Produire du riz ou investir dans la région de Gambela : la vidéo de propagande du gouvernement éthiopien

ASO 10 juillet 2010

Le Saudi Star Farm Centre à Gambela, en Éthiopie

Par Nyikaw Ochalla, directeur de l’Organisation pour la survie des Anuak (Anywaa Survival Organisation ou ASO)

(la vidéo du gouvernement éthiopien est disponible- en amharique)- à la suite de l’article)

La voix de l’Anywaa Survival Organisation s’est élevée contre la politique de cession des terres adoptée par le gouvernement éthiopien. Ce choix ignore complètement les pratiques agricoles et environnementales traditionnelles des peuples indigènes qui protègent le système écologique et l’environnement naturel de la région de Gambela. Nous sommes très inquiets de ces transactions secrètes qui affectent non seulement des vies humaines, mais aussi tout l’environnement naturel.

Nous savons qu’actuellement deux projets agricoles sont menés par deux grands investisseurs étrangers : Saudi Star (Arabie Saoudite) et Karuturi (Inde). Nous avons appris récemment qu’une autre société indienne, Ruchi Star, a réussi à obtenir un bail sur 250 000 hectares dans le district de Gog le long du Gilo. Les terres s’étendent de la région d’Obela jusqu’au village d’Arieth sur les bords du Gilo. Les détails de ce contrat foncier restent un secret entre la société indienne et les autorités éthiopiennes. Le gouvernement trompe toutes ces entreprises étrangères en prétendant que les vastes terres fertiles qui leur sont louées ne sont que des “terres à l’abandon” et que les transactions n’ont donc aucun impact socio-économique ni environnemental sur la vie et les moyens de subsistance des populations indigènes de la région.

Quoiqu’on manque de renseignements précis sur la superficie des terres allouées à Saudi Star et Karituri Global, des sources d’information fiables nous indiquent que 250 000 hectares de terres fertiles le long de l’Openo (ou Baro) ont été alloués à Karuturi, et 10 000 hectares le long de l’Aloworo à Saudi Star. Selon la vidéo du gouvernement, les 10 000 hectares de Saudi Star seraient destinés à un projet pilote, alors que la surface totale accordée est de 500 000 hectares et a pour but de produire du riz pour l’exportation.

L’étude sur la production de riz ou l’investissement dans la région de Gambela révèle plusieurs éléments clés des transactions secrètes entre le gouvernement éthiopien et Saudi Star, éléments sur lesquels les populations indigènes n’ont aucune influence. On y voit clairement que le gouvernement ne se préoccupe absolument pas des populations indigènes de Gambela et qu’il a bien l’intention de mettre en place des projets de développement sur leur territoire naturel sans leur accorder les moindres consultation, compensation ou participation. L’étude ne fait pas non plus état d’une évaluation socio-économique et environnementale qui aurait été réalisée afin d’établir l’impact sur la vie et les moyens de subsistance des populations concernées d’un tel investissement dans la production de riz.

L’étude montre comment le projet de Saudi Star utilise les réserves d’eau pourtant critiques de la minuscule rivière Aloworo, dont dépendent 20 000 personnes pour la pêche, l’agriculture et leur consommation d’eau. Cette rivière et la région environnante abritent de nombreuses espèces d’animaux, de poissons et d’oiseaux sauvages ; celles-ci sont non seulement affectés par la dégradation et la destruction de l’environnement, mais aussi menacés d’extinction par les activités agricoles intensives.

Selon le rapport, les investissements à Gambela ont procuré des opportunités d’emploi à la population locale. Mais cette propagande gouvernementale n’est pas justifiée. Comme le montre de façon assez évidente le rapport, la majorité des populations locales dont l’environnement et les terres sont détruites par la société étrangère, sans aucune forme de participation, font de très longues journées de travail, parce qu’elles ont été ruinées, socialement et économiquement, par ce projet gouvernemental destructeur. En fait, le visage des deux jeunes Anuak interrogés montre clairement qu’on les a contraints à affirmer qu’ils bénéficient du projet : les représentants du gouvernement disposent d’une grande force d’intimidation et de harcèlement.

L’Anywaa Survival Organisation exprime donc son désaccord, dénonce la politique du régime actuel comme destructrice de l’environnement et des rapports sociaux, et informe la société [Saudi Star] qu’elle doit cesser ses activités et éviter ce genre de projets d’investissement juridiquement très complexes. Nous voudrions également envoyer le même message aux autres sociétés partenaires des projets agricoles destructeurs du gouvernement et leur demander de se retirer de projets qui sont inacceptables tant d’un point de vue environnemental que social.

Pour plus de renseignements, veuillez contacter :

Nyikaw Ochalla

Directeur

Anywaa Survival Organisation-ASO

Envoyez vos commentaires à : [email protected]

 

---

Ethiopian Radio & Television Agency,

"Rice Production or Investment in Gambela"

 

http://www.erta.gov.et/menubar/?category=menubar&type=disp&idd=143

URL to Article
https://farmlandgrab.org/post/14308
Source
ASO http://www.radioaustralia.net.au/connectasia/stories/201007/s2950926.htm

Links in this article