Relaxe requise au procès de plusieurs médias et ONG, poursuivis par la Socfin

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AFP | 26 janvier 2018

Relaxe requise au procès de plusieurs médias et ONG, poursuivis par la Socfin

Le parquet de Paris a requis vendredi la relaxe des médias et ONG poursuivis en diffamation par la Socfin, une holding propriétaire de plantations en Afrique et en Asie et dont le groupe Bolloré est actionnaire.

La 17e chambre correctionnelle juge depuis jeudi les ONG ReAct et Sherpa ainsi que Le Point, Mediapart et L'Obs, qui avaient fait état en avril 2015 d'"accaparements" de terres aux riverains par ces plantations de palmiers à huile et d'hévéas, attaqués par cette holding luxembourgeoise, dont le groupe Bolloré est actionnaire à hauteur de 39%.

Sa filiale Socapalm, qui opère au Cameroun, attaque pour sa part les deux ONG.

La procureure a estimé que les prévenus pouvaient tous être relaxés au titre de la "bonne foi", même si la plupart des propos litigieux étaient diffamatoires.

En avril 2015, des paysans africains et asiatiques réunis en "Alliance internationale des riverains des plantations Socfin Bolloré" avaient lancé des actions de protestation contre ce qu'ils appelaient l'"accaparement" de leurs terres par la Socfin, décrivant une expansion "continue" de ces plantations depuis 2008. Les médias et ONG s'en étaient fait l'écho.

Pour la représentante de l'accusation, si les prévenus n'ont pas apporté la preuve de la "vérité" des revendications des paysans, ils disposaient d'une base suffisante pour les relayer. En l'espèce plusieurs rapports d'ONG dans les pays concernés, l'existence, s'agissant du Cameroun, d'une tentative de médiation en 2013 entre le groupe Bolloré et Sherpa sous l'égide du "Point de contact français" de l'OCDE, ou ces manifestations survenues en avril 2015.

"La Socapalm et Bolloré sont des puissances économiques qui doivent accepter la critique, ou de voir leurs actions remises en cause", a estimé la magistrate.

La défense de la Socfin comme celle de la Socapalm ont estimé que les prévenus n'avaient pas apporté les preuves suffisantes pour étayer ces accusations d'"accaparements", tout en se défendant d'avoir voulu les museler.

"Qu'on arrête de dire que ce procès est un procès bâillon", a plaidé Me Dominique de Leusse, conseil des deux sociétés. "Ce qui n'est pas acceptable, c'est de dire que 6.000 personnes ont été privées de 40.000 hectares (au Cameroun, ndlr) sur lesquelles elles avaient des droits, sans nous dire de quels droits il pouvait s'agir ni où se trouvent ces 40.000 hectares".

"L'accaparement de terres, en particulier au Cameroun", est un procédé "totalement étranger au groupe", a réagi la Socfin dans un communiqué, expliquant que la Socapalm n'est pas propriétaire des terres cultivées, louées au gouvernement.

Les prévenus l'entendent autrement. Ce procès "n'a pas d'autre but que de créer un climat d'intimidation", avait ainsi lancé jeudi l'avocat William Bourdon, président de l'association Sherpa. "On nous fait le procès de faire état de ce qui bouillonne dans la société", avait estimé Edwy Plenel, patron de Mediapart.

Dans une tribune publiée mercredi, des journalistes et ONG avaient dénoncé les poursuites systématiques dont ils font l'objet quand ils s'intéressent aux activités du groupe Bolloré, notamment en Afrique.

Le jugement sera mis en délibéré à plusieurs semaines.
  •   AFP
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