En Australie, un contrôle accru pour les investissements étrangers dans l'agriculture

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"Les investissements étrangers sont importants pour nous, mais ils doivent servir l’intérêt national", a déclaré le Premier ministre australien, le conservateur Tony Abbott (à droite)
AFP | le 27-02-2015

En Australie, un contrôle accru pour les investissements étrangers dans l'agriculture

Sydney (AFP) - A partir du 1er mars, acquérir des terres en Australie va se compliquer pour les étrangers: le gouvernement va renforcer son contrôle des investissements dans le foncier agricole pour répondre aux inquiétudes suscitées par les achats chinois.

"Les investissements étrangers sont importants pour nous, mais ils doivent servir l’intérêt national", a déclaré mi-février le Premier ministre australien, le conservateur Tony Abbott, lors d’une visite chez un éleveur de moutons installé près de la capitale Canberra.

A partir de dimanche, un étranger voulant acheter des terres pour plus de 15 millions de dollars (10,4 millions d’euros), devra déposer un dossier devant une instance nationale, qui pourra refuser cet investissement.

Le dispositif existait déjà mais le seuil était fixé à 252 millions de dollars (175 millions d’euros).

"Nous abaissons le seuil parce que c’est ce que les Australiens dans leur grande majorité veulent", a déclaré le ministre de l’Agriculture, Barnaby Joyce.

Le gouvernement a également promis de créer un registre recensant les terres appartenant à des étrangers. Mercredi, Tony Abbott a annoncé un examen approfondi des investissements dépassant 55 millions de dollars (38 millions d’euros) dans l’agrobusiness. Des restrictions sont également imposées aux étrangers souhaitant investir dans l’immobilier.

Comme l’a rappelé le Premier ministre, l’Australie s’est construite avec des investissements britanniques, américains, japonais... Mais il y a eu une vive polémique en 2013, quand des Chinois ont acheté Cubbie station, une immense ferme spécialisée dans le coton dans l’Etat du Queensland (nord-est).

Peu après, selon un sondage, près de 60% des Australiens estimaient que le gouvernement autorisait trop d’investissements venant de la Chine, premier partenaire commercial de l’Australie.

- Vendre au meilleur prix -

La National Farmers Federation, qui représente les agriculteurs, a salué dans un communiqué les nouvelles mesures, qu’elle demandait "depuis longtemps". L'examen minutieux des investissements étrangers se fera dans "l’intérêt de l’Australie" et le registre des terres agricoles permettra plus de "transparence", selon le lobby agricole.

En l’absence d’un tel registre, le nombre et le montant des investissements étrangers dans l’agriculture n’est pas connu.

Selon une estimation du Bureau australien des statistiques, environ 90% des terres appartiennent à des Australiens. Mais la fiabilité de cette étude, publiée en juin 2014, est mise en doute.

"Nous n’avons aucune idée de ce que représentent les investissements étrangers dans l’agriculture", reconnaît Mick Keogh, de l’Australian Farm Institute, un institut de recherche sur l’agriculture.

"Nous parlons beaucoup des Chinois, mais la plupart des investissements semblent venir d’ailleurs: des fonds de pension canadiens, européens, d’investisseurs américains…", relève-t-il.

"Les Australiens craignent que si la terre appartient à des étrangers, les produits ne soient plus accessibles en Australie, mais cela n’a aucun sens", déplore-t-il, interrogé par l'AFP.

"La résistance aux investissements étrangers est plus importante chez les citadins: je connais des agriculteurs qui veulent vendre aux étrangers, simplement parce qu’ils proposent un meilleur prix", ajoute-t-il.

Pour M. Keogh, l’agriculture australienne "a besoin de ces investissements pour un développement à grande échelle, pour augmenter sa productivité". "Il y a trop peu d’investissements australiens dans l’agriculture".

Selon un ancien ministre des Finances du Queensland, Keith De Lacy, cité par la radio publique ABC, les nouvelles mesures vont "rajouter de la paperasserie" et enverront "le message que nous ne voulons pas d’investissements étrangers".

Cet ancien président de Cubbie station déplore aussi qu’il y ait "un peu de xénophobie" dans cette politique.
  •   AFP
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