Nos terres agricoles dans l'œil des spéculateurs

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« Le milieu rural et agricole doit se prendre en main », dit François L'Italien. Terre agricole Photo : Reuters
Canoë | 12 avril 2012

Nos terres agricoles dans l'œil des spéculateurs

Pour sauver ses terres agricoles des spéculateurs, le milieu agroalimentaire du Québec pense se regrouper et créer un Fonds d'investissement pour le maintien du modèle québécois en agriculture.
 
Denise Proulx

L'expert en sociologie économique est l'auteur d'une étude sur l'accaparement des terres et les dispositifs d'intervention sur le fonds fonciers, publiée à la mi-mars par l'Institut de recherche en économie contemporain, l'IRÉC, qui pousse sur l'idée de la création d'un tel fonds.

Cette société de développement agricole pourrait être capitalisée par l'épargne salariale des travailleurs du milieu agro-alimentaire. L'Italien croit que les Conférences régionales des élus, les Centres locaux d'emploi, et autres fonds de développement régional pourraient se joindre à l'initiative et contribuer à gonfler la capitalisation de ce Fonds agroalimentaire.

« La spéculation actuelle sur les terres du Québec par des institutions financières et des fonds de pension fait exploser la valeur financière des terres agricoles. C'est une attaque de front au modèle agricole québécois », dénonce le chargé de projet de l'IRÉC.

L'étude de l'IRÉC est sortie au même moment qu'un vent de panique soufflait du côté du Lac Saint-Jean, lorsque la Banque Nationale a fait l'acquisition d'une centaine de lots agricoles, à un prix qui aurait tué littéralement les visées d'achat de producteurs locaux qui veulent installer leurs enfants sur une terre ou agrandir leur exploitation.

Surveillance des transactions foncières
Le chercheur réclame également la création d'un bureau de surveillance et d'enregistrement des transactions foncières, plus élaboré que l'actuel registre foncier, afin de voir évoluer la situation et mieux informer les acteurs régionaux sur les mouvements de propriété des sols agricoles. « L'agriculture, c'est bien plus que de la valeur foncière. C'est de l'occupation du territoire, la participation à un dynamisme régional, à une cohérence non seulement économique, mais aussi sociale et culturelle. Perdre les fermes familiales, c'est tout le Québec qui y perd », croit-il.

François L'Italien rappelle qu'un investisseur veut toujours des rendements maximums et les considérations régionales deviennent secondaires. « C'est à moyen terme, la destruction de notre tissu économique régional et de nos politiques agricoles », s'inquiète-t-il.

L'UPA interpelle les élus
Marcel Groleau, président de l'Union des producteurs agricoles du Québec, appuie ces propositions de l'IRÉC. « L'incidence inflationniste sur la valeur des terres, ça change toute la donne agricole. Les agriculteurs ne peuvent plus autant prendre de l'expansion. La relève est fortement affectée », analyse-t-il.

À son avis, les élus municipaux réalisent les effets nocifs que la spéculation entraîne. Et le gouvernement prend graduellement conscience que les effets secondaires peuvent tuer l'ensemble des effets positifs pour une région.

« La valeur d'une terre devrait suivre son rendement agronomique. Un mouvement social est en train d'en prendre conscience et le gouvernement va devoir y participer », dit-il.
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