La dernière étape avant la disparition du Noir d'Afrique

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Afrohistorama | mardi 26 avril 2011

La dernière étape avant la disparition du Noir d'Afrique

Stop au pillage des terres en Afrique et partout dans le monde
Stop land grapping in Africa and anywhere in the world


Cette histoire de Terres africaines vendues ne me laisse pas de répit depuis au moins trois ans.

Alors il est plus que temps de se mettre ensemble pour se concentrer sur ce sujet tout particulièrement. Plus de terre...plus de peuple...plus d'avenir ! Je pense que c'est pire que le vol des matières premières. C'est une souillure que je ressens au plus profond.

La terre qui a vu apparaître l'Homo sapiens et "qu'on" a confié aux noirs d'Afrique, ne peut être vendue pour qu'on y fasse de l'agriculture intensive avec des pesticides et des OGM.

Pour qu'on chasse ceux qui l'occupent et qu'on souille les nappes phréatiques et les cours d'eau comme on a déjà fait ailleurs.

Les politiciens locaux mal informés et véreux, passent des contrats avec des baux de 99 ans, sans aucun contrôle ni contrepartie. Ils ne seront plus là pour vérifier les conséquences catastrophiques de leurs forfaitures...hypothéquant déjà l'avenir des générations à venir. On parle de loyer de 15 à 100 dollars l'hectare par an voir encore moins...une chimère !

L'issue ne fait aucun doute, c'est la CATASTROPHE. L'actuel gouvernement d'Ethiopie par exemple et bien d'autres sont complètement irresponsables mal informés et distribuent à tout va les terres sur lesquels d'autres vivent sans les consulter...

Ils ne ressassent qu'un modèle économique qui nous mène au désastre écologique, économique, culturelle, spirituelle...

Il nous faut stopper cela..."by any means necessary"..."par tous les moyens possibles".

D'énorme concession forestière hors de tout contrôle ont été "attribuées" depuis longtemps aux occidentaux...a-t-on vu un développement de ces régions ? Non et il n'y en aura jamais.

Ceci ne peut se faire qu'en fédérant et coordonnant nos forces. Il nous faut dans chaque pays des "agents" dans les cadastres pour nous signaler ces abus et toutes les zones qui ne sont pas entre les mains des "nationaux"..; attention aux noms d’emprunt ou prête-nom !

Chaque personne qui voyage en Afrique et qui tombera sur des terrains clôturés...ou labourés intensivement sur des surfaces à perte de vu devra se renseigner pour faire remonter l'info... Nous trouverons et mettrons les photos de ses "voleurs"...empoisonneurs.

De façons très urgentes il faut collecter le nombre d'hectares actuels déjà achetés et par qui.

Ensuite il faut faire un site des plus simples pour y mettre une carte d'Afrique avec les zones achetées. Décliné en carte par pays d'Afrique...

Il faut également tisser des alliances avec les organisations qui sur les autres continents s'occupent de cette question particulière...qui est à mon sens la mère des rapines...

Je pense à un site web par exemple avec une carte d'Afrique, lorsque vous passez la souris sur la carte ou par pays un menu pop up s'affiche et donne le nombre d'hectare, le lieu sur la carte et les "propriétaires"...le type de culture si possible et ce qui pourra se passer à terme.

Il faut faire plusieurs cartes...avec une carte prévisionnelle qui montre à terme que toutes les terres auront été achetées... Pour que les gens comprennent il faudra de l'imagination.

Un investisseur indien "possède" 300 000 hectares en Ethiopie et il en veut encore et encore...et il n'y a pas que lui. 300 000 hectares ! Son terrain fait déjà 70 km sur 42 km..., imaginé le temps que vous mettez en voiture pour faire le tour ! Il a chassé les habitants, confisqué une colline sacrée ! Il dit vouloir contrôler 10% de la production mondial de riz !

Une superficie deux fois plus grand que la Suisse cédée pour 99 ans à des agriculteurs sud-africains.

Une convention pour mettre 80 000 ha de terre à disposition, dans les départements du Niari (63 000 ha) et de la Bouenza (17 000 ha), dans le Sud du Congo Brazzaville, avait été signée, jeudi 10 mars 2011 à Pointe-Noire, entre le gouvernement congolais et Congo Agriculture, société constituée par des fermiers d'Agri SA d'Afrique du Sud.

Le protocole d'accord avait été paraphé par les ministres Pierre MABIALA des Affaires foncières, Rigobert MABOUNDOU de l'Agriculture et de l'Elevage, André BOTHA, président de la société Congo Agriculture, et Tho De JAGER, vice-président de la corporation des fermiers sud-africains Agri SA.

