Collectif TANY et SIF | 9 juin 2025
La souveraineté alimentaire menacée par le protocole d’accord signé avec le groupe israélien LR Group Ltd
La souveraineté alimentaire menacée par le protocole d’accord signé avec le groupe israélien LR Group Ltd
Résumé
Selon les organisations paysannes, la réalisation d’une souveraineté alimentaire à Madagascar, nécessite actuellement en priorité :
Selon les organisations paysannes, la réalisation d’une souveraineté alimentaire à Madagascar, nécessite actuellement en priorité :
• le renforcement du contrôle des paysans producteurs sur leurs terres
• la prise de décisions majeures augmentant l’accès à la terre des femmes, des jeunes et des ménages vulnérables « sans terre » promises par le président de la République Andry Rajoelina lors du Colloque National Foncier de juin 2022, afin d’augmenter les superficies des exploitations agricoles disponibles pour les paysans pratiquant l’agriculture familiale,
• la recherche d’une autonomie alimentaire dans des conditions de travail et de rémunération décentes,
• l’adoption par les pouvoirs publics de mesures de soutien aux paysans pour le développement de leur patrimoine et savoir-faire, par l’amélioration des techniques et infrastructures hydro-agricoles, des voies de communication et des débouchés pour améliorer la commercialisation.
Malheureusement, les investigations effectuées à partir des données disponibles concernant le protocole d’accord signé entre la Secrétaire d’Etat à la Souveraineté Alimentaire et le groupe israélien LR ont montré :
• que c’est du riz hybride chinois qui sera cultivé sur la moitié de la surface occupée par l’agropole, donc les producteurs ne seront pas autonomes,
• et que les paysans seront organisés en coopératives : cela ressemble beaucoup à de l’agrégation agricole, une forme d’accaparement de terre sournoise et rampante agissant par l’endettement excessif des paysans.
• que c’est du riz hybride chinois qui sera cultivé sur la moitié de la surface occupée par l’agropole, donc les producteurs ne seront pas autonomes,
• et que les paysans seront organisés en coopératives : cela ressemble beaucoup à de l’agrégation agricole, une forme d’accaparement de terre sournoise et rampante agissant par l’endettement excessif des paysans.
LR group étant une entreprise fondée par des soldats israéliens à la retraite qui voulaient travailler dans l’agriculture en Afrique, leur application en Angola d’un système similaire à l’agrégation agricole a mis les paysans en grande difficulté.
Ce projet d’agropole ne va pas dans le sens de la souveraineté alimentaire. Nous demandons son arrêt et l’annulation du protocole d’accord signé avec le groupe israélien LR group, ainsi que l’abrogation de la loi sur l’agrégation agricole.
Introduction
Le 25 mai 2025, la Secrétaire d’Etat auprès de la Présidence en charge de la Souveraineté Alimentaire a signé à Tel-Aviv un memorandum d’entente (MoU) avec le groupe israélien LR Group prévoyant la création d’un agropole de 10.000 ha pour la culture de riz, de maïs et de soja. Malheureusement très peu d’informations ont été distillées sur le contenu de ce protocole de 90 millions de dollars.
Qui est LR group Ltd ? Et ce protocole va-t-il dans le sens de la souveraineté alimentaire du pays ?
Sur quoi porte le protocole d’accord ?
Selon une interview de la Secrétaire d’Etat par la chaîne publique TVM le 2 juin (1), des agropoles seraient mis en place dans les 4 régions d’Analamanga, Vakinankaratra, Bongolava et Amoron’i Mania du centre de Madagascar. 5 000 hectares, soit 50% des terres concernées seraient consacrées à la riziculture à partir de semences de riz hybrides chinois.
Selon une définition communément admise, un agropole est une zone de terres agricoles dotées d’un fort potentiel et sur lesquelles les pouvoirs publics souhaitent favoriser la concentration des investissements privés. On y trouve des centres de recherche et de formation, des infrastructures de soutien à la production, à la transformation et à la commercialisation des matières premières agricoles (2).
La Secrétaire d’Etat a notamment souligné que les terres affectées aux agropoles resteront entre les mains des paysans malagasy qui seront les bénéficiaires grâce aux infrastructures modernes qui y seront installées et au soutien qui leur sera apporté au niveau de la production agricole, de l’élevage et de la transformation.
La précision dans les médias que le riz cultivé serait du riz hybride chinois et que les paysans devraient s’organiser en coopératives, a d’emblée fait penser que les paysans ne tireraient pas beaucoup de bénéfices de cet agropole (3).
Des paysans dépendants et sans pouvoir de décision ?
