Plus d’excuses pour l’inaction de l’UE sur les exportations cambodgiennes entachées par l’accaparement des terres

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FIDH | le 7 novembre 2012

Plus d’excuses pour l’inaction de l’UE sur les exportations cambodgiennes entachées par l’accaparement des terres

La FIDH se félicite de la résolution adoptée par le Parlement européen le 26 octobre dernier, qui enjoint la Commission européenne d’ « enquêter sur l’escalade de violations des droits de l’Homme au Cambodge. »
 
La résolution souligne que la cause de cette escalade est clairement liée aux concessions foncières économiques et à l’accaparement des terres liés aux exportations vers l’Union européenne. Les députés européens appellent l’UE à « suspendre, de manière temporaire, les préférences Tout sauf les armes (TSA) sur les produits agricoles émanant du Cambodge dans le cas où des violations des droits de l’Homme sont constatées. »

Cet appel devrait être pris en compte sans plus attendre. Au cours des seules dix dernières années, plus de 400.000 Cambodgiens ont été touchés par l’accaparement des terres et par des expulsions forcées à Phnom Penh et dans 12 autres provinces. Les défenseurs des droits de l’Homme portant assistance à ces victimes de violations de leurs droits fonciers sont de plus en plus confrontés à des intimidations, à la pénalisation de leurs activités, voire même à des assassinats. Les violations des droits fonciers et droits au logement qui ont lieu en ce moment sont répandus et systématiques, et ont considérablement augmentés depuis que le Cambodge bénéficie de l’initiative TSA de l’UE. Les préférences commerciales de l’UE ont encouragé une course à la production et à l’exportation de certains produits agricoles lucratifs, notamment le sucre, dont il a été démontré qu’elle contribue à des violations graves des droits de l’Homme au Cambodge.

Debbie Stothard, Secrétaire générale adjointe de la FIDH a déclaré : « A la lumière des nombreuses preuves crédibles de violations répandues des droits de l’Homme, il devient de plus en plus difficile pour le Commissaire européen au commerce d’ignorer les liens entre ces violations et les exportations cambodgiennes qui bénéficient des instruments commerciaux de l’UE. La Commission européenne ne peut plus se permettre d’ignorer les appels à l’action et les préoccupations soulevées par les agriculteurs, les défenseurs des droits de l’Homme et les organisations de la société civile. »

Ces appels à enquêter sur la situation ont été réitérés au Commissaire européen au commerce, Karel de Gutch, au cours de ces deux dernières années, y compris par le truchement d’une lettre en juin dernier, rédigée conjointement par dix organisations cambodgiennes et internationales de la société civile, et plus récemment par des représentants des communautés cambodgiennes touchées par l’accaparement des terres lié aux plantations de sucre. Cependant, la réponse reçue en août du Commissaire De Gutch a été celle d’une position attentiste. Le 24 septembre, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’Homme au Cambodge, Surya P. Subedi, a déclaré : « il y a des violations graves, répandues, et solidement documentées des droits de l’Homme liées aux concessions foncières auxquelles il faut faire face et trouver une solution. »

La FIDH se félicite de l’action entreprise par le Parlement européen, et rappelle que l’UE a l’obligation de s’assurer qu’elle ne contribue pas à des violations des droits de l’Homme par manque d’action. Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, et tel que confirmé par le Cadre stratégique en matière de droits de l’Homme et de démocratie assorti de son Plan d’action, l’UE doit mettre les droits de l’Homme au cœur de ses relations extérieures, y compris celles qui concernent la politique commerciale.

Mme Stothard ajoute : « Cette résolution rappelle à l’UE que, tandis que les Cambodgiens font face à la violence et la prison pour lutter pour leurs droits face à un Etat qui viole de plus en plus leurs droits, elle a aussi l’obligation de s’assurer que ses propres politiques ne contribuent d’aucune manière aux violations perpétrées à l’heure actuelle au Cambodge. »

Lire la note de la FIDH : “Cambodia : A Mounting Human Rights Crisis.” (en anglais)
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