Cliquez et Ecoutez :


Une personne comme vous et moi de passage sur terre qui avec 500 g de riz en a plus que suffisamment pour un jour, 150 kg cela est plus que suffisant pour la consommation annuelle d'une personne. Lui veut contrôler 10% de la production mondiale sur des terres sacrées...c'est une mentalité diabolique !
  • IL FAUT ERADIQUER CETTE MENTALITE DE LA PLANETE SINON ELLE NOUS EMPORTERA TOUS.
  • Il faut FRAPPER L'INCONSCIENT des stupides qui prennent les décisions de céder les terres. Un comble et ils se plaignent de ne pouvoir nourrir la population !
Nous sommes très nombreux sur tous les continents concernés par cela donc nous allons briser cette ultime forfaiture.

C'est la dernière étape avant la disparition du noir d'Afrique, qui sera mis dans des réserves et servira un autre esclavage...et ne pensez pas que parce que nous avons quelques moyens actuels pour envoyer nos enfants faire des études hors d'Afrique que nous allons y échapper...

Ils ne seront pas le bienvenu hors d'Afrique...et sur la terre de leurs ancêtres ils ne pourront même pas s'établir !

Aucun pays au monde n'a bâti sa sécurité alimentaire avec une production totalement confiée aux mains d'étrangers qui, en l'occurrence, quand on n’a pas oublié l'histoire encore récente de notre continent, sont arrivés en Afrique du Sud avec pratiquement les mêmes procédés, et ont fini par devenir propriétaires des terres avant d'instaurer l'apartheid...

La vie dans les villes de l'occident deviendra impossible et les capitales africaines dans la configuration actuelle prennent le même chemin cela ne saurait tarder.

Seule la possibilité d'un retour à la terre en Afrique permettra d'atteindre un changement du rapport de force pour reprendre notre destin en main.

Les acheteurs : La Chine (40% des agriculteurs du monde pour 9% des terres agricoles de la planète) a signé une trentaine d’accords avec des entreprises chinoises pour un accès aux terres agricoles étrangères qu’elles louent ou achètent afin d’y installer des exploitations de riz, soja, maïs…, l’Inde, le Japon, la Malaisie, la Corée du Sud, l’Egypte, les Emirats Arabes Unies, la Libye, Bahreïn, la Jordanie, le Koweït, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud...

Dans le cadre du Conseil de Coopération du Golfe, les Etats du Golfe ont conclu des accords "pétrole contre terres agricoles" pour leurs entreprises.
  • l’Egypte a signé un contrat avec le Soudan, pour produire du blé dans le Nord du pays,
  • en août 2008, la compagnie suédoise Alpcot-Agro exploitait 135 000 ha en Russie pour les céréales et les oléagineux.
  • Mitsui (Japon) a acheté en novembre 2007, 100 000 ha de terres agricoles au Brésil pour produire du soja
  • en 2008, le gouvernement libyen échange fourniture de gaz et de pétrole contre l’exploitation de 250 000 ha de terres en Ukraine.
  • la Chine a acquis ces dernières années des centaines de milliers d’hectares de terres au Cameroun, en Australie, au Laos, aux Philippines
Les cartes de la sous-alimentation et celles des pays loueurs ou vendeurs de terres se superposent comme le Soudan qui a bénéficié de la plus grosse opération du PAM (Programme Alimentaire Mondial) en 2008. Beaucoup de pays n'ont pas de mécanismes de protection des droits et intérêts locaux lors d'acquisitions de terres à grande échelle.

AU-DELA DU RIDEAU DE FUMEE

Le rapport de la Banque Mondiale sur l’accaparement des terres

Le 7 septembre 2010, la Banque Mondiale a finalement décidé de publier son rapport très attendu sur l’accaparement des terres agricoles au niveau mondial. Après des années de travail, plusieurs mois de négociations politiques et des dépenses dont on ne connaît pas l’ampleur, le rapport a été négligemment publié sur le site Internet de la Banque Mondiale, en anglais seulement…

Ce rapport constitue à la fois une déception et un échec. Tout le monde s’attendait à ce que la Banque fournisse des données de terrain nouvelles et indiscutables sur ces "acquisitions foncières à grande échelle" (pour reprendre sa terminologie) qui suscitent tant de controverses depuis 2008.

