
Dans la région Afar, des femmes cueillent le coton dans la plantation d’Herrie Amedi Ali. (Alfredo Bini)
Les paysans éthiopiens pleurent leur terre volée
Alfredo Bini
Alfredo Bini devient photojournaliste en 2006, après quelques années dans la finance. Il consacre son premier grand reportage, « Transmigrations », aux migrants africains qui tentent leur chance à travers les déserts nigérien et libyen, dans l’espoir de gagner l’Europe. En mars 2011, il rallie Misratah, ville martyre en état de siège, au début de la révolution libyenne. Ici, il livre son regard sur l’accaparement des terres éthiopiennes par les pays de la péninsule arabique, qui veulent sécuriser leurs approvisionnements en ressources alimentaires. Il est distribué par l’agence Cosmos. www.alfredobini.com
Depuis cinq ans, l’Etat réquisitionne des centaines de milliers d’hectares de parcelles agricoles et les loue à des prix dérisoires à des multinationales. Les populations, elles, voient disparaître leurs cultures traditionnelles et s’enfoncent dans la misère.
L’Ethiopie se vend et s’achète pour remplir les ventres des pays développés. Et qu’importe le prix à payer pour les populations et l’environnement. Photographe italien, Alfredo Bini a posé son objectif sur les paysages dévastés par les pelleteuses, les terres éthiopiennes découpées en parcelles multiples. Comment en est-on arrivé là ? En 2007 et 2008, l’explosion du prix des denrées agricoles pousse les pays producteurs à garder jalousement leurs ressources. Les autres doivent aller chercher des terres ailleurs. Les pays de la péninsule arabe, pauvres en terres cultivables, portent leur choix sur la proche Ethiopie, encouragés par le gouvernement du Premier ministre Meles Zenawi et par les financements des programmes de développement de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

A Awash, des plantations de canne à sucre pour la compagnie gouvernementale Metahara. La plante sera bientôt exploitée pour la fabrication d’agrocarburants. (Alfredo Bini)
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