociaux). Elle couvre également toutes les dépenses du suivi évaluation, de l'audit des comptes et de la revue à mi parcours

Le PSM est une initiative du Gouvernement malien, qui a réussi à attirer un opérateur privé qui assumera le risque d'investissement pour la partie industrielle et assurera la gestion du volet agricole pour le compte du Gouvernement. Pendant l'exécution du projet et son exploitation, le rôle du Gouvernement concernera la supervision du respect des engagements contractuels de l'opérateur Illovo.

Illovo Sugar, entreprise sud africaine, est le partenaire du gouvernement malien dans cette initiative PPP. Illovo Sugar est le premier producteur de sucre du continent, avec des opérations agricoles et industrielles dans six pays d'Afrique australe. La société est cotée à la Bourse de Johannesburg et est contrôlée à 51% par le groupe britannique Associated British Foods Ltd.

Le Groupe Américain Schaffer and Associates International (SAIL), qui a réalisé l'étude de faisabilité initiale et aidé le Gouvernement à faire la promotion du projet, est également actionnaire. SAIL est un bureau d'études spécialisé dans l'agro industrie et plus particulièrement dans l'industrie sucrière, avec une expérience qui couvre plus de 40 pays.

Pour la mise en place du PSM, deux sociétés ont été créées: la SOSUMAR (secteur privé) qui développera le volet industriel et la CaneCO (secteur public) qui s'occupera du volet agricole relatif aux infrastructures d'irrigation et à a création des plantations de canne à sucre.

Le capital de SOSUMAR est réparti comme suit: Illovo Sugar et Schaffer Group 65%,  investisseurs privés maliens et Gouvernement du Mali 35%. Des discussions sont en cours pour fixer la structure du capital. Les investisseurs maliens devront confirmer leurs intentions de participer au capital (à hauteur d'au moins 35%). La CaneCO sera gérée par la SOSUMAR, en vertu d'un accord de prestations techniques. Toute la production de canne à sucre de CaneCO sera vendue exclusivement à SOSUMAR qui, en retour, aura l'obligation réciproque de l'acquérir. Le Gouvernement malien sera actionnaire à 90% de CaneCO, le solde étant détenu par SOSUMAR. L'objectif de CaneCO sera de générer des bénéfices suffisants pour être redistribués aux communautés démunies, sous forme d'infrastructures sociales et économiques.

Le coût global du projet est estimé à 530 millions de dollars US, dont  290 millions de dollars US (145 milliards de FCFA environ) pour le volet industriel et 240 millions de dollars US (120 milliards de FCFA environ) pour le volet agricole et social. Le volet agricole comprend la mise en oeuvre du PGS, du PAR et du PLP.

Les atouts de SOSUMAR

Les projections financières font ressortir que le projet est financièrement rentable et permet d'assurer le service de la dette sans recours aux ressources financières du Gouvernement, Pour les producteurs indépendants de canne, les revenus augmenteront de 49.500 F CFA/ha (mil/sorgho pluvial) à 439.000 F CFA par ha de canne. Pour CaneCO, le projet assurera toutes ses obligations financières sans recourir à l'Etat. Les résultats financiers permettent de dégager un surplus qui sera utilisé pour développer des activités de lutte contre la pauvreté.

 Les informations disponibles permettent de mesurer déjà les impacts ci dessous. Au niveau local, le projet aura un impact substantiel pour l'économie de la région de Ségou. Il contribuera à l'amélioration du niveau de vie des populations locales par la création d'emplois, la lutte contre le paludisme et le développement d'infrastructures sociales telles qu'écoles et dispensaires. Le projet fournira 8.000 emplois directs et fera bénéficier à ses employés des formations régulières pour développer leurs compétences et leur productivité. Le projet sera le premier employeur privé au Mali. Le projet favorisera le développement de PME liées au projet afin de générer de multiples emplois indirects.

Au niveau national, le projet permettra au Mali d'étendre son industrie sucrière et de développer des produits à valeur ajoutée. Le projet créera également des recettes fiscales et un gain en devises étrangères pour l'Etat.

Le taux de rentabilité économique du volet agricole est satisfaisant. Il est évalué à 18% sans tenir compte des revenus générés par l'aménagement rizicole de 1000 ha et des jardins maraîchers inter pivots d'une superficie de 1000 ha.

En outre, le projet a un impact social certain. En effet, il est classé catégorie 1 en matière d'impact environnemental et social. Il soulève des questions liées au déplacement de populations, à la perte de l'habitat naturel et de la biodiversité, à l'utilisation et à la disponibilité de l'eau, à l'utilisation de produits chimiques, à la gestion des déchets et aux risques d'accidents du travail.

Après la présentation de la première version de l'étude d'Impact environnemental et social (EIES) en octobre 2007, il a été demandé aux promoteurs et au Gouvernement de compléter les études afin de répondre aux directives de la BAD,  préparer un Plan de Gestion Environnementale et Sociale ; fournir des clarifications sur le déplacement et la relocalisation des populations et confirmer la disponibilité en eau pour le projet en cas d'extension du complexe SUKALA.

Par conséquent, des mesures ont été prises pour répondre à ces aspects. Les rapports provisoires des études de VEIES et de Plan de réinsertion ont été transmis à la BAD et ont été revues. Les résumés de VEIES et du plan de réinstallation des populations, ont été finalisés par la mission de pré évaluation de la BAD et ont été publiés le 15 septembre 2009 sur le site Internet de la BAD.

Le processus de consultation publique s'est déroulé, principalement aux mois de mai 2007, de janvier à avril 2009 ainsi qu'en août 2009 lors de la mission de préparation de la BAD. Les consultations visaient à informer et sensibiliser les différentes parties affectées et/ou intéressées sur les composantes du projet ainsi que son fonctionnement et de recueillir leurs avis, préoccupations et propositions de solutions pour éradiquer, atténuer et/ou compenser les impacts négatifs potentiels et de renforcer ceux positifs. Les préoccupations des populations (aspects fonciers, sécurité alimentaire, infrastructures socioéconomiques, compensations ) ont été prises en considération dans la formulation du projet (PGES, PAR et Appui à la réduction de la pauvreté).

Avec l'aide du Comité technique local d'appui institué par le Gouvernement au niveau local, de larges consultations ont été tenues et se poursuivent dans la région auprès des populations affectées. Un atelier de restitution des résultats des différentes études d'impact environnemental et social, a été organisé à Ségou et a regroupé pendant trois jours l'ensemble des acteurs du projet afin de faire une meilleure prise en compte des préoccupations des uns et des autres, notamment dans l'élaboration du plan d'action de réinstallation.

Kandia Coulibaly
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