Projet SENHUILE-SENETHANOL : A Gnith, une unité de biocarburants fait renaître l’espoir

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Le Soleil | 25 juillet 2013

Projet SENHUILE-SENETHANOL dans le département de Dagana : A Gnith, une unité de biocarburants fait renaître l’espoir

Après plusieurs péripéties et délocalisations, le projet Senhuile-Senethanol, bénéficiaire d’un terrain de 20.000 ha dans la réserve de Ndiael (communauté rurale de Gnith, département de Dagana), marque sa présence par la réalisation d’actions sociales et de développement au profit des populations. Avec des latrines, édicules publics, champs fourragers, poste de santé, salles de classe à la place d’abris provisoires et adduction d’eau à partir du lac de Guiers avec l’arrosage des premiers semis de tournesol, le paysage de la réserve a complètement changé de visage.

Objectif, produire du tournesol sur 20.000 hectares

A moins de 300 mètres de la route nationale 2, l’on voit les premières modifications que subit la lisière de la réserve du Ndiael, avec le tapis herbacé qui sort de terre, les sillons qui s’étendent à perte de vue. Les engins de terrassement et d’excavation ressemblent à de gargantuesques insectes, qui creusent des canaux, fouillent la terre. En ces lieux naguère austères et quasi-désertiques, colonisés par la réserve de Ndiael, la transfiguration est frappante, renversante même par sa rapidité et la grande espérance qu’elle autorise.

La piste d’accès à la base de Senhuile est complètement défoncée à cause du trafic intenable de véhicules et gros engins qui vont sur les chantiers, aux confins du lac de Guiers et derrière le village historique et héroïque de Nder.

La base technique déborde d’activités, comme une ruche. Au loin, on aperçoit la ligne de crête formée par les centaines de mètres cube de terre, suite aux travaux de réalisation des canaux d’irrigation et d’amenée d’eau, jusqu’aux villages les plus éloignés des points d’eau. Dans leurs rêves les plus optimistes, ces populations n’avaient jamais pensé avoir le précieux liquide à portée de mains.

Et pourtant, ce projet a eu des difficultés à s’implanter véritablement. D’abord, à Fanaye et ensuite à Gnith. Pour ce qui concerne Fanaye, Souleymane Dème, directeur des opérations agricoles et des infrastructures, a évoqué un problème de communication interne. « A Fanaye, les conseillers ruraux voulaient avoir les détails des informations sur le projet qui n’étaient pas bien véhiculées. Le projet travaillait sans difficulté et c’est à la demande de ces détails suite au dispatching du budget social de 500 millions de FCfa que nous avons mis et qui se trouve toujours au niveau du trésor de Podor, que les problèmes ont eu lieu », a expliqué M. Dème. Il a précisé que ce projet n’est pas un investissement politique de l’ancien régime comme le pensaient certains. « C’est un projet de développement, qui est venu avec des moyens suffisants et des options sûres d’installation au Sénégal », a-t-il indiqué.

Production de biocarburant

A Gnith, M. Dème a déploré l’attitude de certaines gens qui tournent autour d’un projet pour se l’approprier, à leur propre compte et non au profit des populations. « Chaque fois qu’un projet s’installe, il y a des personnes qui veulent être la courroie de transmission entre le projet et la population. Senhuile est un projet national », a-t-il souligné en signalant que les portes du projet restent ouvertes pour tout le monde. Ce projet, a-t-il rappelé, a pour objectif de produire du tournesol pour la production de graines à exporter et avec traitement de résidus pour en faire une mini-centrale de 60 mégawatts.

En parallèle, Senhuile, selon le directeur des exploitations agricoles, a mis en place une structure, Senethanol, avec des partenaires sénégalais et extérieurs spécialisés dans l’énergie pour la production de patates douces. « Cette spéculation va être exploitée pour produire de l’éthanol qui servira de biocarburant, de l’aliment de bétail. Ce volet a prévu d’être en lien direct avec les populations locales et la première approche qui est la production du tournesol porte sur 20.000 ha », a noté M. Dème.

