A l'Est, main basse sur les terres

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Certains paysans français sont attirés par les mirages agricoles de l'Est de l'Europe.

France 5 | mardi 10 janvier 2012

A l'Est, main basse sur les terres

► 10/01/2012 à 21H40 sur France 5
► Ensuite, le vidéo intégrale sera disponible jusqu’au mardi 17 janvier 2012 sur le site de France 5

Durée : 55min. ( 21H40 - 22H35 )
Cryptage : En clair
Genre : Docu-info - Découverte
Année de réalisation : 2010
Télétexte : Sourds et malentendants
Réalisation : Agniezska Ziarek

RÉSUMÉ

La demande en terres agricoles disponibles augmente sans cesse. Elle active un marché dont s'est emparé le monde de la spéculation, avec des priorités de rendement souvent bien éloignées des préoccupations liées à la sécurité alimentaire. Le phénomène touche essentiellement les pays du Sud, d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique du Sud.

Mais le mécanisme concerne également l'Europe. En Ukraine, des fonds spéculatifs investissent en masse dans d'immenses surfaces qui sont parmi les plus fertiles de la planète.

En Roumanie, entrée dans l'Union européenne il a y un peu plus de trois ans, des fermes de plusieurs milliers d'hectares sont achetées par des investisseurs, souvent agriculteurs eux-même. Certains paysans français sont désormais attirés par les mirages agricoles de l'Est de l'Europe.

"A l'Est, qui sème le blé, récolte le pactole". Les terres deviennents sources de revenus et de bénéfices pour l'industrie de la finance. La déréglementation, la globalisation des échanges affectent tous les secteurs de l'économie mondiale et l'agriculture n'échappe pas à la délocalisation. Ce documentaire propose d'analyser les aspects économiques, sociaux et humains des bouleversements à venir.

En suivant le parcours d'un agriculteur alsacien qui veut tenter sa chance dans les terres noires de Roumanie et des fonds d'investissement qui opèrent en Ukraine, l'enquête permet une réflexion sur la fin annoncée du monde paysan tel qu'il existe aujourd'hui, en Europe de l'Est mais aussi en France.

Programme sous-titré par télétexte pour les sourds et les malentendants.


Extrait Youtube:



ou télécharger:
http://farmlandgrab.org/uploads/A L EST  MAIN BASSE SUR LES TERRES (lest main basse sur les terres).wmv



Article de France 5

Crise oblige, la globalisation des échanges touche désormais tous les secteurs de l'économie, matières premières alimentaires comprises. En suivant des investisseurs tentés par l'eldorado des pays de l'Est, ce documentaire propose une réflexion sur la fin annoncée du monde paysan tel qu'il existe aujourd'hui en Europe.

Jean-Paul Schnoebelen ne se plaint pas de son sort. A 62 ans, il est à la tête d'une ferme de plus de deux cents hectares au coeur de la plaine alsacienne : "Ici, on a une bonne terre, riche et profonde, qu'on n'a pas besoin d'irriguer."

Comme la plupart des grands céréaliers, il a les moyens d'investir dans du matériel et de nouveaux terrains. Des moyens qui tiennent à la taille de son exploitation, mais surtout aux subventions européennes. Ces dernières représentent en effet presque 40 % de son chiffre d'affaires.

Sans les aides de la PAC, difficile de s'en sortir. Jean-Paul Schnoebelen dispose de pas mal de terres mais elles sont éparpillées, ce qui l'empêche de réduire les coûts et d'augmenter le rendement. Dans sa région, les surfaces disponibles sont devenues rares et onéreuses. Alors, à l'instar de bien d'autres agriculteurs, italiens, allemands, néerlandais ou français, il a décidé de se tourner vers l'est de l'Europe.

Dans sa ligne de mire, la Roumanie, un pays où les terres bon marché et de grande qualité abondent. Selon l'économiste Marcel Mazoyer, spécialiste du monde paysan : "On est en plein dans une phase de délocalisation des formes d'agriculture les plus modernes et les plus productives, qui se sont développées au cours des cinquante dernières années aux Etats-Unis et en Europe de l'Ouest, vers des pays où il y a de la très bonne terre pas chère..."

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Un appétit grandissant

Cette délocalisation intéresse également un autre type d'investisseurs bien éloignés du monde agricole. Jean Ziegler, ancien membre de la Commission du droit à l'alimentation des Nations unies, explique : "Durant la crise financière, les grands spéculateurs et les banques ont perdu des milliards de dollars dans les marchés financiers. Ils ont migré ensuite sur les Bourses des matières premières agricoles ; et, là, les mêmes font des fortunes astronomiques en spéculant sur le blé, le riz, le colza. Conséquence, le prix des aliments de base a explosé de manière tout à fait effrayante dans les deux dernières années."

Agriculteurs des pays riches, fonds de placement, banques... tous sont en quête des moindres surfaces disponibles à rentabiliser rapidement. Après l'effondrement du bloc soviétique, les paysans de Roumanie ou d'Ukraine - le grenier à blé de l'Europe de l'Est - récupèrent une bonne partie des immenses fermes d'Etat, mais ils sont incapables de les exploiter faute de moyens financiers.

Cette situation les pousse à céder leurs terres en fermage, le plus souvent à des étrangers. Le fossé entre agriculteurs venus d'ailleurs, capables d'investir, et autochtones contraints d'abandonner leurs petites propriétés ne cesse de s'accentuer au coeur même de l'UE. Une Europe à deux vitesses se met progressivement en place...

Les multinationales de l'agroalimentaire ont d'ores et déjà jeté leur dévolu sur l'Ukraine, où elles sont reçues à bras ouverts par le gouvernement et où les terres sont encore moins chères et de meilleure qualité qu'en Roumanie.

Des sociétés françaises, anglaises ou russes y louent des milliers d'hectares avec pour seul but de réaliser le maximum de profit. Mais comment faire pour éviter qu'elles ne finissent par affamer la moitié de la planète ?

Pour Jean Ziegler, cela va de soi : "Il faut interdire radicalement la spéculation boursière sur les aliments de base. Le droit à l'alimentation est un droit de l'homme qui doit être respecté et protégé par chaque Etat membre des Nations unies."

Beatriz Loiseau

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