Après tout, on suppose que la Banque Mondiale bénéficie d’un accès privilégié aux entreprises et aux gouvernements dont les journalistes et les chercheurs des ONG ne disposeront jamais. La Banque Mondiale elle-même déclare que c’était sa principale ambition.

Pourtant, il n’y a pas grand-chose de nouveau dans ce document de plus de 160 pages. La Banque Mondiale avait annoncé qu’elle allait étudier concrètement 30 pays, mais le rapport n’en aborde que 14. Il s’avère en fin de compte que des entreprises ont refusé de communiquer des informations sur leurs investissements dans des terres agricoles, tout comme des gouvernements qui fournissent les terres.

La Banque Mondiale s’est donc tournée vers farmlandgrab.org, un site web géré par GRAIN, a constitué une base de données de toutes les transactions signalées par les médias et répertoriées sur le site, et a dépêché des équipes de consultants pour voir si elles étaient réelles ou non. Est-ce là tout ce que pouvait faire la Banque Mondiale ?

-        RDC – Projet de culture du maïs : "Les investissements ont entraîné l’expulsion des cultivateurs locaux, les repoussant dans un parc national où les agriculteurs paient maintenant des gardes pour les laisser cultiver à l’intérieur de la réserve ; d’autres agriculteurs ont dû se réinstaller à 50 km de distance et louer des terres aux populations locales. Sols pauvres en minéraux très exposés à l’érosion à la suite de l’élimination de la biomasse. Aucune étude d’impact sur l’environnement exigée…"

-        Liberia – Projet de riziculture : "Des problèmes économiques ont amené l’investisseur à empiéter sur des zones humides fertiles, en contradiction avec les accords passés avec la communauté (qui n’ont pu être appliqués) et 30 % de la population locale a été déplacée. Aucune indemnisation n’est offerte à tous ceux qui ont perdu des droits. Quatre cents emplois à plein temps ont été créés pour des ouvriers non qualifiés (essentiellement des anciens combattants), mais on s’inquiète de l’embauche d’étrangers prêts à travailler pour des salaires moins élevés. Suite à la déforestation, plus de 50 ha de marais se sont envasés dès la première année d’exploitation".

-        Liberia – Concession d’exploitation forestière (exemple de "pacte social" d’accompagnement) : "Un accord social précise clairement le paiement de loyers et un partage des bénéfices avec le gouvernement, mais la clause interdisant aux investisseurs d’entraver les utilisations coutumières du bois d’œuvre et des autres produits forestiers n’est pas respectée. Les investissements ont donc conduit à une restriction de l’accès de la communauté aux produits de la forêt dans un contexte de croissance démographique et de réduction des terres agricoles".

-        Mozambique – Canne à sucre: "Seulement 35-40 personnes ont été employées à plein temps plus environ 30 de façon saisonnière malgré une promesse de l’investisseur de créer 2 650 emplois. (...) Les populations locales ont perdu l’accès à la forêt pour le bois de feu, la viande de gibier et le poisson. L’investisseur utilise l’approvisionnement local en eau et les routes sans fournir d’indemnisation, ce qui porte préjudice aux femmes qui viennent chercher l’eau. L’étude d’impact sur l’environnement a relevé des impacts négatifs potentiels des produits phytosanitaires sur le sol, l’air et l’eau et a recommandé des mesures d’atténuation. Également un impact négatif du déboisement sur la production de canne à sucre".

-        Tanzanie – Bétail + jatropha : "Joint-venture entre des sociétés néerlandaises et tanzaniennes ; les terres appartiennent à quatre villages qui doivent encore approuver les transferts à l’investisseurs ; seul un village a jusqu’ici accordé des droits fonciers. L’investisseur veut louer les terres directement à des villages locaux, en violation de la Loi sur les terres villageoises. Impacts potentiellement négatifs sur l’accès des communautés pastorales aux pâturages, au bois de feu et à l’eau. Les bénéfices attendus au niveau de l’emploi ne sont pas quantifiés".

-        Zambie – Cultures d’exportation : "Inquiétudes locales vis-à-vis d’un éventuel déplacement. Éventuel déplacement de population, perte d’accès aux produits de la forêt, notamment à des chenilles comestibles. Les surfaces boisées du miombo, intactes sur le site, pourraient souffrir de l’impact négatif d’un déboisement pour l’agriculture ; les impacts sur l’environnement actuels sont limités au déboisement lié à la construction d’une route et d’un barrage et à l’érosion du sol qui l’accompagne".

