Près de 30 millions ha de terres agricoles en Afrique acquises par des investisseurs étrangers

Près de 30 millions ha de terres agricoles en Afrique acquises par des investisseurs étrangers
Illustration: Vue aérienne de zones agricoles en bordure du Nil. /DR

Illustration: Vue aérienne de zones agricoles en bordure du Nil. /DR
Près de 45 millions d'hectares de terres agricoles dans le monde, dont les deux tiers en Afrique (30 millions d'hectares), ont été vendues à des investisseurs étrangers, entre octobre 2008 et août 2009, indique un rapport d'Oxfam Grande-Bretagne rendu public mercredi à Dakar.

Ces superficies représentent environ quatre fois la superficie d'un pays comme le Malawi, explique l'ONG, qui dénonce une "mainmise des investisseurs étrangers sur ce secteur" qui menace la sécurité alimentaire dans plusieurs régions d'Afrique puisque ces terres sont destinées à une agriculture industrielle (biocarburants) à lourd impact sur l'environnement et la diversité des écosystèmes.
Par rapport aux statistiques des années précédentes, ce chiffre a été multiplié par dix, notamment en Afrique où les terres sont bradées par les populations locales et les petits agriculteurs à des spéculateurs travaillant pour le compte de grands investisseurs et de multinationales en quête de vastes superficies pour divers projets.

"L'accaparement des terres, prévient Oxfam, peut alors représenter un coup fatal dans la mesure où la lutte pour la terre est exacerbée par les investissements fonciers qui réduisent l'accès aux ressources naturelles et déplaçant les populations locales", indique l'ONG dans son rapport.
"Deux tiers des terres accaparées l'ont été en Afrique, où l'insécurité alimentaire est plus importante. Cette année, au Mozambique, on estime qu'environ 10,9 millions d'hectares ont été concernés par ce phénomène", précise le document.

"Par accaparement des terres nous entendons l'acquisition à grande échelle par des investisseurs privés (compagnies ou pays) de terres, avec un impact négatif sur le bien-être et la sécurité alimentaire des populations locales", précise Lamine Ndiaye, porte-parole d'Oxfam cité par le rapport.
Face à ce phénomène, la première responsabilité des gouvernements est de protéger leurs populations contre les mauvais contrats d'investissements agricoles, relèvent les auteurs du rapport, suggérant qu'il s'agit notamment de "reconnaître et de renforcer toutes formes de droits de la terre, dans le but de s'assurer de l'accès des communautés aux ressources naturelles dont leur bien-être dépend".

Dans les pays où de tels droits ne sont pas totalement garantis, il est urgent de soutenir les communautés dans leurs revendications aux droits à la terre, indique le rapport de l'ONG en faisant référence aux nombreux mouvements de protestation de la société civile dans plusieurs pays contre l'invasion des grands investisseurs agricoles.
Selon le rapport, les femmes, qui sont à la base des activités agricoles dans la plupart des pays africains, ne peuvent déjà pas tirer entièrement bénéfice de la terre et accéder à un niveau de vie décent avec ce phénomène d'acquisition massive des terres agricoles.

Les auteurs du document assurent vouloir que ce rapport puisse servir d'outil critique pour "orienter les investissements privés agricoles dans l'objectif prioritaire de soutenir la sécurité alimentaire et neutraliser les risques associés à l'accaparement des terres auxquels sont confrontés les communautés locales africaines".
MAP

Dernière mise à jour : 27.10.2010 à 18:23

Vue aérienne de zones agricoles en bordure du Nil. /DR

MAP | 27.10.2010

Près de 45 millions d'hectares de terres agricoles dans le monde, dont les deux tiers en Afrique (30 millions d'hectares), ont été vendues à des investisseurs étrangers, entre octobre 2008 et août 2009, indique un rapport d'Oxfam Grande-Bretagne rendu public mercredi à Dakar.

Ces superficies représentent environ quatre fois la superficie d'un pays comme le Malawi, explique l'ONG, qui dénonce une "mainmise des investisseurs étrangers sur ce secteur" qui menace la sécurité alimentaire dans plusieurs régions d'Afrique puisque ces terres sont destinées à une agriculture industrielle (biocarburants) à lourd impact sur l'environnement et la diversité des écosystèmes.

Par rapport aux statistiques des années précédentes, ce chiffre a été multiplié par dix, notamment en Afrique où les terres sont bradées par les populations locales et les petits agriculteurs à des spéculateurs travaillant pour le compte de grands investisseurs et de multinationales en quête de vastes superficies pour divers projets.

"L'accaparement des terres, prévient Oxfam, peut alors représenter un coup fatal dans la mesure où la lutte pour la terre est exacerbée par les investissements fonciers qui réduisent l'accès aux ressources naturelles et déplaçant les populations locales", indique l'ONG dans son rapport.

"Deux tiers des terres accaparées l'ont été en Afrique, où l'insécurité alimentaire est plus importante. Cette année, au Mozambique, on estime qu'environ 10,9 millions d'hectares ont été concernés par ce phénomène", précise le document.

"Par accaparement des terres nous entendons l'acquisition à grande échelle par des investisseurs privés (compagnies ou pays) de terres, avec un impact négatif sur le bien-être et la sécurité alimentaire des populations locales", précise Lamine Ndiaye, porte-parole d'Oxfam cité par le rapport.

Face à ce phénomène, la première responsabilité des gouvernements est de protéger leurs populations contre les mauvais contrats d'investissements agricoles, relèvent les auteurs du rapport, suggérant qu'il s'agit notamment de "reconnaître et de renforcer toutes formes de droits de la terre, dans le but de s'assurer de l'accès des communautés aux ressources naturelles dont leur bien-être dépend".

Dans les pays où de tels droits ne sont pas totalement garantis, il est urgent de soutenir les communautés dans leurs revendications aux droits à la terre, indique le rapport de l'ONG en faisant référence aux nombreux mouvements de protestation de la société civile dans plusieurs pays contre l'invasion des grands investisseurs agricoles.

Selon le rapport, les femmes, qui sont à la base des activités agricoles dans la plupart des pays africains, ne peuvent déjà pas tirer entièrement bénéfice de la terre et accéder à un niveau de vie décent avec ce phénomène d'acquisition massive des terres agricoles.

Les auteurs du document assurent vouloir que ce rapport puisse servir d'outil critique pour "orienter les investissements privés agricoles dans l'objectif prioritaire de soutenir la sécurité alimentaire et neutraliser les risques associés à l'accaparement des terres auxquels sont confrontés les communautés locales africaines".
  •   MAP
  • 27 October 2010

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