Tunisie : Terres agricoles et investisseurs, cherchent protection désespérément !

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Siège du gouvernorat de la région de Sidi Bouzid, lieu de naissance de la révolution tunisienne. (Nicolas Fauqué/imagesdetunisie.com)

African Manager | 26-06-2011

TAP-AM

Des paysans tunisiens revendiquent, de plus en plus et dans plus d’une région tunisienne, des terres «de leurs ancêtres » qui leur auraient été confisquées par les colons, du temps de la colonisation française, puis par l’Etat tunisien du temps de Bourguiba. Des paysans qui envahissent ces terres dont certaines ont été rétrocédées en concession par l’Etat tunisien à plus d’un investisseur privé tunisien sous forme de SMVDA (Société de Mise en Valeur du Domaine Agricole), qui refusent de travailler et de laisser travailler, qui mettent en péril investisseurs et biens. Des investisseurs tunisiens, désemparés, qui voient leurs droits bafoués et surtout non protégés par celui qui leur a octroyé ces SMVDA, c'est-à-dire l’Etat tunisien.

Tout cela, alors que le ministre de l'Agriculture et de l’Environnement, Mokhtar Jellali, déclarait que « le pays fournira environ 10 000 hectares de terres agricoles à des investisseurs étrangers si le pays enregistre une bonne récolte de céréales en 2011 ». Dixit notre confrère Business News. Plus que les investisseurs locaux, les étrangers peuvent être l’objet d’exactions de la part de tous ceux, et ils sont de plus en plus nombreux, qui se sentent en droit de demander la restitution des terres des ancêtres ou qui demandent compensations.

245 SMVDA en danger et des pertes de 65 MDT.

La Fédération nationale des Sociétés de mise en valeur et de développement agricole (SMVDA) a appelé, vendredi, le gouvernement transitoire, à prendre position pour clarifier la vision sur l'avenir des activités de ces sociétés.

Le nombre des fermes ayant subi des dégâts (incendies, dégradation...) a atteint, selon la Fédération patronale des SMVDA, 101 sociétés sur un total de 245 SMVDA et lotissements. La valeur des dégâts est estimée à 65 millions de dinars.

Les membres de la Fédération ont souligné, au cours d'une conférence de presse, que la résolution des problèmes que traversent les SMVDA et les lotissements techniques au niveau des contrats de location et la suspension de leurs activités, suite à l'occupation de leurs terrains et autres, nécessite un discours politique clair pour rassurer leurs propriétaires. «Les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement et des Finances assument seuls la responsabilité de la dégradation des situations des sociétés, en cette période, en dépit du retard de la présentation des éclaircissements nécessaires pour informer l'opinion publique et mettre fin à la vague d'occupation des terres agricoles après la révolution du 14 janvier 2011», ont-ils ajouté dans une dépêche de l’agence de presse officielle Tap.

Ces professionnels, ont appelé les ministères de l'Agriculture et de l'Environnement et des domaines de l'Etat à «prendre position pour résoudre la question des SMVDA qui ont contribué, en dépit de l'inexistence d'un environnement économique encourageant, à l'amélioration des indicateurs du secteur agricole, de l'approvisionnement et au développement de sa capacité à attirer les investissements étrangers ».

Bientôt une «marche verte» vers la Kasbah ?

Il ont fait remarquer que si le gouvernement compte restructurer les terrains appartenant à ces sociétés, il est impératif de mettre en place une stratégie claire tenant compte des intérêts des investisseurs dans les SMVDA et liées à l'Etat par des contrats d'exploitation de ces terrains.  L'accent a ainsi été mis sur la nécessité de faire participer les chefs de ces sociétés à la prise de toute décision relative à cette éventuelle restructuration.

Les membres de la Fédération ont souligné les problèmes auxquels ils sont confrontés au plan de la mise en œuvre de l'exécution des mesures rapides qu'ils ont obtenues pour évacuer les personnes ayant spolié leurs terres, mesures que les forces de sécurité n'ont pas appliqué pour des raisons sociales, sécuritaires et politiques. Ils ont recommandé d'accélérer l'indemnisation et de permettre aux agriculteurs d'accéder à leurs terres encore occupées par certaines personnes et ce, afin de procéder aux travaux de cultures nécessaires (traitement du sol, pose d'engrais…)

Certains participants se sont insurgés contre l'action de l'un des partis politiques, au cours d'une réunion, lors de laquelle a été posée la question de la redistribution des terres domaniales aux citoyens pour les amadouer, l'objectif étant la mobilisation politique.

En face, c’est encore la sourde oreille de la part du ministère de l’Agriculture et du gouvernement à la Kasbah. Les «SMVDistes» pourraient bien, à les entendre, bientôt organiser une marche verte vers le siège du gouvernement et faire Sit-in.

Du même sujet :
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