Influence Mag | 28 avril 2025
1er Forum des jeunes africains sur le foncier : un panel sur le changement climatique, l’extractivisme et la pression foncière
Ce samedi 26 avril 2025, à Bingerville, la troisième et dernière journée du 1er Forum des Jeunes Africains sur le Foncier a permis d’explorer la question de la résilience pour les communautés vulnérables, le changement climatique, l’extractivisme et la pression foncière. Les panelistes de divers pays d’Afrique (Bénin, Guinée, Sénégal et Côte d’Ivoire) ont apporté des perspectives sur les défis fonciers et les solutions possibles.
Le juriste Chargé de la question foncière à l’Association de coopération et de recherche pour le développement Guinée (Acord-Guinée), Mohamed Ii Fofana, a souligné que les richesses minérales de son pays, qualifié de « scandale géologique ». Il a mis en lumière les problèmes juridiques liés à la non-reconnaissance du droit coutumier dans le code foncier et l’absence de barème de compensation dans le code minier. Fofana a également mentionné les efforts en cours pour mettre en place des cliniques juridiques afin d’aider les communautés à négocier avec les entreprises. « On se mobilise pour les amener à discuter et à se comprendre », a-t-il ajouté.
« C’est très triste de constater que ces communautés ne peuvent plus accéder à la terre »
A sa suite, Ange Baïmey , de l’organisation internationale Grain, a abordé la question de l’accaparement des terres par les multinationales, soulignant que ces pratiques privent souvent les communautés locales de leurs moyens de subsistance.
Il a questionné les modèles de développement actuels et a mis en garde contre les projets de réaménagement liés à la compensation carbone, qui peuvent constituer une menace pour les communautés. « C’est une grave menace, » a-t-il prévenu.
« Nous sommes en train de chercher à récupérer 20 000 ha »
Ardo Sow, Représentant de l’Association des maires du Sénégal (AMS), a partagé des exemples concrets de renégociation des terres. Il a mentionné les efforts pour récupérer 20 000 hectares de terres au nord du Sénégal, initialement accaparées par des investisseurs marocains. » Nous sommes en train de chercher à récupérer 20 000 ha et les remettre aux communautés, » a-t-il expliqué. Ces initiatives ont nécessité une procédure judiciaire de trois ans et une forte mobilisation communautaire.
Jerry Tchakpe de la structure AmarreBénin, a pour sa part insisté sur l’importance de l’autonomisation des communautés. Il a souligné la nécessité de renforcer les capacités locales et d’utiliser les connaissances endogènes pour soutenir la résilience des communautés. « Nos initiatives doivent tirer source de nos connaissances endogènes, » a-t-il déclaré. Il a également appelé à une réflexion. « Pourquoi depuis tout ce temps et les efforts, la vulnérabilité des communautés demeure toujours ? » a-t-il questionné.
Au terme de ce séminaire, les participants se sont dits satisfaits de la qualité des informations partagées. « Ces actions que nous faisons, à vue d’œil, paraissent petites, mais en réalité, elles sont cruciales pour que les gens sachent qu’ils ne sont pas seuls et pour qu’ils ne se sentent pas abandonnés. Comme le disait un président africain, un coup isolé n’arrête pas le combat. Toutes ces lois que nos parents ne comprennent pas constituent des obstacles, mais nous allons œuvrer pour que ces lois soient expliquées et, s’il le faut, modifiées pour que les lois communautaires puissent prendre le dessus sur celles qui criminalisent nos communautés, afin d’atteindre la souveraineté alimentaire. », a souligné le Directeur coordonnateur de l’ONG Jeunes volontaires pour l’environnement Ghana, Wisdom Koffi, avant d’indiquer qu’il prévoit des actions des restitutions à l’endroit des communautés du Ghana.
Plusieurs autres programmes étaient à l’ordre du jour de cette journée, notamment les témoignages des communautés invitées (Soubré, Sassandra, Grand-Béréby, Singrobo, Elokté, Ghana), la présentation du Congo, et une conférence de presse pour la présentation de la déclaration issue de ce séminaire. Le prochain séminaire se tiendra également à Abidjan. Celle de l’année 2027 se tiendra au Bénin.
Le 1er Forum des jeunes africains sur le foncier, organisé par l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE) Côte d’Ivoire, réuni 45 membres de la société civile de 13 pays africains à Bingerville, du 24 au 26 avril 2025. Cette activité est placée sous le thème: « Pression foncière et droits des communautés rurales, urbaines et autochtones en Afrique – Défis, résistances et perspectives de sécurisation ». Elle vise à analyser de manière approfondie les problématiques liées à la gestion des terres en milieu rural et urbain en Afrique et d’identifier des perspectives et des solutions pour une gestion plus durable et équitable de ces terres.
Pour rappel, JVE (Jeunes Volontaires pour l’Environnement) est une organisation de la société civile qui œuvre pour la protection de l’environnement et la promotion de la justice climatique. À travers diverses initiatives, JVE mobilise les jeunes et les communautés locales afin de lutter contre les impacts du changement climatique, en mettant l’accent sur des solutions durables et adaptées aux réalités locales. L’association mène des actions de sensibilisation, de formation et de plaidoyer en faveur d’une transition écologique juste, en particulier pour les jeunes, les femmes et les populations rurales. Elle soutient également l’agriculture durable, l’agroécologie et la préservation des semences locales comme solutions face aux dérèglements climatiques.
Marina Kouakou