Selon le directeur des opérations agricoles et des infrastructures, cette superficie pourrait paraître costaude pour certains. « Compte tenu de l’espace que nous disposons au Sénégal, surtout dans la zone nord, nous savons que ça peut développer ce pays, qui dispose de millions d’hectares. Mais il faut que ce soit exploité de manière professionnelle, mais surtout pour appuyer le développement aussi bien local que national », a-t-il souligné, en précisant que ce projet s’est installé après plusieurs études. « Le gouvernement Wade a bien étudié ce projet, il a été réétudié par l’actuellement gouvernement. Nous savons que c’est un projet de développement qui peut résoudre une partie des problèmes économiques de la zone, de la sous-région et du Sénégal », a-t-il laissé entendre.

Selon M. Dème, le fait d’allouer des terres appartenant à l’Etat du Sénégal comme la réserve et une partie de la Réserve du Ndiael vise à résoudre les problèmes fonciers et surtout permettre à l’Etat de suivre ce projet « transparent », qui va créer des emplois, développer l’agriculture dans tous les sens, avec une priorité à la culture de tournesol, par la diversification annexe pour les cultures de patates douces et de rente. « Avec cette option et face à une compréhension toujours liée à la communication et en concertation avec les éléments de contrôle de l’Etat, il a été retenu de démarrer, pour faire une démonstration appliquée sur une superficie de 10.000 ha », a relevé M. Dème.

Une bonne maîtrise de l’eau

Avec un projet de cette envergure, il fallait, selon M. Dème, démarrer par le bon bout : la maîtrise de l’eau. « Cette maîtrise nous a amenés à choisir un site difficile (Ronkh). Nous avons défriché près de 3.000 à 4.000 ha mais surtout, nous avons tout mis en œuvre pour ramener l’eau sur la nationale 2. A partir du sud, il était difficile de remonter pour revenir à la nationale 2. C’était un défi pour démontrer aux populations locales et à l’Etat que ce volet de maîtrise de l’eau, nous pouvons y parvenir », a assuré le directeur des opérations agricoles et des infrastructures. Il précise qu’il y a une mise en exploitation sous forme d’expérimentation de 600 ha déjà semés, avec toutes les options de germination. La maîtrise des types de sol a permis, selon M. Dème, d’aller en profondeur sur le reste des superficies, avec une progression du côté de Gnith, la zone sud qui va des villages de Ronkh vers le centre de la réserve, dans la zone périphérique. Dans cette zone également, la priorité, selon M. Dème, reste la maîtrise de l’eau. « Le Lac de Guiers est à 6 km, mais nous avons curé et réhabilité le cours d’eau naturel de Nietty Yone. A partir de là, nous avons fait une bifurcation pour alimenter une partie de la zone sud, vers la périphérie de Gnith », a-t-il fait savoir.

100 ha de tournesol déjà emblavés

A ce jour, un champ de 100 ha de tournesol est aménagé et emblavé. L’exécution du projet, comme l’ont rappelé ses responsables, se déroulera en trois phases. Il y aura la production de produits agricoles destinés au marché local (maïs, tournesol, arachide, etc.) pour approvisionner les industries locales d’huilerie, mais aussi pour l’exportation vers l’Europe. Une partie de cette production est transformée en aliment de bétail. Senhuile accompagne aussi l’État dans la reconstitution du capital semencier. Une convention a même été signée avec l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) pour l’accompagnement technique.

L’implantation du projet de production de biocarburant augure d’un avenir radieux pour la patate douce, une spéculation produite en quantité, mais qui souffre d’un manque notoire de rentabilité. Cette équation est en passe d’être résolue, note Souleymane Dème. « Il est prévu, dans l’exécution de notre programme, d’apporter une assistance aux producteurs de patates douces. Nous allons les accompagner dans les nouvelles options avec les variétés nouvelles pour faire une patate douce industrielle. Notre objectif est de faire 15 à 20.000 ha, nous allons prendre le tiers que nous encadrons avec nos ouvriers agricoles.

