Démarchés par les autorités locales pour renoncer à leur tentative de récupérer par la force leurs champs « frauduleusement acquis et exploités », depuis 2010, selon eux, par le puissant opérateur économique, Modibo Kéïta, les villageois de Sanamadougou et Sahou reviennent, plus requinqués, à la charge. Ils veulent mettre un terme définitif à plus de 5 ans de galère, de famine et de pacifisme excessif en allant récupérer, à la fin du mois,  par la force la seule chose qui leur permette de vivre dignement : les champs laissés comme héritage par leur parent, grand parent et arrière grand parent.

Pour édifier les journalistes sur la teneur de cette dure décision et prendre l’opinion publique à témoin, les représentants des deux chefs de villages (Sanamadougou et Sahou) ont pris part, le jeudi 23 juillet 2015, à une conférence de presse au siège du Réseau Afrique-Europe interact (RAEI).  Outre les représentants des chefs de village, Madou Diarra de Sanamadougou et Seydou Diarra de Sahou, la conférence de presse a aussi enregistré  la présence du Président du Mouvement des sans voix, Fasséri Traoré et de Alassane Dicko, chargé de communication du RAEI. Aux dires de Alassane Dicko, l’objectif de la conférence de presse est de faire l’état des lieux du conflit foncier qui oppose les villageois de Sahou et Sanamadougou à l’opérateur économique Modobo Kéïta du GDCM. « Tous les paysans à l’Office du Niger ont décidé, pour la première fois, de soutenir ces deux villages qui n’ont plus 1m2 à cultiver. Le problème n’est plus la seule affaire des villages concernés. Donc pas question de renoncer», a poursuivi Fasséri Traoré. Selon Seydou Diarra, représentant du chef de village de Sahou, ce n’est qu’après une intervention des autorités locales, qui ont promis aux villageois de trouver une solution au problème, qu’ils ont renoncé  à leur tentative de prendre par la force leurs champs le jour du ramadan. « Les villageois avaient décidé de récupérer leur terre par la force le jour même de la fête de ramadan si rien n’est fait par les autorités. C’est à la suite de cette menace que les autorités locales sont intervenues pour les faire patienter jusqu’à la fin de ce mois. Mais jusqu’ici, nous ne voyons rien venir. Et nous sommes plus que jamais déterminés à ne plus attendre. Nous attendons la fin du mois pour réagir et en finir définitivement avec le problème qui dure depuis 2010. Pendant 5 ans, nous sommes restés dans la famine injustement. Parce que nos champs ne font même pas partie des espaces attribués de l’Office du Niger. Nous n’aurons pas de répit tant que nos terres ne nous seront pas restitués », a dit Seydou Diarra.

A en croire Madou Diarra, les villageois sont prêts à aller récupérer leurs champs avec ou sans l’autorisation des autorités à l’échéance du délai fixé par les autorités locales. « Car la vie de 3526 villageois en dépend. Nous demandons simplement à Modibo Kéïta de nous céder nos terres et d’aller sur les siennes qui se trouvent à Séribabougou Bèwani », a averti Madou Diarra. Le foncier est un nid à litiges au Mali comme l’attestent les nombreuses saisines des juridictions compétentes pour des contestations. Ce problème, est une bombe à retardement. Les tensions s’accumulent et peuvent, si l’on n’y prend garde, mener à des conflits insoupçonnés.

Youssouf Z Keita
Source: Le Républicain