Agro-business : les déboires de Frank Timis

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Seneweb News | 19 février 2024

Agro-business : les déboires de Frank Timis

Selon Libération, African Agriculture, la société de Frank Timis établie à New York et qui prévoit d’exploiter 2,9 millions d’hectares de terres en Afrique de l’Ouest, dont 25 000 au Sénégal, pour la production d’aliments de bétail destinés à l’exportation, est mal en point. Le journal rapporte que le cours de l’action de l’entreprise, qui est entrée en bourse en décembre dernier, a chuté de 90% à mi-janvier, passant de 10 dollars (6080 francs CFA) à moins de 0,90 dollar (547,2 F CFA).

«Les investisseurs potentiels ont raison de douter des projets de l’entreprise, qui sont à la fois extravagants et néfastes pour les communautés locales, assène dans Libération le porte-parole de la Convergence globale des luttes pour la Terre et l’Eau en Afrique de l’Ouest, Massa Koné. L’effondrement du cours de l’action en est le reflet. Les communautés rurales d’Afrique de l’Ouest et les investisseurs de Wall Street savent qu’ils n’ont aucun intérêt à céder leurs terres ou investir leur argent.»

Le projet d’African Agriculture fait face au Sénégal à l’opposition du Collectif pour la défense des terres du Ndiaël (Nord du pays), regroupant 37 villages, 10 000 personnes. Le porte-parole de celui-ci, Ardo Sow, a lancé un message d’avertissement des potentiels partenaires de Frank Timis dans son projet pharaonique. «Notre message aux potentiels actionnaires d’African Agriculture est le suivant : ceci est notre terre. Il s’agit de nos pâturages, de notre patrie, de notre eau, de notre souveraineté alimentaire.»
 
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Senenews 19/02/2024


Par Dado Ba  

Depuis qu’African Agriculture a commencé à être côté en bourse en décembre 2023, le prix de son action a chut de plus de 90%;

Après le pétrole et le gaz, Frank Timis, l’homme d’affaires roumain jette maintenant son dévolu sur le foncier sénégalais et sur l’agriculture. Aujourd’hui,  c’est lui qui est derrière l’accaparement des 20 000 ha de terres dans le nord du pays, plus précisément dans la commune de Nguinthe, comme cela a déjà été évoqué par le passé par le journaliste de la RFM Abdoulaye Cissé.

Mieux, Bloomberg informe qu’il aurait racheté 26 000 ha de la réserve naturelle (de Ndiael) pour 8 millions de dollars. ‘’Trois ans plus tard, African Agriculture a été constituée au Delaware et supervise désormais le projet. Timis l’a rebaptisé Teranga Farms, adoptant un mot wolof qui décrit l’hospitalité sans faille, une valeur fondamentale du Sénégal’’, ajoute le média américain.

Mieux, Franck Timis a réussi directement son coup : African agriculture holdings a fait son entrée à la bourse Nasdaq le 7 décembre 2023. La société prévoit d’exploiter plus de 2,9 millions d’hectares en Afrique de l’Ouest pour produire des aliments pour bétail et des crédits carbones destinées aux marchés internationaux.

«Cette nouvelle entreprise prévoit d’exploiter plus de 2,9 millions d’hectares en Mauritanie, au Niger et au Sénégal pour produire de l’alimentation animale destinée à l’exportation et vendre des crédits carbone aux entreprises cherchant compenser leurs émissions de CO2 », selon l’organisation Grain (une petite organisation internationale sans but lucratif ayant pour objectif d’aider les paysans dans leurs luttes pour créer et maintenir des systèmes de production alimentaire), reprise par Libération.

Le directeur politique de l’Oakland Institute, Frédéric Mousseau s’est offusqué qu’ « African Agriculture puisse revendiquer de telles surfaces et de droits à l’eau est stupéfiant et soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’impact potentiel du projet sur les moyens de subsistance des communautés locales. Outre le caractère douteux d’un nouveau projet de compensation carbone, il est choquant de voir une entreprise américaine s’approprier les pâturages d’éleveurs africains pour exporter de l’alimentation animale vers le Moyen-Orient et la Corée du Sud ».

«Notre message aux potentiels actionnaires d’African Agriculture est le suivant: ceci est notre terre. Il s’agit de nos pâturages, de notre patrie, de notre eau, de notre souveraineté alimentaire. Le projet doit être arrêté », a pour sa part déclaré Ardo Sow, du collectif pour la défense des terres du Ndiaël, dans le nord du Sénégal qui représente 3€ villages et plus de 10 000 personnes.

En 2018, rappelle Grain, African Agriculture a acquis un bail foncier pour 25.000 hectares de terres au Sénégal, auparavant contrôlées par une entreprise italienne, Tampieri. Les terres sont situées dans la réserve naturelle de Ndiaël, une zone humide protégée qui a été partiellement déclassée par décret présidentiel en faveur du projet italien en 2012. Le décret, pris sous Wade, a été justifié comme servant «’intérêt public ». «Pourtant, les éleveurs ont perdu l’accès à leurs pâturages, le bétail a été mutilé par les barbelés installés partout et des enfants sont morts dans les canaux d’irrigation », révélé Ange David Baimey de Grain.

Lors de ses déclarations officielles en vue de l’entrée en bourse, l’entreprise a d’abord omis de mentionner la lutte menée depuis dix ans par les communautés sénégalaises pour reprendre possession de leurs terres, bien que ces efforts aient été largement documentés par l’Oakland Institute, Grain et Action Aid. En mai 2023, le collectif Ndiaël a écrit à la société pour exiger la restitution immédiate de leurs terres ainsi que d’adéquates réparations et compensations. Dans son prospectus boursier d’octobre 2023, la société a alors reconnu que ces revendications foncières pourraient être «jugées valables », souligne Libération (…).

Qui sont les actionnaires?

La société de Frank Timis, magnat de l’énergie et de l’exploitation minière d’origine roumaine, Global Commodities & Investments Ltd- basée aux îles Caïmans-est le principal actionnaire, avec 48,5%, d’African griculture, «Timis, qui a été impliqué dans des scandales de fraude et de corruption et accusé d’avoir trompé des investisseurs, est connu au Sénégal pour son implication dans un projet énergétique offshore qui impliquait des officiels sénégalais », mentionne Grain.

Les autres principaux actionnaires de l’entreprise sont les gestionnaires d’actifs new-yorkais 10X Capital Spac Sponsor II LIC (14,4%), Vellar Opportunities Master Fund, Ltd. (9,9%), Ata-laya Capital Management Lp (9,6%) et l’investisseur sénégalais Gora Seck (4,8%).

Depuis qu’African Agriculture a commencé à être cotée en bourse en décembre, le prix de son action a chuté de plus de 90% passant de 10 Usd à moins de 0,90 USD à la mi-janvier. «Les investisseurs potentiels ont raison de douter des projets de l’entreprise, qui sont à la fois extravagants et néfastes pour les communautés locales. L’effondrement du cours de l’action en est le reflet », a soutenu Massa Koné, porte-parole de la Convergence globale des luttes Terre et l’Eau Ouest Afrique.

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