En effet, le riz hybride chinois est réputé pour son rendement élevé pouvant dépasser les 8 tonnes/ha dans des conditions optimales, alors que le rendement moyen actuel de la riziculture malagasy est d’environ 2,5 tonnes/ha. En revanche, son principal inconvénient réside dans l’obligation pour chaque producteur de se procurer des semences à chaque cycle cultural auprès des producteurs spécialisés, le paysan ne pouvant pas utiliser une partie de sa récolte comme semence sous peine d’une baisse immédiate du rendement. Des paysans doivent acheter les semences de riz hybride, ce qui augmente leurs coûts de revient. Depuis des années, l’Etat organise des remises gratuites de semences mais selon différentes sources, les paysans bénéficiaires de « dons » doivent donner une partie de leurs récoltes à une structure telle que le Centre de Service Agricole dans une commune de la région Menabe. Dans tous les cas, les paysans deviennent dépendants des fournisseurs de semences et ne sont pas autonomes.
Par ailleurs, la mention de l’organisation des paysans en coopératives fait penser que le projet s’appuiera sur le système de l’agrégation agricole, fortement inspiré du modèle marocain, qui a fait l’objet d’une loi (4) à Madagascar : au départ, les paysans- « agrégés » - gardent effectivement leurs terres, comme l’a souligné Madame La Secrétaire d’Etat, et les cultivent eux-mêmes. Mais ils sont tenus, dans le cadre d’un contrat avec l’entreprise-« agrégateur », de respecter strictement les processus de production imposés par l’entreprise-agrégateur et d’utiliser les semences, engrais et matériel fournis par l’agrégateur. Ces intrants n’étant pas donnés mais prêtés sous forme de dettes devront être remboursés au moment de la récolte. Le contrat oblige également les paysans à vendre leur récolte exclusivement à l’agrégateur, à un prix souvent fixé au début du cycle cultural, et comme l’entreprise n’achète pas les produits qui ne rentrent pas dans les normes attendues spécifiées (« jauges » est le terme souvent utilisé à Madagascar), l’expérience marocaine a montré qu’au bout de quelques années, les paysans se trouvent en grandes difficultés et sont obligés de céder leurs terres à l’entreprise-agrégateur (5). C’est ainsi qu’après 10 ans d’application du Plan Maroc Vert, de nombreux petits paysans appauvris davantage, ont perdu leurs terres, tandis que les investisseurs et multinationales sont devenus propriétaires d’une proportion plus importante du foncier.
Le système qui donne au départ l’apparence d’être « gagnant-gagnant » ruine donc progressivement les paysans sur le long terme.
Les paysans de la région Menabe ont été les premiers cobayes de l’application de ce concept avec la société STOI comme entreprise-agrégateur (6). Le regroupement formel en coopératives ne serait pas encore effectif partout. Les plaintes actuelles des paysans sur le prix d’achat au producteur trop bas dans le Menabe seraient-elles les premières conséquences de l’application de ce concept ? Rappelons que la la Secrétaire d’Etat actuelle à la Souveraineté Alimentaire était auparavant la Directrice Générale de l’agrégateur STOI.
Ainsi, le choix du riz hybride chinois, dont les semences sont importées mais aussi produites désormais à Madagascar (7), va déjà manifestement à l’encontre de l’objectif annoncé de la souveraineté alimentaire. Certes, la recherche d’une modernisation des techniques agricoles et d’une amélioration du rendement est louable mais les semences hybrides constituent une menace pour la capacité des paysans à développer leurs propres semences pour leurs besoins et une menace pour la biodiversité agricole malagasy. Les semences locales vont avoir tendance à disparaître. L’utilisation concomitante du concept d’agrégation agricole entraîne une privation de nombreux droits reconnus dans la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (8) tels que le droit :
• de multiplier les semences selon leurs savoir-faire et expériences accumulés au cours des générations,
• d’utiliser leur terre selon leur culture, leurs connaissances des caractéristiques de l’environnement local et la préservation de la biodiversité,
• et de décider de l’usage de leur production agricole.
Cette loi scélérate sur l’agrégation agricole devrait être abrogée car elle cache et favorise un accaparement rampant des terres agricoles.
Selon un article de RFI, (9) le projet avec LR group suscite la méfiance des citoyens malagasy, au vu de la volonté d’accaparement de terres palestiniennes par les gouvernements israéliens successifs.
Qu’avons-nous pu apprendre sur le groupe israélien LR Group ?
Selon un article de RFI, (9) le projet avec LR group suscite la méfiance des citoyens malagasy, au vu de la volonté d’accaparement de terres palestiniennes par les gouvernements israéliens successifs.
Qu’avons-nous pu apprendre sur le groupe israélien LR Group ?
