Un pied dans la terre, un pied dans la banque

Medium_financiarisation-ag

Les Echos | 06/0/2014

Un pied dans la terre, un pied dans la banque

Par Veronique Chocron

Benoît Léchenault conseille les clients fortunés de  BNP Paribas sur l'achat de forêts, vignobles et de terres agricoles.

Il revendique ses « deux uniformes ». Banquier tendance gestion de fortune en costume sombre et chemise vichy. Et gentleman farmer en bottes caoutchouc, expert pointu des forêts de résineux et des vignobles grands crus. Financier hybride, Benoît Lechenault est le responsable d'Agrifrance, le département de BNP Paribas spécialisé dans l'investissement en foncier rural. Un métier atypique dans le monde de la finance, puisque le groupe bancaire occupe seul ce terrain. « Nos concurrents, ce sont des indépendants, spécialisés sur une région ou sur un type de biens », précise le banquier.

Né dans une famille d'éleveurs de bovins charolais en Bourgogne, Benoît Léchenault a suivi une formation agricole avant d'intégrer Agrifrance, qui n'était alors qu'une petite société de transactions et de gestion de propriétés agricoles. Rachetée il y a une vingtaine d'années par Paribas, la structure légère a été intégrée au pôle « gestion de patrimoine » de la banque parce que « la France, grand pays rural, intéresse un segment de nos clients, acquéreurs ou vendeurs ».

Un marché de niche

Qui sont les acheteurs de domaines ou de bois feuillus ? « Le plus souvent, des clients qui ont vendu une société ou un bien immobilier. Ils veulent réaliser un actif et se faire plaisir, dans une logique familiale, pour le transmettre à leurs enfants, note Benoît Léchenault. Ces opérations sont très fidélisantes : un client à qui nous avons trouvé une belle propriété a écrit à Baudouin Prot, le président du groupe, pour lui dire que nous avions réalisé un de ses rêves. »

Ce service sur mesure reste par essence un marché de niche, et Agrifrance ne réalise tout au plus que 5 à 10 opérations par an. Alors que le marché du foncier rural en France pèse 17 milliards d'euros de transactions par an, BNP Paribas en capte certes moins de 3 %, mais il s'agit de la crème de la crème. Une très belle forêt de résineux, dont l'expert a vérifié les pieds dans l'humus la qualité de la terre, du bois, la densité des arbres ou la pluviométrie, peut constituer un bel investissement.

L'acquéreur pourra obtenir quelques revenus de la vente du bois et de la location de la chasse, tout en bénéficiant d'avantages fiscaux importants en matière d'ISF (75 % d'abattement) et de transmission de patrimoine. La forêt fait surtout office de valeur refuge. « En période de crise, lorsque les marchés boursiers ralentissent, l'intérêt pour les forêts remonte, c'est contracyclique », avance le spécialiste. Côté grands crus, si la rentabilité annuelle d'un vignoble très haut de gamme s'avère très faible, de l'ordre de 0,5 % par an, le prix de l'actif progresse annuellement de 5 % à 10 %, et « sur 20 ans, les prix n'ont jamais baissé », assure Benoît Léchenault.

Pour dénicher les plus belles affaires, il est en permanence « sur le marché », en Provence, dans le Bordelais, en Bourgogne. Dans ce monde viticole gouverné par le secret, il a tissé son réseau, en s'appuyant sur les notaires, les avocats et les banquiers privés de BNP Paribas.

Véronique Chocron, Les Echos

  • Sign the petition to stop Industria Chiquibul's violence against communities in Guatemala!
  • Who's involved?

    Whos Involved?


  • 13 May 2024 - Washington DC
    World Bank Land Conference 2024
  • Languages



    Special content



    Archives


    Latest posts