Collectif TANY | 30 avril 2025
Les POINTS DE VIGILANCE majeurs après le sommet de la COI à Antananarivo
Le 24 avril 2025, s’est tenu à Antananarivo le Vème sommet de la Commission de l’Océan Indien (COI), une organisation intergouvernementale dont les 5 Etats membres sont Les Seychelles, La Réunion, Maurice, Madagascar et l’Union des Comores, ensemble désigné depuis quelques années par « Indianocéanie ».
Le thème du sommet était “Sécurité et souveraineté alimentaire : Pour le développement du marché de l’Indianocéanie”. Certaines décisions prises font craindre le pire, en particulier une nouvelle forme cachée d’accaparement de terres. Le Président Emmanuel Macron était à la tête de la délégation réunionnaise et n’avait pas manqué de peser de tout son poids dans la défense des intérêts français.
Certes, chercher à renforcer la coopération et la solidarité entre les 5 îles est un objectif louable. Mais, il ne faudrait pas que ce soit comme une coopération entre un cheval et son cavalier. Dès le démarrage de ce projet en 2013 sous le slogan devenu célèbre « Madagascar, grenier de l’Océan Indien », le Collectif TANY avait été alerté car les paysans malagasy étaient des laissés pour compte (1).
A titre de rappel, 98% des terres agricoles de l’espace Indianocéanie se trouvent à Madagascar, et Madagascar demeure encore incapable de couvrir ne serait-ce que ses besoins en riz.
Que recouvre alors ce nouveau concept de "terrain agricole commun" "de production et d’échange" adopté par les 5 chefs d’Etat réunis à Antananarivo ? Les implications concrètes de ce concept dont la paternité est revendiquée depuis octobre 2024 par Mr Edgard Razafindravahy, actuel secrétaire général de la COI, feraient l’objet de mesures concrètes juridiques au cours de la session parlementaire débutant ce mois de mai.
La seconde nouveauté est le soutien explicite des entrepreneurs malagasy, notamment du Syndicat des Industries de Madagascar -SIM- à la politique de la COI qui prône le co-investissement entre les entreprises malagasy et indianocéaniennes. Cela n’est qu’une confirmation de la politique foncière du gouvernement malagasy, qui privilégie la promotion de l’agrobusiness (agriculture par des entreprises) au détriment de l’agriculture paysanne.
La veille de ce sommet de la COI, Mr Emmanuel Macron a effectué une visite d’Etat à Madagascar. Divers protocoles d’accord ont été signés.
Sa déclaration sur le souhait de la France de « construire un partenariat sur les terres rares et minerais stratégiques » n’est pas passée inaperçue pour tous comme l’a estimé un journaliste. Nous suivrons avec une attention particulière les suites éventuelles de cette déclaration d’intentions.
Les citoyens malgaches ont commencé à réagir négativement au refus clair de Monsieur Macron de rétrocéder à Madagascar la souveraineté sur les Iles Eparses (2).
Par ailleurs, aucun média n’a rapporté l’échange de cadeaux entre les deux Présidents de la République. Ce point est un sujet d’inquiétude car les Malagasy se sont rappelé que, lors de sa visite officielle à l’île Maurice en 2019, le Président de la République Andry Rajoelina avait offert 80 hectares de terres malagasy aux Mauriciens (3). Le Président Macron aurait-il reçu aussi des terres malagasy en cadeau ?
Aussi, nous adressons-nous aux membres du comité de pilotage chargé d’étudier actuellement la concrétisation de la « création d’un espace agricole commun pour l’Indianocéanie », aux décideurs et aux parlementaires.
• Pourquoi pas des projets destinés à « faire briller Madagascar sur le plan international » ? Mais ils ne doivent surtout pas aggraver la situation déjà précaire des paysans, notamment sur le plan foncier. La majorité des Malagasy font déjà partie des citoyens les plus pauvres du monde, qui luttent comme ils peuvent pour leurs droits humains face aux projets étatiques, en particulier ceux qualifiés de « projets présidentiels » qui détruisent leurs biens et anéantissent leurs efforts, tels que l’autoroute Antananarivo-Toamasina, la ville nouvelle à Imerintsiatosika, le lac Iarivo à Ivato, … des projets imposés par le fait du prince, sans considération des droits et intérêts des communautés locales, paysans et autres citoyens impactés.
• De notoriété publique, plus des trois-quarts des Malagasy vivent de la terre, dont ils tirent l’essentiel de leurs moyens d’existence. Ils assurent les besoins de leur famille et approvisionnent principalement le marché local avec leur production dans le cadre d’une agriculture familiale paysanne. La sécurité et la souveraineté alimentaires font aussi partie de leurs objectifs, ainsi que le droit à une alimentation adéquate.
• La liberté d’information, d’expression et en particulier de circulation devrait s’exercer de la même manière pour tous les Indianocéaniens. Les facilités de déplacement et de prospection de tous dans les autres pays ne sont pas identiques actuellement.
Tant que tous ces problèmes n’auront pas été résolus, la "coopération" sera à sens unique déséquilibré.
30 avril 2025
Collectif pour la défense des terres malgaches – TANY
[email protected]; http://terresmalgaches.info; Facebook: @TANYterresmalgaches ; X: @CollectifTany ; Instagram: @CollectifTany
Les POINTS DE VIGILANCE majeurs après le sommet de la COI à Antananarivo
Le 24 avril 2025, s’est tenu à Antananarivo le Vème sommet de la Commission de l’Océan Indien (COI), une organisation intergouvernementale dont les 5 Etats membres sont Les Seychelles, La Réunion, Maurice, Madagascar et l’Union des Comores, ensemble désigné depuis quelques années par « Indianocéanie ».