Des résultats qui font peur

Les résultats obtenus par les chercheurs et les informateurs corroborent ce que beaucoup disent depuis maintenant deux ans. Oui, un "énorme" mouvement d’accaparement des terres dans le monde est engagé depuis les crises alimentaire et financière de 2008, et il ne trahit aucun signe de ralentissement.

La Banque Mondiale indique que les 463 projets qu’elle a dénombrés à partir du site farmlandgrab.org entre octobre 2008 et juin 2009 représentent une superficie d’au moins 46,6 millions d’hectares et que la majorité de ces terres sont situées en Afrique subsaharienne.

Les comptes rendus d’enquête de terrain ont confirmé que 21 % de ces projets sont "en exploitation", plus de la moitié en sont à un stade de "développement initial" et près de 70 % ont été "approuvés".

La Banque Mondiale minimise l’importance de ces chiffres et y voit la preuve que l’accaparement des terres relève plus du battage médiatique que de la réalité. Nous pensons, au contraire, qu’ils démontrent que beaucoup de projets vont de l’avant, d’autant plus que les données de la Banque Mondiale sont dépassées, puisque de nouvelles transactions sont conclues régulièrement comme récemment au Congo Brazzaville.

Les résultats de la Banque corroborent aussi ce que d’autres ont dit sur les impacts de cette mainmise sur les terres agricoles. La conclusion générale du rapport est que des investisseurs profitent d’une "faiblesse de la gouvernance" et d’une "absence de protection légale" des communautés locales pour expulser les populations de leurs terres. De plus, elle constate que les investissements ne rapportent presque rien aux communautés touchées en termes d’emplois ou d’indemnisation, sans même parler du problème de la sécurité alimentaire. Le message que nous pouvons en retirer est que pratiquement nulle part, dans les pays et les situations étudiés par la Banque Mondiale, il n’y a de quoi se réjouir.

De nombreux investissements […] n’ont pas répondu aux attentes et, au lieu d’amener des bénéfices durables, ils ont contribué à une perte d’actifs et ont laissé les populations locales dans une situation pire que ce qu’elle aurait été en l’absence de ces investissements.

En fait, même si un effort a été fait pour couvrir un large éventail de situations, les études de cas confirment que dans de nombreux cas les bénéfices ont été inférieurs à ce qui avait été prévu ou ne se sont tout simplement jamais concrétisés.

La Banque Mondiale présente un tableau comportant de très courts résumés des investissements étrangers dans les terres agricoles de sept pays. C’est l’un des rares cas où la Banque Mondiale a examiné en détail la façon dont ces investissements se concrétisent effectivement sur le terrain.

Ce tableau décrit une situation désastreuse. Des communautés entières sont expulsées de leurs terres, des travailleurs sont exploités, des conflits violents se déchaînent (un cadre supérieur d’une entreprise a été tué), des investisseurs enfreignent les lois et renient leurs promesses, etc…

Que dit la Banque Mondiale de ces "risques immenses" et de ces "réels dangers", comme elle les appelle ? Que nous ne devrions pas nous inquiéter parce que les "opportunités sont tout aussi importantes".

Ce que le rapport ne dit pas

La majeure partie du rapport déploie un rideau de fumée sur les potentiels de la production agricole, et n’aborde pas "la ruée mondiale vers les terres agricoles" qui tenait lieu auparavant de titre. À sa lecture, l’esprit du lecteur est submergé de faits et chiffres sur les écarts de rendement et l’utilisation des terres, et la façon dont la productivité peut être augmentée par une recherche ou une technologie innovante.

Nous avons droit à une avalanche de cartes et de graphiques sur des zones agro-écologiques qui n’apportent pas grand-chose, sinon les endroits où sont apparemment situés les plus gros potentiels de production alimentaire.

Quiconque va au-delà de cet effet de rideau de fumée peut constater que le rapport est plus intéressant par ses omissions que par son contenu. Si la Banque Mondiale avait réellement voulu faire toute la lumière sur cette tendance des investissements, elle aurait au moins levé un coin du voile à propos des investisseurs.

Qui sont-ils ? Quels sont leurs objectifs ? Quelle est la proportion des investissements privés ou publics ? Sans informations de ce type, l’analyse ne peut aller bien loin.

Par exemple, nous avons entendu des entreprises déclarer à de nombreuses occasions que leurs investissements n’avaient rien à voir avec "la sécurité alimentaire", qu’il s’agit purement et simplement de faire des affaires.

