Terres agricoles: une menace chinoise exagérée, dit Desjardins

On fait valoir que ce n'est pas tant l'intérêt d'investisseurs chinois ou d'autres pays qui pourrait amener des producteurs agricoles d'ici à se départir de leur ferme mais plutôt le manque de relève et la hausse des coûts. (Photothèque La Presse)

Le Soleil | le 12 mai 2010

Pierre Pelchat

Le Soleil

(Québec) Les craintes soulevées par la possible vente massive de terres agricoles du Québec à des intérêts chinois sont exagérées selon une étude du Mouvement Desjardins.

«Depuis les reportages sur le sujet, on n'arrive pas à voir s'il y a eu une transaction d'importance. Dans les faits, personne ne peut prétendre avoir vu la vente de terres agricoles à des intérêts chinois jusqu'à ce jour», a affirmé, mardi, au Soleil, l'économiste principale chez Desjardins, Joëlle Noreau.

La recherche effectuée par Desjardins, qui finance de nombreux producteurs agricoles, fait davantage état de rumeurs que de faits confirmés. «La rumeur veut que des investisseurs chinois cherchant à acquérir des terres agricoles au Québec avaient accordé un mandat initial de 10 000 hectares (comparables à 88 fermes québécoises d'une superficie moyenne de 113 hectares).

Ce mandat se serait élargi à 40 000 hectares (l'équivalent d'un peu plus de 350 fermes québécoises), et il aurait été modifié à nouveau pour couvrir l'ensemble canadien», indique-t-on dans le point de vue économique. On indique en plus que 40 000 hectares ne représentent que 1,2 % de la superficie totale de toutes les fermes au Québec.

Des vérifications sur l'agent d'immeuble qui aurait été retenu pour l'acquisition de terres agricoles avec un mandat de 300 millions $ ont laissé un doute dans l'esprit des analystes de Desjardins sur l'ampleur du phénomène.

«Une des adresses d'affaires du courtier nous mène à un condo et une autre au Complexe Desjardins à Montréal, qui ne nous donne pas l'impression que c'est un gros bureau», a fait part Mme Noreau.

Des réserves

L'étude économique du Mouvement Desjardins, qui conclut qu'il n'y a pas péril en la demeure, émet des réserves sur le bien-fondé de tels investissements au Québec en vue d'assurer un approvisionnement en denrées aux Chinois. «Si c'était le cas, ils seraient mieux servis en allant plus au sud où la saison de culture est plus longue qu'au Québec. De plus, les terres agricoles sont plus petites au Québec», a-t-elle souligné.

L'intérêt des Chinois d'acquérir des terres agricoles au Québec pourrait être motivé par leur volonté de faire des placements plus stables que les marchés financiers. «Les fonds d'investissement ou des investisseurs institutionnels d'un peu partout dans le monde voient dans les terres agricoles une catégorie d'actifs attrayante, une façon de diversifier leur risque et une tactique pour se protéger de l'inflation. Les terres agricoles sont en voie de devenir des valeurs refuges», peut-on lire dans l'étude économique.

L'achat d'une terre agricole à des fins d'investissement par un non-résident est toutefois difficile à cause de la Loi sur l'acquisition des terres agricoles par les non-résidants. Ainsi, une personne n'ayant pas résidé 366 jours au Québec au cours des 24 mois précédant immédiatement la date d'acquisition d'une terre agricole ne peut être admissible à l'achat d'une terre à moins d'obtenir une dérogation de la Commission de protection du territoire agricole. L'étude n'écarte pas la possibilité de prête-noms «mais dans ce cas, les recours devant les tribunaux sont prévus par la loi».

Par ailleurs, on fait valoir que ce n'est pas tant l'intérêt d'investisseurs chinois ou d'autres pays qui pourrait amener des producteurs agricoles d'ici à se départir de leur ferme mais plutôt le manque de relève et la hausse des coûts.

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