Objectif, produire du tournesol sur 20.000 hectares

Les populations seront payées à la récolte au kilo gramme », a fait savoir M. Dème. « Actuellement, le rendement est de 20 à 30 tonnes à l’hectare. Notre objectif, c’est d’atteindre 60 à 80 tonnes à l’hectare. On fera des contrats de production avec les producteurs locaux, qui vont récolter et nous vendre directement », a ajouté M. Dème, qui a assuré que Senhuile assistera tous les producteurs, qui sont dans et à la périphérie de son rayon d’action. Cette spéculation sera transformée en sucre, éthanol, aliment de bétail et amidon, toujours destinés au marché local. La troisième phase devrait intervenir pour accompagner la transformation du surplus de production de viande et de lait issu de l’élevage intensif, occasionnée par la qualité et la quantité de l’aliment de bétail mis gratuitement à la disposition des éleveurs de la zone du projet.

9% du budget annuel consacré au volet social

Le groupe Senhuile consacre 9 % de son budget annuel au volet social. Ce qui a permis la mise en place d’un centre de santé déjà fonctionnel, la gratuité des soins, des médicaments et des analyses, une campagne de vaccination contre les bilharzioses. Aujourd’hui, le projet est à plus de 1100 consultations médicales gratuites sur le site de Yétty Yone, sans compter la construction d'un poste de santé qui doit être réalisée dans les plus brefs délais sur le site de Yetty Yone, pour un coût global de 25 millions de FCfa, au profit des populations des villages environnants et autres localités de la communauté rurale de Gnith. Selon M. Dème, le projet, dans son volet culture de tournesol, apporte un appui social à toutes les populations qui sont sur son emprise, cela consiste à réaliser des cultures fourragères pour leur permettre d’avoir accès à l’herbe verte pendant toute l’année. « Nous avons privilégie l’intégration à la population locale et nous sommes en connexion directe avec les autorités telles que les présidents de communautés rurales, les chefs de villages. Nous avons demandé à ces autorités de recenser la population et le cheptel parce que notre action, sur le plan économique, est une ramification vers l’appui à l’élevage, par la culture fourragère, une prise en charge sanitaire du cheptel. Après installation de la culture fourragère, ce sont des actions en aval avec de petites unité de transformation de lait », a dit M. Dème, qui a précisé que dans le volet appui au développement et à l’éducation, des fournitures nécessaires pour l’année scolaire ont été remises aux élèves. Une école coranique moderne a été construite, et la sécurisation de trois cimetières a été réalisée dans la zone. M. Dème a également assuré que tout ce qui est site cultuel sera appuyé et sécurisé. Pour ce qui est de l’appui à la jeunesse, c’est d’abord, selon M. Dème, la création d’emploi par le défrichage. « Au lieu de faire un défrichage mécanique, nous avons fait une option pour le défrichage manuelle pour ensuite faire un accompagnement mécanique. Nous utilisons 250 à 500 emplois journaliers par semaine, payés à un bon taux », a fait savoir M. Dème. Il souligne que ces travailleurs seront retenus pour bénéficier d’un recrutement saisonnier et permanent. « Nous les imprégnons de nos techniques de culture et nous faisons ensuite une sélection. Car nous avons un chiffre à atteindre qui va de 2.500 à 4.000 emplois », a-t-il noté en précisant que ce projet national a une base géographique qui est la zone de Gnith et Ronkh. « C’est un projet qui est ici, mais qui peut être démultiplié dans les autres régions, car la nation en a besoin», a indiqué M. Dème.

