Accaparements de terres rurales : les « terres mal acquises » débattues à léo

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L'Evenement | (non daté)

ACCAPAREMENTS DE TERRES RURALES : les « terres mal acquises » débattues à léo

La problématique de l’accaparement des terres rurales se pose avec acuité dans plusieurs pays africains. Les « nouveaux riches » sont friands de terres. Ils écument les campagnes et se rabattent sur les réserves villageoises. Le Service néerlandais pour le développement (SNV) et ses partenaires ont mené une étude sur les pratiques des « agro investisseurs » dans cinq pays de l’Afrique de l’Ouest, à savoir le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Bénin et la Guinée Bissau. Dans chaque pays, deux sites ont été identifiés pour l’étude. Au Burkina, ce sont les communes de Niangoloko dans la Comoé et Bieha dans la Sissili qui ont été retenues.

La restitution de l’étude a eu lieu à Léo, chef-lieu de la province de la Sissili le 17 janvier dernier. Les données récoltées dans les différents pays mettent en évidence des caractéristiques communes. D’abord, sur l’origine et le statut des « accapareurs », terme cher au ROPPA, il se dégage que ce sont en majorité des nationaux venant des villes (55%) et occupant des postes dans l’appareil d’Etat. Ensuite ce sont les zones péri urbaines les endroits les plus convoités. Elles sont d’accès facile, moins de 2h des grandes villes.

L’exemple type, c’est Bougoum dans le département de Kollo. Ce village est situé à moins de 15km de la ville de Niamey. Il est traversé par l’axe routier Niamey- Burkina Faso. C’est un bassin important pour le fleuve Niger. C’est un terrain de 25 000 ha exploités par les éleveurs (couloir de passage, aire de pâturage) et les exploitants de bois de chauffe. Depuis les années 2000, il est convoité par d’autres acteurs, les nantis de Niamey. Ainsi, plus de 10 000 ha ont été déjà pris. Ils sont répartis entre cinq individus : 4500 ha pour un député, 5000 ha pour deux opérateurs économiques, 50 ha pour un cadre du ministère des Affaires étrangères et le reste à une femme député.

Au Mali, ce sont les terres de l’office du Niger qui sont en ligne de mire des « nouveaux acteurs ». Selon les organisations paysannes représentées à l’atelier, les « prétendus agrobusiness men » occupent 700 000 ha dont 100 000 ha cédés à un des fils de Kadhafi. Elles ont écrit au gouvernement malien et au Conseil national de la transition (CNT) libyen pour demander la restitution des terres. Pour le moment, ces organisations paysannes n’ont reçu aucune réponse.

D’autres démarches sont entreprises pour lutter contre la « dépossession » des terres. Ainsi un comité de 33 chefs de village a été formé pour défendre les intérêts des paysans. Ils sont soutenus et « surveillés » par des organisations de la société civile. Leurs actions aurait permis de freiner l’accaparement des terres et de libérer les personnes arrêtées lors des manifestations contre les agrobusiness men. Les candidats à l’élection présidentielle d’avril prochain ont été approchés et certains ont même pris des engagements écrits de procéder à la rétrocession des terres en cas de victoire.

Au Burkina, le maire de la commune de Bihia est loin de la démarche malienne. Dans sa commune, ce sont les « hauts placés » appartenant souvent à son parti politique qui mènent le bal des accaparements. Ses actions pour freiner la course à la terre se heurtent aux interventions des « gourous », mais aussi à l’incompréhension de certains paysans qui s’adonnent à la vente des terres.

Au regard de cette situation critique, la Fédération Nian Zoan (FNZ), co-organisatrice de l’atelier de restitution de l’étude, appuie les femmes da,s leur union pour acquérir ce qu’on appelle les « parcs de karité ». Ce sont des réserves négociées auprès des communautés pour les femmes. Elles sont délimitées et protégées contre toute exploitation en dehors de la collecte des noix de karité. Il y en a une quarantaine dans la province de la Sissili et le processus de délimitation va se poursuivre dans toutes les communes de la région du Centre-Ouest, selon le plan d’action de la FNZ.

Pour les participants, il est grand temps de passer à l’action. C’est pourquoi les pouvoirs publics sont fortement interpellés pour que non seulement les lois soient appliquées (là où elles existent), mais aussi que les terres mal acquises soient retirées.

Par Idrissa Barry

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