LR Group a fait l’objet d’investigations par des ONG internationales et des chercheurs. Il est connu pour avoir été créé en 1985 par des soldats israéliens à la retraite voulant investir dans l’agriculture en Afrique. Comme mentionné dans l’interview de Madame la Secrétaire d’Etat à la Souveraineté alimentaire, LR Group a déjà opéré dans plusieurs pays d’Afrique, notamment en Angola dans le cadre d’un projet de 9 000 hectares baptisé Aldeia Nova : « les activités agricoles de la société ont généré peu d’avantages pour la population locale »(10).
Au début du projet, les familles vivant sur les terres concernées ont été préalablement évacuées avant que LR Group ne commence à mettre en œuvre le projet sur le terrain. Ensuite, les familles recrutées pour le projet ont démarré leur production avec une dette, car les maisons, les intrants et le bétail ont été fournis sous forme de prêts financiers. Si les produits livrés ne répondent pas aux normes définies par les responsables, ils n’obtiennent que des prix inférieurs ou sont carrément rejetés alors de nombreuses familles n’arrivent pas à rembourser leurs dettes. Selon les recherches de Ricardo Soares de Oliveira, lorsque LR Group s’est retiré du projet en 2008 et l’a transmis à l’État angolais, le projet était en grande difficulté. Il restait très dépendant des gestionnaires israéliens et avait besoin « d’injections constantes de liquidités pour continuer à fonctionner ». En 2011, Aldeia Nova était en faillite et les familles locales engagées par l’entreprise n’avaient pas été payées depuis des mois.
Le projet LR Group à Madagascar
Le projet LR Group à Madagascar
« L’objet [du] partenariat stratégique entre les deux parties vise à mobiliser un financement de l’ordre de 90 millions USD pour la mise en place d’un agropole ou un centre intégré de production agricole à vocation industrielle sur le territoire national » selon le communiqué. Le choix des mots n’est pas anodin. Le groupe n’investira pas à Madagascar. Il va « mobiliser un financement » en organisant via une de ses filiales, par exemple, un prêt, garanti par le gouvernement et donc par le peuple malagasy, sur le modèle de ce qu’il a fait en Angola dans le cadre d’une ligne de crédit de 3 milliards de dollars que LR Group a fournie à l’État angolais par l’intermédiaire de sa filiale offshore, Luminar Finance Ltd, et qui a été garantie par la compagnie pétrolière nationale angolaise (10).
Face à l’admiration inconditionnelle de la Secrétaire d’Etat à la Souveraineté Alimentaire pour la technologie agricole israélienne, et rejoignant les citoyens malagasy qui ont exprimé leur réticence vis-à-vis de l’agropole prévue en évoquant le cas de la population de Gaza, nous voudrions partager cette citation de l’ONG GRAIN : « Les liens entre l’agro-industrie israélienne et son industrie militaire sont profondément enracinés. L’agriculture du pays est le produit de décennies d’occupation violente et militarisée des terres palestiniennes (…), et d’oppression du peuple palestinien par l’armée israélienne. » (10)
L’agrégation agricole et les modèles de production similaires, comme l’agropole qui sera créé par LR group, sont donc une forme sournoise et progressive d’accaparement de terre. Et les citoyens malagasy n’ont pas tort de s’alarmer en invoquant les mauvais souvenirs du passé comme le cas Daewoo car la Stratégie Nationale de l’Agro-Business de Madagascar, présentée en 2018, avait prévu la mise en place de 4 millions d’hectares d’agropoles (11). Cet objectif ne semble pas modifié à la baisse puisque le communiqué de presse du 25 mai rappelle qu’il s’agit du « projet phare du président de la République Andry Rajoelina ».
Les paysans qui vivent actuellement sur les zones concernées risquent donc fortement de perdre leurs terres au moment de l’installation des agropoles, ainsi que les paysans impliqués dans le projet à cause des endettements lourds entraînés par le projet. En outre, les sommes faramineuses nécessitées par la modernisation excessive des techniques et technologie prévues feront probablement perdre des richesses énormes au pays, sous forme de terres et de ressources naturelles telles que les minerais.
Une question cruciale reste sans réponse dans l’état actuel des informations : L’agrégateur privilégiant la recherche du profit maximal, y aura-t-il une balise éventuelle dans le but de satisfaire prioritairement les besoins nationaux par rapport au marché international ?
Quelle politique pour une véritable souveraineté alimentaire à Madagascar ?
« La souveraineté alimentaire désigne le droit des populations, de leurs Etats (…) à définir leur politique agricole et alimentaire (..). La souveraineté alimentaire inclut la priorité donnée à la production agricole locale pour nourrir la population, l’accès des paysan(ne)s et des sans-terre à la terre, à l’eau, aux semences, au crédit (..), la participation des populations aux choix de politique agricole, la reconnaissance des droits des paysannes, qui jouent un rôle majeur dans la production agricole et l’alimentation » (12).
