Mauritanie : le plus grand scandale foncier sous l’ère Ould Aziz

GPS | Jeudi, 22 Juillet 2010

par Kane Cherif

50 000 hectares de terrain dans la commune de Boghé pourraient être octroyés à la société saoudienne Tabouk-Eziraiya si le président mauritanien signait un décret dans ce sens. Une information révélée par le correspondant de l’Eveil Hebdo publiée par le site Cridem et qui inquiète les populations de Dar El Barka, Aleg et Boghé. Si d’aventure Ould Aziz traduisait ce bradage dans les faits ce serait le plus grand scandale foncier que la Mauritanie n’ait jamais connu depuis son indépendance en 1960.

Un tel scénario est difficilement envisageable au moment où des réfugiés mauritaniens réinstallés dans cette partie sud du pays continuent de réclamer à cor et à cri leurs terres qu’ils avaient abandonnées durant les évènements de 89. Ce serait une maladresse incompréhensible de la part des hautes instances du pays et une souffrance de plus pour toutes les populations de Dar El Barka, Aleg et Boghé qui ont pourtant senti le coup en voyant débarquer en juin dernier une mission de l’armée mauritanienne accompagnant des officiers yéménites avant l’arrivée de topographes. C’est clair, ce bradage s’il s’avérait positif ne concerne pas seulement que les saoudiens.

Quoiqu’il en soit le fond du problème reste foncier. Une question toujours d’actualité en raison d’abord de la sécheresse qui a conduit notamment les éleveurs à se réfugier au bord du fleuve Sénégal et ensuite à la mise en valeur de celui-ci dans le cadre de l’OMV S où vivent des populations qui sont confrontées depuis des années à des convoitises et des tensions dont le paroxysme remonte aux évènements de 89 entre le Sénégal et la Mauritanie où près de 200 000 négro-mauritaniens surtout d’origine halpularen ont été déportés au Sénégal et au Mali. Une situation qui a favorisé l’intervention de l’Etat et l’arrivée de nouveaux exploitants.

La logique du pouvoir actuel s’appuie sur ce contournement et en particulier les lois foncières de 83 révisées en 2000 qui stipulent que « les terres appartiennent à l’Etat » et en outre que celles-ci « font partie du domaine des personnes privées et protégées en tant que telles les terres mises en valeur par ces dernières ». Triste réalité. Tant que la loi ne sera pas modifiée, les réfugiés auront beau réclamer leurs terres, ils seront toujours hors la loi et pendant ce temps Ould Aziz pourra céder une partie du domaine national à qui il veut et quand il veut même à des étrangers. C’est légal mais pas moral surtout pour ces populations de la commune de Boghé qu’on devra déguerpir en son heure dont l’avenir restera toujours hypothétique et puis tous ces réfugiés frustrés de vivre des situations pires que l’exil qu’ils ont connu auparavant.

Dans cette lancée, amputer de 50 000 hectares de la Moughata’a de Boghé pour des investisseurs étrangers reviendrait à remettre en cause la stabilité de cette région et à détruire en partie la richesse de cette zone sylvo-pastorale en pleine mutation. L’intérêt de l’Etat ne doit en aucun cas aller dans le sens contraire de l’intérêt général des populations mais de lutter contre toutes les inégalités en facilitant ainsi l’accès à la terre à tous, aux éléveurs et agriculteurs de la vallée, les petits producteurs mais aussi au simple citoyen.
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