Accaparement des terres: un scandale croissant

Oxfam Grande Bretagne | 9 Septembre 2011

Accaparement des terres: un scandale croissant

 Ian Sullivan

Imaginez-vous qu'un matin, à votre réveil, on vous annonce que vous allez être expulsé-e de votre domicile. On vous dit que vous n'avez plus le droit d'habiter sur la terre que vous occupez depuis des années. Et ensuite, si vous refusez de partir, des hommes de main vous délogent par la force.

Heureusement, la plupart d'entre nous n'auront jamais à faire face à une telle situation. Cependant, pour de nombreuses communautés de pays en développement, cette pratique scandaleuse gagne du terrain. C'est ce que l'on appelle « l'accaparement des terres » : des transactions foncières, conclues le plus souvent dans l'ombre, aboutissent à l'expulsion d'agriculteurs et agricultrices de leurs maisons et privent soudainement des familles de nourriture.

Depuis la hausse générale des prix de l'alimentation en 2008, les cas d'accaparement de terres ne cessent de se multiplier. La demande de terres a fortement augmenté alors que les investisseurs cherchent de nouveaux endroits où cultiver des produits agricoles destinés à l'exportation, produire des agrocarburants ou simplement spéculer. Mais dans de nombreux cas, ces terres présentées comme « inutilisées », « dégradées » ou « sous-exploitées » au moment de leur acquisition sont en réalité utilisées par des familles pauvres qui y cultivent les produits dont elles se nourrissent. Entre 2008 et 2009, selon la Banque mondiale, pas moins de 450 657 km2 de terres ont été acquises dans les pays pauvres, soit l'équivalent de la superficie de la Suède.

Des familles sont souvent expulsées de leurs terres. Dans de nombreux cas, les promesses de dédommagement sont au mieux profondément inéquitables, au pire jamais honorées, voire inexistantes. Même après la signature d'un contrat, rien ne garantit que la transaction se déroulera dans le respect des dispositions de ce dernier. Une enquête de la Banque mondiale a révélé que dans certaines régions d'Afrique de l'Est, seules 16 parcelles de terres acquises sur 46 étaient exploitées comme prévu (les 30 restantes ayant été finalement laissées en friche ou louées à de petits agriculteurs). Au Mozambique, seule la moitié de ces terres était exploitée comme prévu.

Ce n'est pas forcément un problème de voir des sociétés investir dans les terres des pays pauvres pour les utiliser à des fins commerciales. Mais un problème de taille apparaît lorsque des familles sont expulsées des terres dont elles dépendent sans être consultées ou dédommagées de façon adéquate, ou que la production alimentaire décline en conséquence.

Depuis quelques mois, Oxfam mène une enquête sur l'accaparement des terres et sur la façon dont cette pratique a fait sombrer des milliers de personnes encore plus profondément dans la pauvreté. Au cours des prochaines semaines, nous vous ferons part de nos conclusions et de ce que vous pouvez faire pour contribuer à l'éradication de cette pratique honteuse.

En attendant, nous vous invitons à regarder la vidéo ci-dessous, une parodie d'une scène de Glengarry, un film de 1992, mettant en scène des agents immobiliers prêts à tout pour réussir. Partagez-la avec autant de personnes que possible, et aidez-nous ainsi à sensibiliser le public aux conséquences de l'accaparement des terres sur la vie de nombreuses familles.

  •   Oxfam
  • 12 September 2011

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