La souveraineté alimentaire nécessite donc principalement une implication des paysans malagasy, majoritaires au sein de la population, dans les décisions à tous les niveaux et à toutes les étapes de la conception, de la production, de la consommation, de la commercialisation et de la transformation.
Selon les organisations paysannes, la réalisation d’une souveraineté alimentaire à Madagascar, nécessite actuellement en priorité :
• le renforcement du contrôle des paysans producteurs sur leurs terres, contrairement à la mise en place de projets facilitant l’accaparement de leurs parcelles,
• la prise de décisions majeures augmentant l’accès à la terre des femmes, des jeunes et des ménages vulnérables « sans terre » promises par le président de la République Andry Rajoelina lors du Colloque National Foncier de juin 2022, afin d’augmenter les superficies des exploitations agricoles disponibles pour les paysans pratiquant l’agriculture familiale, au lieu de réserver des milliers voire des millions d’hectares à l’agrobusiness,
• la recherche d’une autonomie alimentaire dans des conditions de travail et de rémunération décentes, et non l’imposition de méthodes rendant les paysans dépendants et endettés,
• l’adoption par les pouvoirs publics de mesures de soutien aux paysans pour le développement de leur patrimoine et savoir-faire, par l’amélioration des techniques et infrastructures hydro-agricoles, des voies de communication et des débouchés pour améliorer la commercialisation et non pas la destruction systématique de ce qu’ils possèdent et maîtrisent déjà.
Conclusion
A la lumière de ces premières considérations, ce protocole d’accord signé le 25 mai 2025 est dangereux pour les Malagasy, en particulier pour les paysans. Si la signature de ce protocole d’accord est une étape non définitive, comme semble le suggérer la Secrétaire d’Etat à la Souveraineté Alimentaire, ce protocole d’accord doit être annulé, le projet avec LR group doit être stoppé, même si, selon l’interview sur TVM, des groupes auraient été séduits avant même d’avoir obtenu suffisamment d’informations sur le projet et le partenaire.
Assurer une alimentation suffisante, saine et durable pour la majorité de la population doit être actuellement la priorité. Malheureusement, l’ensemble de la stratégie actuelle des dirigeants malagasy comporte un transfert direct ou plus sournois, organisé et légalisé, des terres des communautés locales vers les entreprises nationales et étrangères dans les secteurs agricole, forestier, minier, touristique et immobilier. Cette stratégie ne contribuera ni à la souveraineté ni à l’autosuffisance alimentaires.
Le constat de la dernière publication de l’ONG FIAN international sur « une tendance mondiale à l'accroissement des inégalités et à la concentration des richesses » ainsi qu’au (..) « contrôle de vastes étendues de terres par des entreprises étrangères qui sape la souveraineté des États et l'autodétermination des peuples » (12) constitue une triste réalité à Madagascar où les enjeux géostratégiques et la prédation des ressources par les oligarques locaux aggravent la situation déjà précaire de la population.
9 juin 2025
Organisations signataires :
• Collectif pour la défense des terres malgaches – TANY
• Solidarité des Intervenants sur le Foncier - SIF
Références
(1) VAOVAO AN-TSARY 19H30 02 JUIN 2025 By TVM | Facebook : à partir de la minute 47
(2) https://www.iisd.org/projects/enfr-responsible-agricultural-growth-poles-and-corridors-africa-developing-legal-and) & https://www.iisd.org/articles/investissement-agricole-afrique
(3) Dépêche Informative TARATRA du 26 mai 2025 & https://midi-madagasikara.mg/madagascar-israel-un-financement-de-90-millions-usd-pour-la-mise-en-place-dun-agropole/
(4) la loi 2022-02 sur l’Agrégation Agricole adoptée en juin 2022.
L’agrégation agricole dans la stratégie nationale de l’agribusiness à Madagascar - Madagascar-Tribune.com
(5) Publication d’ATTAC/ CADTM Maroc farmlandgrab.org | Pour la souveraineté alimentaire au Maroc, complétée par une interview du coordonnateur de l’étude par le Collectif TANY.
(6) https://midi-madagasikara.mg/agregation-agricole-engagement-du-groupe-stoi-a-partager-les-risques/
(7) Madagascar: Coopération - Appui de la Chine au développement du riz hybride - allAfrica.com)
(8) Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales | FAO
(9) Madagascar: un protocole avec une entreprise israélienne réveille la crainte d'une spoliationdes terres
(10) GRAIN | Fermes, armes et agro-diplomatie israélienne
(11) Pire_que_le_projet_Daewoo,_la_stratégie_nationale_de_l_agribusiness.pdf
(12) La souveraineté alimentaire - Via Campesina : Résolution.
(13) https://www.fian.org/fr/press-release/article/les-accaparements-de-terres-illustrent-les-inegalites-de-richesse-croissantes-et-le-besoin-de-reforme-3605