Mévente de la pomme de terre, les producteurs accusent les indiens

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La société Senegindia dispose de 10 000 ha au Sénégal pour produire des pommes de terre
Seneplus  | 03/03/2020

MEVENTE DE LA POMME DE TERRE, LES PRODUCTEURS ACCUSENT LES INDIENS

Mbaye SAMB

Le Collectif des Producteurs de la Zone des Niayes, regroupant les localités de Cayar, Notto, Keur Mbir, Mboro, Darou Khoudoss, Diogo, Fass Boye, Lompoul, Thieppe, Potou et Gandiol, était hier en assemblée générale à Cayar. C’est pour dénoncer la mévente qui frappe la production de pomme de terre et dans ce cadre, les producteurs pointent un doigt accusateur sur une concurrence déloyale exercée par SENEGINDIA.

Selon Modou Fall Président de l’association des producteurs maraîchers de Cayar, face à « la passivité des autorités, les Indiens portent l’ambition de décourager les producteurs, pour assurer à la longue le monopole du marché horticole. D’après lui, l’année dernière à la même époque, cette problématique de la mévente de la pomme de terre avait installé la tristesse et la désolation dans les rangs des producteurs des Niayes. Cette année encore, le même cas de figure est survenu, et la seule cause reste la concurrence déloyale. Il ajoute : « Le 4 février dernier, le ministre de l’Agriculture est venu dans la zone des Niayes et il avait promis que le 28 février, Senegindia allait arrêter toutes ses opérations de vente, pour permettre aux producteurs de la zone des Niayes d’écouler leur production. Ce qui avait d’ailleurs été confirmé à Sangalkam, par le Directeur de l’Horticulture. Mais au finish, la mesure n’a pas du tout été respectée, comme du reste cela avait été le cas l’année dernière. » Il explique que maintenant, la pomme de terre est récoltée, mais les producteurs se heurtent à une impossibilité de l’écouler sur le marché. Une telle situation, à ses yeux, ne cadre pas avec les ambitions qui font qu’avant 2012, le Sénégal était à une production d’au moins 30 000 tonnes de pomme de terre et aujourd’hui, il a dépassé les 100 000 tonnes. Cette ascension fulgurante, dit-il, est acquise grâce à la subvention accordée par l’Etat sur les semences et les intrants. Mais la réalité des choses vient de montrer que cette subvention seulement est loin de suffire, il faut que l’Etat prenne toutes ses responsabilités pour encadrer la commercialisation et permettre à ses producteurs de s’en sortir.

Selon lui, la mesure de gel des importations ne sert finalement à rien du tout aux producteurs des Niayes et le seul bénéficiaire est Senegindia qui dicte sa loi sur le marché. Il se désole du fait que l’impression est que la situation actuelle est cautionnée par l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) pour détruire la zone des niayes, comme en atteste le fait qu’avant la récolte, le sac de pomme de terre était à 7 500 Fcfa et aujourd’hui, il est à 3 500 Fcfa. Il renseigne que la passivité des autorités sénégalaises est à l’avantage de la stratégie déroulée par les Indiens dont l’objectif est de produire à volonté, pour ensuite bazarder la surproduction. Avec cette approche, ils visent à faire chuter les prix, afin de décourager les producteurs, pour assurer à la longue le monopole de la production horticole et de commercialisation de la pomme de terre.

Sur un autre registre, il souligne qu’entre Cayar, Mboro et Notto, la production est estimée à 70 000 tonnes alors qu’il n’existe aucune chambre froide dans ce rayon. Le seul recours dans le cadre de la conservation, ce sont les moyens du bord, en l’occurrence des tas de foin dans lesquels sont enfouies les pommes de terre. Pour éviter un tsunami dans le sous secteur, dit-il, les producteurs des Niayes demandent aux autorités de prendre des mesures allant dans le sens d’arrêter la commercialisation de la pomme de terre de SENEGINDA, pour permettre aux producteurs de la zone des Niayes d’écouler leur production. Il s’y ajoute la nécessité, pour le Ministère de l’Agriculture, d’accompagner les producteurs, pour la mise en place de coopératives agricoles modernes. Les producteurs ont par ailleurs sollicité de l’Etat la construction de chambres froides dans toute la zone des Niayes et la mise en place continue de plateformes et de contrats de commercialisation entre producteurs et commerçants nationaux.

De l’avis de Modou Fall, la concrétisation de ces mesures constitue une condition sine qua non pour assurer la survie des producteurs des Niayes qui vivent essentiellement des revenus horticoles. Et au-delà de cet aspect, il y a la réalité qui fait que plus de la moitié de la production et des exportations horticoles du Sénégal proviennent de la zone des Niayes, qui occupe une position centrale dans la réalisation des objectifs du Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture Sénégalaise (PRACAS), le volet agricole du Plan Sénégal Emergent (PSE1).

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