IRIN | 2 décembre 2009
SEGOU, 2 décembre 2009 (IRIN) - Au Mali, le gouvernement a approuvé des baux à long terme permettant à des investisseurs extérieurs de mettre en valeur plus de 160 000 hectares de terre. Des responsables du gouvernement disent que le pays ne pourrait pas exploiter ses terres cultivables sans cette mesure, mais des agriculteurs locaux disent avoir peur d’être chassés.
Siaka Daou, producteur de riz à Niono, à 300 kilomètres au nord-est de la capitale, Bamako, a dit à IRIN qu’il craignait de devenir travailleur journalier pour des géants de l’industrie agricole.
« La façon dont le gouvernement distribue par parcelles la terre de l’Office [de la région] du Niger nous inquiète. Cela signera [la fin] des petits producteurs. Nous n’aurons plus de terres cultivables et nous serons obligés de travailler pour [des producteurs de] l’industrie agricole ».
Cette région du nord-est de Bamako abrite une partie des terres non irriguées les plus fertiles du Mali.
Abou Bakar Traoré, ancien ministre des Finances, qui a signé, en avril 2009, une convention visant à louer plus de 11 000 hectares à l'Union économique et monétaire ouest-africaine, a dit à IRIN : « il ne s'agit pas de déposséder des producteurs, mais d'aménager des terres cultivables au profit de ces producteurs ».
Des groupes de recherche internationaux ont estimé que ces accords constituaient un accaparement de terres commis par des investisseurs recherchant une production pour leur propre pays, mais Agatham Ag Alassane, ministre malien de l’Agriculture, a dit à IRIN que le pays n’avait pas le choix s’il voulait nourrir sa propre population.
« Aujourd’hui, notre souci est de moderniser l’agriculture, en particulier la riziculture. Pour y parvenir, il faut de grands moyens et de grands espaces. On ne peut pas donner un tracteur à un paysan qui ne dispose que de deux ou trois hectares, ce serait du gâchis ». Développer les terres irrigables permettra de faire en sorte qu’il y ait assez de travail pour les producteurs locaux et assez de nourriture pour les populations locales, a dit M. Ag Alassane.
Abou Sow, secrétaire d’Etat chargé du Développement intégré de la zone Office du Niger, a dit à IRIN qu’il faudrait un demi-million de dollars pour rendre exploitables suffisamment de terres pour répondre aux besoins alimentaires locaux.
- Un groupe commun malien-libyen a commencé la construction d’un canal d’irrigation de 40 kilomètres pour un coût estimé à 54,7 millions de dollars. 100 000 hectares de production rizicole
- Le projet d’irrigation du Millenium challenge account, financé par les américains, qui selon les estimations devrait toucher 800 foyers, fournit cinq hectares de terres irrigables par foyer, dont deux gratuitement et les trois autres remboursables sur 20 ans. 16 000 hectares, création d’entreprises agricoles modernes
- Union économique et monétaire ouest-africaine. Production agricole assurée par des agriculteurs privés au Mali et dans d’autres pays de l’Union. Le projet de contrat mentionne la sécurité alimentaire dans la région. 11 288 hectares
- Petrotech/AgroMali. Biocarburant, matières premières/jatropha. 10 000 hectares
Source: IIED/FAO/IFAD, 2009