L’Ethiopie veut devenir un exportateur majeur de sucre

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Harar, Ethiopia (Source: Give-on)
L'Usine Nouvelle | Le 15 septembre 2011

L’Ethiopie veut devenir un exportateur majeur de sucre

par Pascal Coesnon

L’Etat de la Corne de l’Afrique invite les fonds étrangers à investir dans la production de sucre. Une décision qui ne fait pas l’unanimité.

Sugar Corp., le producteur de sucre détenu par l’Etat éthiopien, a commencé la construction de dix nouvelles unités de production sucrière pour un coût d’environ 80 milliards de birr (4,4 milliards d’euros). La compagnie invite les investissements internationaux car les firmes privées éthiopiennes « ne sont pas prêtes financièrement et techniquement à réaliser de telles initiatives », regrette Abay Tsehaye, le directeur général de Sugar Corp. Le projet concernera quatre régions, indique Yilma Tibebu, le porte-parole de la compagnie : Beles dans la province d’Amhara, Wolkait dans le Tigré, Kesem dans l’Afar et le Sud-Omo dans la Région des nations, nationalités et peuples du Sud.
 
En décembre 2010, le gouvernement a lancé un plan sur cinq ans avec pour ambition d’augmenter la croissance économique de 14,9 % par an en développant l’agriculture et en stimulant l’épargne pour financer les investissements. Le projet vise à céder 3,3 millions d’hectares de terres aux investisseurs d’ici à la mi-2015. Cinq autres millions d’hectares seront destinés à la production sucrière. « L’Ethiopie a un grand potentiel en terme de climat et de ressources hydriques, ce qui est très favorable pour la production sucrière », ainsi que des terres bon marché, souligne Abay Tsehaye.
 
En 2010, l’Ethiopie a importé 150 000 tonnes de sucre. Avec ce projet, le gouvernement vise à devenir autosuffisant d’ici à la fin 2013 et à multiplier par huit la production de sucre d’ici à la fin 2015. Avec une production de 2,3 millions de tonnes (Mt) à cette date, le pays espère en exporter 1,25 Mt. « Dans les quinze prochaines années, nous espérons devenir un des dix premiers exportateurs mondiaux », se félicite Abay Tsehaye.
 
Mais le projet ne fait pas l’unanimité. Dans le Sud-Omo, la construction de six unités de production est « un désastre » pour les dix-sept groupes ethniques qui vivent dans la région, accuse Peter Bosshard d’International Rivers, un groupe de défense basé aux Etats-Unis. « L’accaparement de la terre et de l’eau pour les plantations de canne à sucre sera une catastrophe écologique et apportera la faim pour 500 000 personnes. » Selon Abay Tsehaye, les champs seront irrigués par la rivière Omo, où une usine hydroélectrique est en cours de construction. Le nombre de personnes déplacées sera « très minime » et les unités de production construites dans « des zones arides ».
 
Le projet, dans lequel la coercition ne sera pas utilisée, vise à transformer les habitants du Sud-Omo « socialement, économiquement et culturellement ». Les personnes touchées seront indemnisées pour la perte de leurs revenus et recevront une quantité de terres au moins égale à leurs exploitations antérieures, souligne Abay Tsehaye. Les groupes de défenses « veulent que ces personnes restent aussi primitives qu’elles le sont aujourd’hui, aussi pauvres qu’aujourd’hui et aussi nues qu’aujourd’hui. Ainsi elles serviront d’échantillons pour la recherche et la collecte de fonds », accuse-t-il à son tour. Les communautés seront « beaucoup mieux », car elles bénéficieront de terres irriguées, des services sociaux, de l’appui d'experts agricoles et d’emplois, se flatte Abay Tsehaye.

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