Les Echos | 9 juillet 2024
Bolloré échappe à son exclusion du plus grand fonds souverain au monde
NESSIM AIT-KACIMI
Le conseil d'éthique avait recommandé que les groupes Bolloré et Compagnie de l'Odet soient exclus du portefeuille du fonds souverain norvégien. Il mettait en cause des violations des droits de l'Homme commises dans les plantations d'huile de palme au Cameroun, dans lesquelles le groupe Bolloré a des intérêts minoritaires. Le fonds souverain a préféré la voie du dialogue actionnarial à la sanction boursière.
Le plus grand fonds souverain au monde (1.564 milliards d'euros), celui de la Norvège, va rester investi sur le groupe Bolloré en dépit de l'avis contraire de son conseil d'éthique. Créé par le ministère des finances, ce dernier veille à ce que le fonds d'investissement étatique du pays, chargé de gérer la manne pétrolière, respecte certaines règles d'investissement (secteurs prohibés, activités répréhensibles…). Il émet ensuite des recommandations d'exclusion du portefeuille, qui sont suivies ou non.
C'est en effet la Banque centrale de Norvège (Norges Bank) qui est au final décisionnaire. Or, son conseil exécutif estime que le fonds doit rester investi sur Bolloré - il possède une participation de 1,15 % du capital soit 76,4 millions d'euros fin 2023 et sa holding la Compagnie de l'Odet 0,13 % du capital ou 13 millions d'euros - et engager un dialogue constructif sur les deux prochaines années. C'était la seconde fois seulement qu'un groupe français était dans le collimateur du conseil d'éthique. En 2006, Safran avait été exclu du portefeuille du fonds pour ses activités dans l'armement nucléaire.
Dans le cas de Bolloré, le conseil d'éthique s'était penché sur les conditions de travail et les délits supposés dans des champs d'huile de palme au Cameroun. Le groupe Bolloré y a des intérêts minoritaires au travers de Socfin (39,8 % du capital) et Socfinaf (8,6 %) qui est actionnaire de Socapalm. C'est cette dernière qui est au centre des critiques du rapport du conseil d'éthique en date du 19 mars.
Les femmes victimes de viols
Le conseil estime que le groupe Bolloré a fait trop peu d'efforts pour contrôler et améliorer les conditions de travail dans les plantations où de graves risques pèsent sur les femmes qui y sont employées (viols, harcèlements…). Dans ses échanges avec le conseil d'éthique en 2023, le groupe Bolloré avait souligné qu'en tant qu'actionnaire minoritaire, « il n'avait pas le pouvoir d'intervenir et n'était pas impliqué dans le management des plantations ».
Historiquement, depuis 2006, il y a eu peu d'exclusions du portefeuille du fonds pour des violations des droits de l'Homme comme le travail et l'exploitation des enfants. Une douzaine de sociétés, notamment en Asie, ont dû être cédées pour de telles raisons. Les sorties du fonds souverain concernent surtout les groupes qui ont causé de graves torts à l'environnement (32 entreprises), ou qui exercent des activités dans une industrie polluante et qui contribue au réchauffement climatique, le charbon (84 sociétés exclues).
Les sociétés des secteurs du tabac et du cannabis sont exclues systématiquement, tout comme les groupes qui fabriquent de l'armement nucléaire ou des mines antipersonnel. Les guerres et les conflits sont des cas particuliers et sensibles diplomatiquement. Le fonds souverain norvégien a décidé de se retirer de Russie après son invasion de l'Ukraine, mais pas d'Israël en plein conflit avec le mouvement terroriste du Hamas.
Bolloré échappe à son exclusion du plus grand fonds souverain au monde
NESSIM AIT-KACIMI
Le conseil d'éthique avait recommandé que les groupes Bolloré et Compagnie de l'Odet soient exclus du portefeuille du fonds souverain norvégien. Il mettait en cause des violations des droits de l'Homme commises dans les plantations d'huile de palme au Cameroun, dans lesquelles le groupe Bolloré a des intérêts minoritaires. Le fonds souverain a préféré la voie du dialogue actionnarial à la sanction boursière.
Le plus grand fonds souverain au monde (1.564 milliards d'euros), celui de la Norvège, va rester investi sur le groupe Bolloré en dépit de l'avis contraire de son conseil d'éthique. Créé par le ministère des finances, ce dernier veille à ce que le fonds d'investissement étatique du pays, chargé de gérer la manne pétrolière, respecte certaines règles d'investissement (secteurs prohibés, activités répréhensibles…). Il émet ensuite des recommandations d'exclusion du portefeuille, qui sont suivies ou non.
C'est en effet la Banque centrale de Norvège (Norges Bank) qui est au final décisionnaire. Or, son conseil exécutif estime que le fonds doit rester investi sur Bolloré - il possède une participation de 1,15 % du capital soit 76,4 millions d'euros fin 2023 et sa holding la Compagnie de l'Odet 0,13 % du capital ou 13 millions d'euros - et engager un dialogue constructif sur les deux prochaines années. C'était la seconde fois seulement qu'un groupe français était dans le collimateur du conseil d'éthique. En 2006, Safran avait été exclu du portefeuille du fonds pour ses activités dans l'armement nucléaire.
Dans le cas de Bolloré, le conseil d'éthique s'était penché sur les conditions de travail et les délits supposés dans des champs d'huile de palme au Cameroun. Le groupe Bolloré y a des intérêts minoritaires au travers de Socfin (39,8 % du capital) et Socfinaf (8,6 %) qui est actionnaire de Socapalm. C'est cette dernière qui est au centre des critiques du rapport du conseil d'éthique en date du 19 mars.
Les femmes victimes de viols
Le conseil estime que le groupe Bolloré a fait trop peu d'efforts pour contrôler et améliorer les conditions de travail dans les plantations où de graves risques pèsent sur les femmes qui y sont employées (viols, harcèlements…). Dans ses échanges avec le conseil d'éthique en 2023, le groupe Bolloré avait souligné qu'en tant qu'actionnaire minoritaire, « il n'avait pas le pouvoir d'intervenir et n'était pas impliqué dans le management des plantations ».
Historiquement, depuis 2006, il y a eu peu d'exclusions du portefeuille du fonds pour des violations des droits de l'Homme comme le travail et l'exploitation des enfants. Une douzaine de sociétés, notamment en Asie, ont dû être cédées pour de telles raisons. Les sorties du fonds souverain concernent surtout les groupes qui ont causé de graves torts à l'environnement (32 entreprises), ou qui exercent des activités dans une industrie polluante et qui contribue au réchauffement climatique, le charbon (84 sociétés exclues).
Les sociétés des secteurs du tabac et du cannabis sont exclues systématiquement, tout comme les groupes qui fabriquent de l'armement nucléaire ou des mines antipersonnel. Les guerres et les conflits sont des cas particuliers et sensibles diplomatiquement. Le fonds souverain norvégien a décidé de se retirer de Russie après son invasion de l'Ukraine, mais pas d'Israël en plein conflit avec le mouvement terroriste du Hamas.