Implication dans la conservation de la réserve

Très tôt, la sauvegarde de la réserve de Ndiael s’est retrouvée au centre des préoccupations de ceux qui menaient bataille contre l’implantation du projet Senhuile, sur décision souveraine de l’Etat, sous le prétexte que cet espace désolé et tourmenté était la principale zone de repli du bétail pendant la saison sèche. Cette assertion est de nos jours, en passe d’être battue en brèche, avec les premiers résultats que donne le projet, sur le terrain. Selon Fatoumata Coudy Sy, ingénieur de formation et spécialiste en aménagement, décentralisation et développement territorial, qui a en charge le département « Environnement et développement durable » du projet, Senhuile, dans son installation, vise la périphérie de la réserve pour occuper les 20.000 ha qui lui ont été attribués par l’Etat. « Nous faisons tous les efforts pour ne pas empiéter sur la zone tampon qui nous sert à délimiter la partie à mettre en valeur qui est composée de terres incultes à la limite, avec une végétation très rare ou inexistante. Au contraire de ce qu’affirment certains spécialistes, on verra très prochainement que l’implantation de Senhuile aura un effet très bénéfique sur la réserve dont une partie ne sera pas soumise aux pressions anthropiques. Le seul fait que nous amenions l’eau du lac de Guiers, et celui de mettre en eau les anciens cours, va profiter considérablement à Ndiael qui retrouvera ses peuplements boisés, son avifaune et l’aquafaune, ainsi que les mammifères», a indiqué Mme Sy. Sur le plan écologique, la plantation de tournesol va s’inscrire dans la politique développée par l’Etat en reboisement, en reforestation et régénération des sols.

En plus, Mme Sy a signalé que le projet s’implique parfaitement dans la politique de conservation de la réserve de Ndiael, surtout à hauteur de Keur Djiby sur le marigot Nietty Yone. « C’est un sanctuaire de 273 ha où se reproduisent une espèce rare de tortues africaines et le lamantin », a-t-elle noté.

Au début, les populations ne voulaient pas du projet

Au Sénégal, les cessions de terres sont souvent très mal vécues par les populations, des zones rurales surtout, qui, assez souvent, ont tendance à dénoncer un « pillage organisé » de leurs ressources. Dans la zone nord, qui regorge d’étendues à perte de vue, des conflits fonciers et de luttes des indigènes pour défendre leurs terres « ancestrales » ne manquent pas. Malgré un énorme potentiel foncier, ils n’ont pas les moyens financiers de les valoriser. A Fanaye, l’attribution, sous l’ère Abdoulaye Wade, de 20.000 hectares, soit 32 % de la zone sylvo-pastorale de cette communauté rurale au projet Senhuile, un des plus grands projets agro-industriels de l’Afrique de l’Ouest, a fait grincer les dents. Les paysans et éleveurs n’ont pas vu d’un très bon œil l’arrivée de ce projet d’envergure.

Dans cette localité, le projet Senhuile, d’un montant de 137 milliards de FCfa, prévoyait de planter du tournesol et de la patate douce, avec en ligne de mire la production de biocarburant. Rien que pour le volet social, il était prévu la construction de routes et pistes de production, d’établissements scolaires, de cases de santé, d’infrastructures sportives, tout en améliorant le pouvoir d’achat des populations, en facilitant le système de transport et en développant les échanges commerciaux. A cela s’ajoutent les milliers d’emplois qui auraient pu être créés.

Ces actions auraient certainement freiné l’exode rural et fixé les jeunes dans leur terroir. Malheureusement, Fanaye a jugé meilleur de rejeter systématiquement ce projet. Le mouvement de protestation prenait chaque jour de l’ampleur et a atteint son point culminant le 26 octobre 2011, lors d’une manifestation qui avait fait deux morts et une vingtaine de blessés. Vivement combattu sur le terrain, ce projet sera finalement retiré en novembre 2011 par le président de la République d’alors, Me Abdoulaye Wade, après une audience avec le Collectif de défense des terres de Fanaye.

Passé ce triste épisode, Senhuile s’est vu affecter, en août 2012, 20.000 ha sur un domaine étatique, dans la communauté rurale de Gnith, dans le département de Dagana.

Un remake du drame de Fanaye ne s’est certes pas produit, mais là également, son installation a soulevé des vagues de protestation.