Il aurait été très utile d’évaluer exactement qui est impliqué dans ces opérations et dans quel but, sans les chimères qui les entourent. En fait, au début de cette année, la Banque Mondiale a communiqué des données de cette nature quand elle a identifié pour la Plate-forme mondiale des bailleurs de fonds les pays les plus visés par ces opérations d’accaparement des terres et les principaux pays d’origine des investisseurs entre 2008 et 2009. Mais dans son rapport final, la Banque Mondiale a choisi de ne pas mentionner les noms, ce qui oblige chacun à s’interroger sur la raison.

Ce n’est pas le seul élément que la Banque Mondiale a laissé de côté pour son rapport. "Le voile de secret qui entoure souvent ces transactions foncières doit être levé de façon à ce que les populations pauvres ne payent au final le lourd tribut de la perte de leurs terres", a déclaré la directrice générale de la Banque Mondiale, Mme Ngozi OKONJO-IWEALA, au moment de la publication de l’étude.

C’est vrai. Et elle aurait pu commencer par mettre à disposition du public tous les contrats et accords entre États et investisseurs auxquels l’équipe de recherche de la Banque Mondiale a pu avoir accès au cours de cette étude. Les communautés ont besoin d’accéder aux dispositions précises de ces transactions de façon à pouvoir juger par elles-mêmes.

Ce n’est pas la propagande des gouvernements et des entreprises qui comblera ce manque. Il est pourtant très difficile d’obtenir ces documents. Si la Banque Mondiale voulait réellement lever le voile du secret, elle commencerait à mettre ces documents juridiques dans le domaine public. Nous serions heureux de les mettre en ligne sur notre site farmlandgrab.org et d’en assurer la traduction dans les langues des différents pays concernés.

Le rapport est aussi silencieux sur une autre question : la façon dont la Banque Mondiale elle-même s’est engagée jusqu’au cou dans ces transactions. Depuis des décennies, la Banque Mondiale s’emploie à promouvoir activement des approches de marché pour la gestion des terres, au travers de ses pratiques de prêts et de la défense de ses politiques.

Ceci se traduit par une privatisation des droits fonciers, par le biais d’une transformation de droits fonciers coutumiers en titres négociables ainsi que d’un désengagement de l’État, et par les réformes juridiques nécessaires au fonctionnement d’un marché foncier de style occidental.

Si la Banque Mondiale dit maintenant que de nombreux pays, particulièrement en Afrique, sont "mal équipés" pour faire face à cette "soudaine flambée d’intérêt" de la part des investisseurs fonciers, quel a donc été l’utilité des services de conseil sur les politiques qu’elle a fournis au cours des 30 dernières années ?

Plus directement encore, la branche d’investissement commercial de la Banque Mondiale, la Société financière internationale, est l’un des principaux investisseurs dans de nombreuses sociétés de capital-investissement qui achètent des droits sur des terres agricoles, tandis que son Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) accorde à des projets d’accaparement des terres une assurance sur les risques politiques.

La MIGA a fourni plus de 50 millions de dollars US, par exemple, pour couvrir les investissements commerciaux de 300 millions de dollars US de Chayton Capital en Zambie et au Botswana. Pour d’autres firmes, comme le fonds spéculatif britannique SilverStreet Capital, la MIGA joue un rôle crucial dans la protection de ses investissements dans les terres agricoles. En cas de problème, "la Banque Mondiale sera à vos côtés", explique Gary VAUGHAN-SMITH, responsable des investissements à SilverStreet.  

La MIGA, tout comme l'IFC, est une agence à but lucratif dont la mission est de favoriser  pour ses actionnaires les investissements rentables de l’industrie agroalimentaire dans les pays en développement. Étant donné ses multiples niveaux d’intérêt dans les transactions sur les terres agricoles, il n’est pas très étonnant que la Banque Mondiale en fasse la promotion malgré la triste réalité sur le terrain.

Exemples du soutien apporté par la Banque Mondiale à des investisseurs dans les terres agricoles par le biais de l’IFC et de la MIGA

Altima One World Agriculture Fund (États-Unis)
L’Altima One World Agriculture Fund, enregistré aux Îles Caïmans, a été fondé par le fonds spéculatif Altima Partners pour investir dans les terres agricoles en Amérique du Sud, en Europe centrale et de l’Est, et en Afrique subsaharienne. En 2009, l’IFC a pris une participation de 75 millions de dollars US dans le Fonds. Un cadre dirigeant d’Altima a déclaré que le Fonds visait à créer le "premier Exxon Mobile du secteur agricole".