Le thème du sommet était “Sécurité et souveraineté alimentaire : Pour le développement du marché de l’Indianocéanie”. Certaines décisions prises font craindre le pire, en particulier une nouvelle forme cachée d’accaparement de terres. Le Président Emmanuel Macron était à la tête de la délégation réunionnaise et n’avait pas manqué de peser de tout son poids dans la défense des intérêts français.
Certes, chercher à renforcer la coopération et la solidarité entre les 5 îles est un objectif louable. Mais, il ne faudrait pas que ce soit comme une coopération entre un cheval et son cavalier. Dès le démarrage de ce projet en 2013 sous le slogan devenu célèbre « Madagascar, grenier de l’Océan Indien », le Collectif TANY avait été alerté car les paysans malagasy étaient des laissés pour compte (1).
A titre de rappel, 98% des terres agricoles de l’espace Indianocéanie se trouvent à Madagascar, et Madagascar demeure encore incapable de couvrir ne serait-ce que ses besoins en riz.
Que recouvre alors ce nouveau concept de "terrain agricole commun" "de production et d’échange" adopté par les 5 chefs d’Etat réunis à Antananarivo ? Les implications concrètes de ce concept dont la paternité est revendiquée depuis octobre 2024 par Mr Edgard Razafindravahy, actuel secrétaire général de la COI, feraient l’objet de mesures concrètes juridiques au cours de la session parlementaire débutant ce mois de mai.
La seconde nouveauté est le soutien explicite des entrepreneurs malagasy, notamment du Syndicat des Industries de Madagascar -SIM- à la politique de la COI qui prône le co-investissement entre les entreprises malagasy et indianocéaniennes. Cela n’est qu’une confirmation de la politique foncière du gouvernement malagasy, qui privilégie la promotion de l’agrobusiness (agriculture par des entreprises) au détriment de l’agriculture paysanne.
La veille de ce sommet de la COI, Mr Emmanuel Macron a effectué une visite d’Etat à Madagascar. Divers protocoles d’accord ont été signés.
Sa déclaration sur le souhait de la France de « construire un partenariat sur les terres rares et minerais stratégiques » n’est pas passée inaperçue pour tous comme l’a estimé un journaliste. Nous suivrons avec une attention particulière les suites éventuelles de cette déclaration d’intentions.
Les citoyens malgaches ont commencé à réagir négativement au refus clair de Monsieur Macron de rétrocéder à Madagascar la souveraineté sur les Iles Eparses (2).
Par ailleurs, aucun média n’a rapporté l’échange de cadeaux entre les deux Présidents de la République. Ce point est un sujet d’inquiétude car les Malagasy se sont rappelé que, lors de sa visite officielle à l’île Maurice en 2019, le Président de la République Andry Rajoelina avait offert 80 hectares de terres malagasy aux Mauriciens (3). Le Président Macron aurait-il reçu aussi des terres malagasy en cadeau ?
Aussi, nous adressons-nous aux membres du comité de pilotage chargé d’étudier actuellement la concrétisation de la « création d’un espace agricole commun pour l’Indianocéanie », aux décideurs et aux parlementaires.
• Pourquoi pas des projets destinés à « faire briller Madagascar sur le plan international » ? Mais ils ne doivent surtout pas aggraver la situation déjà précaire des paysans, notamment sur le plan foncier. La majorité des Malagasy font déjà partie des citoyens les plus pauvres du monde, qui luttent comme ils peuvent pour leurs droits humains face aux projets étatiques, en particulier ceux qualifiés de « projets présidentiels » qui détruisent leurs biens et anéantissent leurs efforts, tels que l’autoroute Antananarivo-Toamasina, la ville nouvelle à Imerintsiatosika, le lac Iarivo à Ivato, … des projets imposés par le fait du prince, sans considération des droits et intérêts des communautés locales, paysans et autres citoyens impactés.
• De notoriété publique, plus des trois-quarts des Malagasy vivent de la terre, dont ils tirent l’essentiel de leurs moyens d’existence. Ils assurent les besoins de leur famille et approvisionnent principalement le marché local avec leur production dans le cadre d’une agriculture familiale paysanne. La sécurité et la souveraineté alimentaires font aussi partie de leurs objectifs, ainsi que le droit à une alimentation adéquate.
• La liberté d’information, d’expression et en particulier de circulation devrait s’exercer de la même manière pour tous les Indianocéaniens. Les facilités de déplacement et de prospection de tous dans les autres pays ne sont pas identiques actuellement.
Tant que tous ces problèmes n’auront pas été résolus, la "coopération" sera à sens unique déséquilibré.
30 avril 2025
Collectif pour la défense des terres malgaches – TANY
[email protected]; http://terresmalgaches.info; Facebook: @TANYterresmalgaches ; X: @CollectifTany ; Instagram: @CollectifTany
Références :
1. « Madagascar, grenier de l’Océan Indien » : Des engagements à risques à (…) - Afriques en Lutte : https://www.afriquesenlutte.org/afrique-australe/madagascar/article/madagascar-grenier-de-l-ocean ; farmlandgrab.org | « Madagascar, grenier de l’Océan Indien » : que les paysans ne deviennent ni les oubliés ni les victimes : https://www.farmlandgrab.org/post/22600-madagascar-grenier-de-l-ocean-indien-que-les-paysans-ne-deviennent-ni-les-oublies-ni-les-victimes
2. Les îles Éparses : plus d'un siècle après la colonisation française, où en sont les revendications de Madagascar ? - Geo.fr : https://www.geo.fr/geopolitique/les-iles-eparses-plus-dun-siecle-apres-la-colonisation-francaise-ou-en-sont-les-revendications-de-madagascar-212437
3. Madagascar signe une série d’accords de coopération avec Maurice : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20190311-madagascar-signe-une-serie-accords-cooperation-maurice-andy-rajoelina