Etat des terres agricoles en France, le premier rapport de Terre de Liens

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Terre de Liens | 21 février 2022

Etat des terres agricoles en France, le premier rapport de Terre de Liens

Plus de 5 millions d’hectares soit près de 20 % de la surface agricole française vont changer de mains d’ici 2030 et ainsi orienter durablement le modèle agricole français.

À l’approche des élections présidentielles, il est urgent d’agir. Terre de Liens appelle les candidates et les candidats à s’engager pour une grande loi sur les terres agricoles, appelée par la société et un monde agricole en crise.

Découvrez le premier rapport de Terre de Liens sur les terres agricoles

Nourri par l’expérience de terrain, ce rapport dresse un état des lieux de la situation française. Et lance un cri d’alarme : les millions d’hectares bientôt libérés représentent une opportunité unique de réorienter notre modèle agricole, mais ils constituent aussi le risque de voir s’accélérer les dynamiques de disparition des terres et des paysan·nes aujourd’hui à l’œuvre, à travers ce qui pourrait être le plus grand plan social de l’histoire.

Artificialisation galopante, dégradation des sols, concentration des terres, ultra-spécialisation des fermes et non-renouvellement des générations paysannes, les attaques que subit la terre sont aujourd’hui nombreuses et connaissent un rythme effréné.

Chaque année, c’est une surface équivalente à la capacité à nourrir une ville comme le Havre qui est perdue. Dans un mouvement parallèle tout aussi inquiétant, aujourd’hui 2/3 des terres libérées par les agriculteurs qui partent en retraite partent à l’agrandissement de fermes voisines, réduisant ainsi drastiquement les terres disponibles pour de nouvelles installations.

Rendez-vous sur notre Centre de ressources pour lire le rapport.

Sous le béton, des terres agricoles

Avec 52 % du territoire national occupé par les terres agricoles, la plus grande surface agricole de l’Union Européenne, pourquoi crier à l’urgence de stopper l’artificialisation des terres en France ?

Depuis 30 ans, la dynamique d’artificialisation est constante. La France artificialise chaque année entre 50 000 et 60 000 hectares soit l’équivalent d’un terrain de foot toutes les 7 minutes.

Moins bien protégées que les espaces naturels et forestiers, les terres agricoles qui nous nourrissent sont les premières victimes de cette artificialisation.
Dans les zones urbaines et péri-urbaines, la pression sur ces terres est ininterrompue. Laissées en friche dans l’attente de leur devenir « constructible », elles sont l’objet d’une spéculation continue.

Le prix de ces terres susceptibles de devenir constructibles les rend incompatibles avec une installation agricole.

L’état alarmant des sols agricoles

Les scientifiques s’accordent : 1 000 ans sont aujourd’hui nécessaires pour constituer 1 cm de terre fertile.

« Quand on imperméabilise un sol, il n’y a pas de retour en arrière possible. À l’échelle humaine, ce sol est perdu. » Isabelle Feix, Experte Sol, ADEME

Hormis l’artificialisation, les terres subissent de très fortes dégradations sous l’effet des activités humaines, dont l’agriculture conventionnelle, qui cherche à maximiser la production par l’utilisation importante d’engrais chimiques ou de pesticides.

Ceux-ci portent atteinte à l’ensemble de l’écosystème, tuant les insectes et invertébrés indispensables au fonctionnement des sols, polluant les rivières et les milieux aquatiques, détruisant les habitats naturels et les sources de nourriture des animaux.

Des terres sans paysans

De la ferme… à la firme

Les politiques agricoles françaises et européennes ont, dès les années 1960, organisé une concentration des terres permettant l’essor de l’agriculture dont nous héritons aujourd’hui, tournée sur la commercialisation d‘une production agricole de masse.

Si les effets destructeurs de ce modèle d’agriculture sont largement documentés, la concentration des terres se poursuit.

À rebours d’un modèle agricole à taille humaine, le capital investi sur les fermes est tel qu’il rend très difficile l’installation de nouveaux agriculteurs pour remplacer ceux qui partent à la retraite.
Ces derniers se tournent alors vers leurs pairs, désireux d’agrandir encore leurs unités de production ou vers de nouveaux investisseurs, parfois loin du secteur agricole.

Un plan social qui ne dit pas son nom

L’agrandissement des fermes s’est accompagné d’une baisse des emplois sur celles-ci. En 20 ans, 320 000 emplois agricoles (équivalent temps plein) ont été détruits.

La dynamique de concentration des terres, déjà fortement préoccupante, va s’emballer avec le départ à la retraite prévu d’un nombre important d’agriculteurs et d’agricultrices dans les dix prochaines années.

Rares sont les fermes qui parviennent à se transmettre à un nouveau paysan, en particulier en dehors du cadre familial.

Aujourd’hui, près d’une ferme sur trois seulement est transmise.

Face à la faiblesse des retraites agricoles, les terres représentent souvent un capital nécessaire dont il convient de tirer le meilleur parti. Pour les personnes cherchant à s’installer, le prix de l’accès au foncier, des équipements matériels, des stocks ou des bêtes, peut représenter une barrière infranchissable, d’autant plus que les surfaces des fermes se sont accrues.

Sans une intervention forte et volontariste des pouvoirs publics, ces millions d’hectares de terres agricoles nouvellement libérés iront majoritairement agrandir les fermes voisines, qui seules auront les capacités financières pour les racheter... au risque d’une fuite en avant de la taille des fermes, et de pérenniser des modèles agricoles insoutenables pour l’environnement et peu souhaitables du point de vue économique et social, participant à la désertification des territoires ruraux.

Quelles terres pour notre alimentation ?

Aujourd’hui, la moitié des fruits et légumes consommés en France est importée.

La France dispose en théorie de la surface nécessaire pour nourrir l’ensemble de ses habitants. Mais les choix actuels sur l’usage des terres rendent en réalité notre alimentation quotidienne dépendante du transport international de marchandises et de produits cultivés dans des pays voisins ou… lointains.

En 2020, la crise du Covid-19 a permis à des millions de consommateur·trices Français·es et au monde politique de prendre conscience de la nécessité de relocaliser notre alimentation pour favoriser les cultures et les circuits de consommation de proximité.

Le Président lui-même s’exprimait en ces mots : « Déléguer notre alimentation [...] à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle [...] Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. »

Aujourd’hui, près de 2 ans plus tard, les ruptures n’ont pas été flagrantes et cette nouvelle orientation salutaire ne va pas de soi. Relocaliser implique des engagements forts pour orienter la terre agricole vers des productions vouées à l’alimentation locale et soutenir la constitution de nouvelles filières (transformation, distribution).

Une grande loi pour préserver et mieux partager la terre agricole

À l’approche des élections présidentielles, Terre de Liens appelle les candidat·e·s à s’engager pour une grande loi sur les terres agricoles bâtie autour de 4 grands principes :
- Préserver les terres agricoles et leur usage agricole,
- Faciliter l’accès aux terres aux porteur·ses de projets agricoles
- Favoriser des pratiques agricoles vertueuses,
- Développer une politique ambitieuse d’installation de nouvelles générations de paysans.

Pour en savoir plus, consultez le rapport : « L’état des terres agricoles en France »

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