Les populations de cette localité ont réclamé l’arrêt du projet, lors de manifestations qui ont eu leur lot de blessés, d’arrestations. Finalement, une bonne communication et une meilleure concertation l’ont emporté sur les nombreuses réticences. Gnith a finalement accepté d’accueillir le projet, qui va contribuer à régler de grosses difficultés qui freinaient son essor économique, et à relever les conditions de vie de la population, en donnant de l’emploi aux plus pauvres et aussi en renforçant la cohésion sociale.

Conscientes que l’installation de ce projet sonnera comme l’amorce d’un développement certain de leurs localités, les populations, qui se sont mises au-dessus de considérations chauvines, se sont finalement engagées à l’accompagner par tous les moyens possibles. Quoi de plus normal, puisque ce sont elles-mêmes qui vont y travailler. Ce qui contribuera à lutter contre le chômage, et par ricochet améliorer tout simplement leurs conditions d’existence.

Entre réticences des villageois et retombées économiques

Contesté et rejeté au départ, le projet Senhuile enregistre aujourd’hui l’adhésion de la grande majorité des populations de sa zone d’emprise, qui fondent de grands espoirs quant à sa réussite. Un des avantages du projet Senhuile est qu’il va contribuer à améliorer, de manière durable, les conditions de vie de la population, hommes et femmes par le biais d’interventions dans plusieurs volets. Selon Babacar Diagne, secrétaire général de l’association inter-villageoise du Ndiael, composée de 32 villages, les impacts commencent véritablement à se faire sentir. « La réserve spéciale d’avifaune du Ndiael était confrontée à des problèmes environnementaux, notamment le manque d’eau. Depuis des années, on s’est battu pour faire revenir le liquide précieux et développer cette réserve qui est un patrimoine international. Aujourd’hui, grâce au projet, l’eau est revenue », a-t-il indiqué, en soulignant que des actions de reboisement pour réhabiliter la zone déboisée ont été menées.

Ce projet, selon M. Diagne, constitue également un levier de création d’emplois au profit des jeunes ruraux, mais aussi une source de revenu contribuant ainsi à leur épanouissement et à les maintenir dans leur terroir. « Avant, le chômage était une réalité quotidienne d’un très grand nombre de personnes en milieu rural. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes travaillent dans le projet. Il a même été demandé à chaque village de présenter une liste pour que ses fils puissent travailler dans le projet », a-t-il noté. Selon M. Diagne, nombreux sont les villages à avoir bénéficié des œuvres sociales du projet Senhuile. Mieux, a-t-il ajouté, les actes de viols et d’agressions ont considérablement régressé.

Une parcelle pour chaque village

Pour Moussa Sow, le chef de village de Tordionabé, ce genre de projet était très attendu par la population riveraine de cette zone. Selon lui, son impact sur leur bien-être social commence à être perceptible. « Au départ, il y avait des divergences, beaucoup de bruits. Les querelles ne contribuent pas au développement. Si le président de la République a décidé d’affecter des terres à un projet dans notre localité, on ne peut que s’en féliciter au lieu de le combattre, car il est bien placé pour savoir si ce projet est conforme ou non aux intérêts du Sénégal », a-t-il dit, en demandant aux populations encore réticentes à s’approprier le projet. « Le projet Senhuile a tenu toutes les promesses faites aux populations. Sachant que l’élevage est notre principale activité, ils ne l’ont pas laissé en rade. Chaque village a une parcelle pour la culture fourragère. Cela va nous permettre de nous sédentariser. Sur le volet emploi, nos enfants et nos neveux vont travailler et sortir de l’oisiveté qui les a longtemps tenaillé », s’est-il réjoui.

Opposé au départ à ce projet, Oumar Samba Ba, chef de village de Wodabé Kamb Bouki, est aujourd’hui revenu à de meilleurs sentiments. « Comme beaucoup de chefs de village, j’étais un farouche opposant à ce projet. J’ai été conscientisé, éclairé et j’ai compris son intérêt, car il va booster nos activités agropastorales et assurer plus tard le développement socioéconomique de nos populations rurales », a dit M. Ba. Selon lui, toute action visant le renforcement des conditions de vie des populations est très salutaire et doit être acceptée de tous.

