Au Gabon, les communautés confrontées aux engagements de déforestation zéro de la société agroalimentaire OLAM

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Une enquête de terrain a été menée auprès de communautés situées dans et autour de quatre concessions utilisées par la société agroalimentaire OLAM dans la province de la Ngounié
Scoops d'Afrique | 21 février 2020

Au Gabon, les communautés confrontées aux engagements de déforestation zéro de la société agroalimentaire OLAM

Les engagements de « déforestation zéro » viennent s’ajouter à la longue liste des initiatives volontaires créées au cours des 10-15 dernières années pour prétendument remédier aux impacts négatifs des produits issus de l’agriculture industrielle. Les sociétés de plantations de palmiers à huile ont réagi aux pressions exercées par les multinationales agroalimentaires telles que Unilever, Nestlé et Mars et se sont engagées à une « déforestation zéro ».

Les multinationales agroalimentaires sont de gros acheteurs d’huile de palme et, de même que les investisseurs des entreprises d’huile de palme, ont commencé à ressentir la pression exercée par les consommateurs préoccupés par la contribution de ces entreprises à la destruction des forêts tropicales mondiales. Un nombre croissant de consommateurs européens et nord-américains veulent être assurés que leurs achats de chocolat, de biscuits, de savon ou de rouge à lèvres ne contribuent pas à cette destruction. Des entreprises d’autres secteurs, tels que l’industrie de la viande et du soja, ont également adopté des engagements de « déforestation zéro », car elles contribuent également de façon notoire à la déforestation.

Parallèlement à d’autres initiatives internationales, un nombre considérable de sociétés transnationales ont, d’une manière ou d’une autre, adopté cette idée de « déforestation zéro » volontaire. Mais cela a-t-il abouti à un changement significatif ?

Un des résultats des engagements de « déforestation zéro » a sans aucun doute été une augmentation marquée de la paperasserie. Outre les politiques spécifiques élaborées pour guider la mise en œuvre de ces engagements, les déclarations internationales sur les forêts du monde signées par les gouvernements, les ONG et les entreprises, ainsi que les systèmes de certification, mentionnent désormais la « déforestation zéro » dans leurs documents. Globalement, un volume impressionnant de documents, de politiques, de critères, de plans et de recommandations sur la « déforestation zéro » ont vu le jour.

Les engagements représentent également une propagande utile pour les sociétés d’huile de palme soucieuses de créer une image positive et de « verdir » leur réputation, ayant été accusées depuis des années pour leur contribution à la déforestation.

Ce qui frappe toutefois, c’est l’absence d’informations sur les expériences des communautés vivant à l’intérieur ou à proximité des plantations des entreprises qui ont signé des engagements des « déforestation zéro ». Bien qu’il existe plusieurs études et articles spécifiquement consacrés à la « déforestation zéro », il s’agit généralement de recherches documentaires qui manquent d’informations sur l’impact de ces politiques sur les communautés locales.

Pour combler ce manque, une enquête de terrain a été menée auprès de communautés situées dans et autour de quatre concessions utilisées par la société agroalimentaire OLAM dans la province de la Ngounié, située dans le centre-sud du Gabon, un pays densément boisé d’Afrique centrale. OLAM promeut activement les plantations industrielles de palmiers à huile au Gabon, tout en s’étant soi-disant engagé à une « déforestation zéro » en 2017. Les villages qui ont été visités dans ces quatre concessions sont confrontés à différents degrés aux impacts des activités d’OLAM.

Les femmes, en particulier, subissent de graves conséquences du fait de ces plantations, mais leurs voix sont souvent absentes des études sur les impacts des plantations industrielles de palmiers à huile. Pour remédier à cette lacune, les équipes de recherche ont insisté lors des visites sur le terrain pour que les femmes accèdent à un espace dans lequel elles puissent partager leurs expériences, à travers des conversations au sein de groupes composés exclusivement de femmes.

La recherche a été effectuée dans 18 villages, du 25 avril au 25 mai 2019 , par l’association Muyissi Environnement (basées au Gabon) et le Mouvement mondial pour les forêts tropicales.

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