Les géants de l'agroalimentaire priés de lutter contre l’accaparement des terres

EurActiv | 3 octobre 2013
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Les géants de l'agroalimentaire priés de lutter contre l’accaparement des terres

Mark Tran, The Guardian- Article traduit de l'anglais par EurActiv

Coca-Cola, PepsiCo, Associated British Foods tolèrent des matières premières issues de l'accaparement de terres agricoles.

Dans son rapport La fièvre du sucre publié le 2 octobre, Oxfam indique que le sucre, le soja et l'huile de palme ont provoqué des acquisitions de terres agricoles à grande échelle, ainsi que des conflits fonciers, et ce, au détriment des petits producteurs alimentaires et de leur famille.

« C'est la première fois que nous nous penchons sur les terres, et que nous ciblons l’industrie agroalimentaire, en utilisant le critère du sucre », indique Erinch Sahan, conseiller en politique du secteur privé pour Oxfam. « Leur pouvoir est immense et les trois plus grands acteurs sont en position dominante. »

Le sucre est un ingrédient clé pour l’industrie agroalimentaire : 51 % du sucre produit se retrouve dans les aliments transformés, comme les boissons non alcoolisées, la confiserie et les crèmes glacées. De tous les aliments, le sucre est celui qui requiert le plus de surfaces agricoles. Il est produit sur 31 millions d'hectares de terres à l'échelle mondiale, soit la superficie de l'Italie. Au moins 4 millions d'hectares ont été associés à une centaine de transactions foncières de grande échelle effectuées depuis 2000.

La demande en sucre devrait augmenter de 25 % d'ici 2020. Quelques intermédiaires dominent l'industrie, comme Bunge, Cargill, Czarnikow, ED&F, Louis Dreyfus et Sucden. Ensemble, ils représentent les deux tiers des échanges mondiaux.

En 2011, le commerce mondial de sucre brut représentait 47 milliards de dollars (34,6 milliards d'euros), dont la moitié en provenance des pays en développement. Malgré les risques de conflits fonciers associés à la production de sucre, de soja et d'huile de palme, les populations ne parviennent pas à mettre en cause les entreprises en raison du manque de transparence des géants de l'agroalimentaire, estime Oxfam.

« La plupart des entreprises agroalimentaires ne divulguent même pas les quantités de sucre qu'elles achètent, les pays d’origine, les noms de leurs fournisseurs ou les conséquences sociales et environnementales de leur approvisionnement », ajoute la confédération.

PepsiCo et Coca-Cola nient énergiquement toute implication sur la question des terres agricoles. Une porte-parole de Coca-Cola a ainsi déclaré à Associated Press : « Grâce à nos principes directeurs sur l'agriculture durable, nous demandons à nos fournisseurs de reconnaître et de préserver les droits des communautés à l'accès aux terres et aux ressources naturelles.

Nous faisons en sorte que l'exploitation agricole et l'employeur respectent les droits de la personne et sur le lieu de travail [...]. »

M. Sahan estime cependant qu'il faudrait questionner les entreprises sur les terres utilisées pour la production de sucre. « Elles devraient traiter ces questions », ajoute-t-il. « Y a-t-il eu une consultation, une compensation ou un processus de négociation ? »

Le rapport d'Oxfam indique que l'État brésilien du Mato Grosso do Sul est la région où le conflit entre l'industrie du sucre et la population autochtone a été le plus dramatique. Depuis 30 ans, la communauté autochtone des Guarani-Kaiowá tente de formaliser ses droits sur ces terres.

De grandes raffineries de canne à sucre occupent la plupart des terres de cette communauté qui dépendait autrefois de la pêche et de la chasse. L'intermédiaire Bunge entend poursuivre l'achat de canne à sucre auprès de raffineries situées sur les terres des autochtones. Or Coca-Cola, le plus grand acheteur au monde, achète son sucre auprès de ce négociateur au Brésil.

« Bunge utilise du sucre produit sur des terres autochtones, ce qui offre de bonnes raisons à Coca-Cola de renforcer ses exigences sur la manière dont les fournisseurs respectent les droits fonciers en vue d’éviter des conflits », déclare Oxfam.

Dans le cadre de sa campagne « La face cachée des marques », la confédération s'est concentrée sur 10 géants de l’agroalimentaire afin d'évaluer leurs politiques et leurs engagements dans diverses problématiques, comme les droits des femmes, les petits agriculteurs et le changement climatique.

Les entreprises enregistrent le plus mauvais score dans la catégorie « terres agricoles ». Selon Oxfam, aucun des 10 géants n'a géré de manière adéquate les risques d'accaparement des terres ou de conflits fonciers qui pourraient survenir dans leurs chaînes d'approvisionnement.

Nestlé arrive en tête avec 5 sur 10. Les activités d'Associated British Foods dans la production de sucre et sa marque Silver Spoon sont basées au Royaume-Uni. La société obtient 1 sur 10 dans la catégorie « terres », comme Kellogg's, General Mills et Mondelēz International (anciennement Kraft Foods).

Oxfam estime qu'une politique de tolérance zéro pour l'accaparement des terres devrait reconnaître la responsabilité de l'entreprise concernant les violations de droits fonciers impliquant l'entreprise ou ses fournisseurs jusqu'au fournisseur primaire. Et l'adhésion au principe du consentement préalable, libre et éclairé. Dans le même temps, les gouvernements et les intermédiaires devraient adopter volontairement des lignes directrices sur la gouvernance responsable de la propriété foncière.

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