Une population d’environ 13.000 habitants

Après 35 ans passés à la Compagnie sucrière sénégalaise, Amadou Sogo Ba, à la retraite depuis 2008, ne savait plus où donner de la tête. Ce maçon a rejoint Senhuile où il a été élevé au rang de chef maçon. Aujourd’hui, Amadou Sogo Ba ne se plaint pas et trouve que ce projet est venu à son heure. Sa Mbaye, qui travaillait en Mauritanie comme ferrailleur, est également revenu au bercail. Le projet lui permet aujourd’hui de gagner sa vie, tout en restant près de sa famille. Tout comme lui, plusieurs jeunes issus des villages se trouvant aux alentours du lac de Guiers, comme Golom, Yamane, Maala, Diokhor entre autres, n’ont pas attendu d’être sollicités pour répondre à l’appel.

Pour le président de la communauté rurale de Gnith, qui compte 52 villages dont 44 officiels, pour une population d’environ 13.000 habitants, il ne fait pas de doute que le projet Senhuile aura des retombées économiques et sociales réelles dans sa localité. Selon Mama Ba, ce projet est la meilleure chose qui pouvait leur arriver. « Tout le monde sait qu’en milieu rural, le chômage est chronique et les jeunes sont souvent tenter par l’exode rural. Du coup, les villages se vident à un rythme extraordinaire. Ce projet va donc régler ce problème car il va créer des milliers d’emplois pour nos jeunes », a-t-il dit. « Actuellement, seuls trois villages n’ont pas encore commencé à travailler dans le projet. Il s’agit de Thiamène, Djilim et Mbayemane. Et je crois que ça ne va pas tarder », a souligné le Pcr de Gnith qui est d’avis que ce projet, qui a presque respecté tous ses engagements, va améliorer la situation sociale de sa communauté rurale et le développement socio-économique de tous les villages qu’elle polarise. Toutefois, Mama Ba, a reconnu qu’un projet de cette envergure ne fait pas souvent l’unanimité. Et il trouve cela normal. « Ces réticences sont dues à une incompréhension du projet, et pourtant, des rencontres avec les populations ont été organisées, de même que des réunions avec les autorités administratives, la grande majorité des chefs de villages pour les sensibiliser sur l’intérêt du projet », a-t-il expliqué, en regrettant que certaines populations continuent d’afficher leur zèle et de rejeter ce projet sans en avoir cerné les tenants et les aboutissants.

Reboisement de la zone

Ces gens, selon lui, font une simple opposition de principe et n’ont pas d’arguments techniques et scientifiques pour rejeter le projet. « Tout le monde à Gnith est conscient que ce projet pourrait beaucoup contribuer à changer les conditions d’existence de nos populations qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Certains continuent d’afficher une certaine réticence, mais nous, nous préférons de loin un projet qui a un inconvénient et une multitude d’avantages », a soutenu le président de la communauté rurale de Gnith.

Pour Ibrahima Guèye du village de Nietty Yone, ce projet, en plus de créer des emplois, prend en compte les préoccupations des jeunes. « Même le volet sportif n’a pas été laissé en rade par le projet qui nous a aidé à organisé un grand tournoi de football auquel ont participé plus de seize villages de la communauté rurale de Gnith », a-t-il dit. Selon lui, le projet a promis de les accompagner dans le cadre du reboisement de la zone, des opérations de nettoiement entre autres. Modou Diop, de Gnith également, approuve ce projet à sa juste mesure. « Le projet Senhuile m’a permis d’avoir du travail alors que j’étais au chômage depuis plus de dix ans », a dit ce quinquagénaire qui tantôt s’active dans l’agriculture, tantôt dans la pêche. Son souhait est de voir d’autres projets de cette envergure s’installer dans tous les coins du pays pour fixer les populations des zones rurales et contribuer au développement de leurs villages respectifs.

Réalisé par Saliou Fatma LO et Samba Omar FALL
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