Attac | le 8/06/2009
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) ont demandé à l’Institut International pour l’environnement et le développement (IIED à Londres, de réaliser une étude relative à l’acquisition de terres cultivables par des intérêts privés ou publics, étrangers ou non aux pays, notamment africains, où ont lieu ces acquisitions. On pourra télécharger cette étude, en anglais.
Ce qui frappe dans ce rapport bien documenté c’est la mise en évidence du processus employé, c’est une démarche strictement capitaliste dans laquelle les futurs propriétaires obéissent à des exigences relevant de la sécurisation de l’approvisionnement alimentaire ou énergétique mais pas seulement. Les acquisitions sont majoritairement privées, même si les opérations de gouvernement à gouvernement qui se développent obéissent aussi, purement et simplement, aux calculs classiques de rentabilité financière d’un investissement.
Les auteurs du rapport recommandent de ne pas voir ces opérations sous l’angle de la seule spoliation dans la mesure, prétendent-ils, où de telles opérations peuvent ouvrir des opportunités de développement pour les pays concernés. Ils notent toutefois, honnêtement, que les risques pour les paysans pauvres sont très importants.
C’est bien là que réside toute la question. Procéder à des investissements en matière agricole peut, en effet, être indispensable, surtout pour des pays comme Madagascar, l’Éthiopie, le Ghana, le Mali et le Soudan à la condition que pareils investissements soient conduits dans l’intérêt des populations et dans un cadre préservant l’environnement d’une manière générale. On ne sache pas qu’il s’agit là de la préoccupation première des investisseurs privés. Tout comme la Chine, en tant que pays, risque bien, quand elle acquiert des terres pour produire des agrocarburants par exemple, de se soucier en premier lieu, de s’approvisionner au moindre coût pour les quantités les plus élevées possibles.
Une fois encore, on est là au cœur de la nécessité d’une régulation publique, nationale comme internationale à travers les biens publics mondiaux. Sans elle, c’est évidemment l’intérêt financier et/ou l’intérêt étranger qui prévaudra.
L’étude tente de rassurer en montrant que, dans les cinq pays étudiés, le volume des acquisitions serait moins important que ce qui est, parfois, annoncé ici et là puisqu’il s’agirait de 2,5 millions d’hectares. JC