Chayton Atlas Agriculture Company (RU)
Chayton est une société de capital investissement basée au Royaume-Uni qui investit dans des terres agricoles en Afrique australe. En 2010, la MIGA a signé un contrat avec Chayton pour lui fournir une assurance sur les risques politiques à hauteur de 50 millions de dollars US pour le développement de projets d’exploitations agricoles en Zambie et au Botswana. Son PDG, qui travaillait auparavant à Goldman Sachs, dit que son "but est de nourrir l’Afrique".

Citadel Capital (Égypte)
En 2009, l’IFC a investi 25 millions de dollars US dans Citadel, un fonds du Moyen Orient et d’Afrique du Nord qui investit dans des projets agricoles. Citadel, l’un des plus grands fonds de capital-investissement d’Afrique, réalise des investissements dans des terres agricoles en Égypte, au Soudan, en Tanzanie, au Kenya et en Ouganda.

Mriya Agro Holding (Ukraine)
Mriya, enregistré à Chypre et coté à la bourse de Francfort, est le 7e exploitant de terres agricoles en Ukraine. En 2010, l’IFC a fourni 75 millions de dollars US à Mriya en capital et en prêts pour que la société puisse porter la taille de son domaine foncier à 165 000 ha.

Sena Group (Maurice) / Tereos (France)
En 2001, la MIGA a fourni à un consortium d’investisseurs du nom de Sena Group une assurance sur les risques politiques de 65 millions de dollars US en soutien à l’acquisition d’une plantation sucrière au Mozambique. L’entreprise a aussi annoncé qu’elle avait l’intention de développer ses activités d’élevage de bovins et de passer de 1 800 à 8 000 têtes. Les activités de Sena ont depuis été reprises par la multinationale sucrière française Tereos.

SLC Agricola (Brésil)
SLC, une société cotée en bourse appartenant partiellement à des investisseurs étrangers comme la Deutsche Bank, est l’un des plus grands propriétaires fonciers au Brésil, avec une réserve foncière de 117 000 ha en 2008. En 2008, l’IFC a accordé un prêt à long terme de 40 millions de dollars US à SLC, ce qui lui a permis de faire passer la superficie de ses terres à plus de 200 000 ha.

Vision Brazil (Brésil)
Vision est une société de placement qui possède plus de 300 000 ha en terres arables et 400 000 ha en plus en « options ». En 2008, l’IFC a fourni à Vision 27 millions de dollars US en financement de titres.

Le fond du problème, c’est qu’il y a un énorme décalage entre ce que dit la Banque Mondiale, ce qui se passe sur le terrain et ce qui est vraiment nécessaire. À l’heure actuelle, de nombreux gouvernements et organisations de la société civile demandent à ce qu’on mette un frein à ces transactions d’une manière ou d’une autre.

L’Australie, l’Argentine, le Brésil, la Nouvelle Zélande et l’Uruguay sont quelques- uns des pays qui débattent actuellement d’introduire, aux plus hauts niveaux politiques, des restrictions sur les acquisitions de terres agricoles par des entités étrangères.

L’Égypte fait partie de ceux qui essaient de rester fermes et veulent continuer de restreindre les nouveaux programmes d’investissements dans les terres agricoles aux investisseurs du pays.

Pour beaucoup, pour ce qui ne relève pas de la xénophobie, cette situation amène, ou pourrait amener à la mise en place de nouvelles formes ou expressions de la souveraineté sur la terre, l’eau et l’alimentation à un moment où s’exerce une formidable pression sur ces trois ressources.

Par ailleurs, de nombreuses organisations d’agriculteurs, des universitaires, des groupes de défense des droits de l’homme, des réseaux d’ONG et des mouvements sociaux exigent toutes sortes de moratoires et d’interdictions pour mettre fin à cet accaparement des terres.

Pendant ce temps, l’appétit des investisseurs privés pour l’acquisition de terres agricoles ne fait que se renforcer. Un groupe d’anciens traders de Cargill, par exemple, viennent de lancer un fonds d’un milliard de dollars US qui vise à acquérir des terres agricoles en Australie, au Brésil et en Uruguay.

La Banque Mondiale a démontré qu’elle n’est pas un arbitre impartial ou une source inépuisable de bonnes idées sur la manière de progresser. Il est regrettable que les agences qui ont commandé ce rapport aient attendu aussi longtemps et que l’on ait dépensé autant d’argent des contribuables pour arriver à un tel résultat.

Le rapport de la Banque mondial peut être téléchargé en anglais à partir du lien : http://www.donorplatform.org/content/view//457/2687


Article par E. mampouya
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