La Synaparcam saisit Nestlé Cameroun pour faire pression sur Socapalm

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Camerbio | 26 septembre 2020

Droit des communautés: La Synaparcam saisit Nestlé Cameroun pour faire pression sur Socapalm

Mathias Mouendé

Ce n’est pas le grand amour entre la Société camerounaise de Palmerais (Socapalm) et les populations riveraines de cette entreprise spécialisée dans la production de l’huile de palme. Au cœur du désaccord qui dure depuis plusieurs années, il y a l’épineux problème du respect des droits des communautés. Une question qui a maintes fois été posée sur la table par des organisations militant contre l’accaparement des terres et œuvrant pour le respect des engagements Rse des firmes installées au pays. Au rang de ces organisations, il y a la Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun (Synaparcam). Cette association s’est engagée dans la lutte pour le bien-être des communautés riveraines de la Socapalm, filiale du groupe Socfin installée à travers sept des dix régions du pays.

Au fil des ans, les actions de la Synaparcam se multiplient sur le terrain, mais peine à porter des fruits. Plusieurs correspondances ont été initiées pour demander le dialogue et trouver des solutions avec les responsables de la Socapalm. Quelques fois, les populations lasses d’attendre l’issue des voies diplomatiques ont organisé des mouvements d’humeur pour exprimer leur ras-le-bol.

Responsabilité sociale

Les coordonnateurs de Synaparcam ont aujourd’hui opté pour une autre démarche. Ils ont entrepris de se retourner vers les fournisseurs et clients de Socapalm. C’est ainsi qu’ils ont saisi le groupe Nestlé pour l’inciter à attirer l’attention de son fournisseur Socapalm sur le respect des droits des communautés, ceux relatifs au volet environnemental et social, notamment. Des principes inscrits dans l’Adn de Nestlé Cameroun.

La missive déposée à la direction générale de Nestlé Cameroun à Bonabéri le 21 septembre 2020 a pour objet : « Contribution à la réalisation de la responsabilité sociétale des entreprises ». La lettre qui porte la voix des communautés rappelle l’engagement de Nestlé Cameroun dans une politique de responsabilité sociale, avec à la clé plusieurs certifications obtenues. Ces certifications qui engagent l’entreprise sur les plans environnemental et social.

« Vous devez en effet veiller à ce que l’huile de palme provenant de vos fournisseurs respecte les standards les plus élevés en termes  de protection de l’environnement, de la lutte contre la déforestation, de respect des droits des travailleurs et des communautés locales (…) Or, nous sommes dans le regret de vous informer que ces standards ne sont pas respectés par un de vos fournisseurs», relèvent Elong Emmanuel et Marie-Noël Etonde Mbella, les coordonnateurs de Synaparcam.

Les cours d’eau pollués

Dans le chapelet des récriminations contre Socapalm qui fournit de l’huile de palme à Nestlé Cameroun, les responsables de Synaparcam indiquent que l’espace vital autour des villages n’est pas respecté ; Les cours d’eau sont pollués par les pesticides.

« Les populations locales sont privées de terres arables et forêts qu’elles utilisaient, de leurs moyens de subsistance, et ne constatent aucun projet de développement promis en guise de compensations pour la réquisition de leurs biens », déplorent Emmanuel Elong qui réclame la rétrocession de certaines terres. Il fait savoir en outre à Nestlé Cameroun que l’embauche des populations locales est loin d’être à la hauteur des promesses et les conditions de travail sont remises en question.

Synaparcam dans sa lettre invite Nestlé Cameroun à s’engager pour que sa politique de responsabilité sociale soit effective, en poussant son fournisseur Socapalm à tenir ses engagements sur le terrain et à concrétiser la résolution des conflits sociaux.

Nestlé et le droit des communautés

Si Nestlé Cameroun n’a pas encore répondu à la lettre déposée à sa direction générale, on sait tout de même de que le groupe Nestlé attache un point d’honneur à la question du respect des droits des communautés et la prise en compte des aspects environnementaux.

Le groupe agro-alimentaire reconnu à travers le monde indique à juste titre sur son site internet dans l’onglet « Nos communautés », que:

« Faire partie des communautés où nous opérons signifie respecter les droits de ceux qui travaillent pour nous et avec nous. Le respect est fondamental pour nos valeurs, et nous insistons pour que nos partenaires et fournisseurs respectent les mêmes normes élevées que nous. Notre travail se concentre sur trois domaines et est soutenu par ces engagements ».

Le groupe Nestlé y rappelle aussi son attachement pour l’éducation des enfants, le soutien de la femme et de la jeune fille pour une indépendance économique. « Notre ambition 2030 est d’aider à améliorer les moyens de subsistance de 30 millions de communautés directement connectées à nos activités », fait savoir le groupe Nestlé, aujourd’hui invité à se rapprocher de l’un de ses clients au Cameroun pour se rassurer de l’application de ses principes.

“Mon bureau est ouvert”

Du Côté de la Socapalm, on rassure que les portes du dialogue tant réclamé par Synaparcam sont ouvertes. Une rencontre d’échange entre la Socapalm et les responsables de Synaparcam s’est tenue le 8 septembre 2020 à Dibombari. D’après le procès-verbal dressé à cette occasion, l’ordre du jour portait sur l’analyse de la relation Socapalm/Synaparcam et les revendications cadres de Synaparcam, entre autres.

« Nous travaillons avec les communautés au sens large. Le dialogue existe. Mon bureau est ouvert. Mais certaines personnes font des dénonciations abusives ou montées, cas du dernier mineur présenté dans le reportage de Rtbf »,

a indiqué Dominique Cornet, le directeur général de Socapalm. Le Dg a fait savoir qu’il existe des réunions bipartites entre Socapalm et les communautés. Il a aussi réitéré sa volonté de travailler avec tout le monde dans l’engagement des parties prenantes.

Mathias Mouendé Ngamo

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