Morondava – Rajaonarimampianina sort ses griffes

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« Nous ne vendons pas la patrie. Et nous savons tirer les leçons du passé », s’est défendu Hery Rajaonarimampianina.
L'Express de Madagascar | 13.06.2014

Morondava – Rajaonarimampianina sort ses griffes
Le Président a haussé le ton à Morondava.

Le chef de l’État a profité du lancement des travaux sur la RNT 8 pour répondre à ses détracteurs. Il a abordé le fait de mettre sur table les terres exploitables pour attirer les investisseurs.

Terrain miné. Proba­blement excédé par les salves de critiques à son encontre, du fait de ses fréquents déplacements à l’étranger, ainsi que de sa façon d’agir, « trop lent » du goût de certains, Hery Rajaonarimam­pianina a répondu à ses détracteurs lors du discours qu’il a tenu à Morondava hier.

« Il y a ceux qui critiquent les voyages à l’étranger. Ces déplacements sont dans l’intérêt des Malgaches. Il y a ceux qui disent que nous ne faisons que du tourisme. Voilà le résultat, alors est-ce du travail fait ou pas ? L’on dit que l’on ne travaille pas. Vous, journalistes, en êtes témoins, nous travaillons et nous continuerons », a-t-il vilipendé, se référant au lancement des travaux de rénovation de la Route nationale temporaire numéro 8 (RNT 8), dont il a présidé la cérémonie hier à Morondava.

Visiblement galvanisé par la foule qui, selon les faits rapportés par une collègue présente à Morondava, était au rendez-vous et dont une partie raisonnable aurait été conquise par sa prestation, le président de la Répu­blique a mis de côté le tact et la réserve qu’on lui connaît durant son allocution. S’adonnant visiblement au populisme, il a ainsi profité du coup d’envoi des travaux de la RNT 8 pour répondre « publiquement » aux critiques.

Malgré l’agacement palpable dans la teneur des propos de Hery Rajaonarimampianina, sa cadence actuelle et celle de l’équipe gouvernementale de Roger Kolo, Premier ministre, pourraient laisser l’opinion perplexe. En marge de la commémoration du débarquement de Normandie, le 6 juin, François Goldblatt, ambassadeur de France, a indiqué que les instances internationales attendaient des actions concrètes et quantifiables de la part de l’Exécutif, « avant le décaissement des aides ».

Échéances précises

Des réformes et plans d’action qui se traduisent par des projets de texte juridique, sont ainsi attendus. Mercredi, devant la presse à Ivato, à son retour d’Israël, le chef de l’État a indiqué que l’Exécutif était en train de se pencher sur ces sujets et fixera incessamment des échéances et des perspectives précises, avec les mesures d’accompagnement.

Lors de son déplacement à Morondava, le président de la République a été interviewé par la presse. Les échos de son séjour en terre sainte ont été abordés, notamment le fait que la délégation qu’il a conduite a mis sur la table des discussions que « près de 18 millions d’hectares de terres sont encore disponibles à Madagascar », fait rapporté par Radio France internationale (RFI) dans un article publié le 9 juin.

Le chef de l’État a, certes, affirmé qu’aucun accord ni contrat n’avait été passé en terre de David. Cependant, l’arti­cle de la RFI a soulevé des interrogations chez certains membres de la presse. Dans une interview diffusée sur la Télévision nationale (TVM) le 7 juin, en marge de la rencontre de la délégation malga­che avec des opérateurs israéliens le 6 juin, le président Rajaonarimampianina a indiqué que l’accent avait été particulièrement mis sur le secteur agricole.

Dans sa politique de relance économique, il est probable que le chef de l’État songe à « l’agrobusiness ». Devant la presse hier, il a reconnu que Madagascar « a une superficie importante de terre exploitable qui peuvent intéresser les investisseurs ». L’allocation de terre pour un bail à long terme à une société étrangère, qui avait opéré dans l’optique de « l’agrobusiness », a cependant été l’une des raisons qui avaient précipité la chute de Marc Ravalomanana.

« Nous ne vendons pas la patrie. Et nous savons tirer les leçons du passé (…) », s’est cependant défendu Hery Rajaonarimampianina. Basculer dans « l’agrobusiness » ne serait pas un luxe pour Madagascar et pourrait, a contrario, être un atout, étant donné le potentiel de la Grande île. Pour cela, des investissements étrangers sont toutefois nécessaires. La transparence sur les termes des accords avec les opérateurs devrait cependant être de mise si le régime actuel souhaite éviter les foudres de l’opinion.

Garry Fabrice Ranaivoson
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