Transactions foncières au Sénégal : Ipar tire la sonnette d’alarme

Medium_logo_ipar
Walf Fadjri | 8 février 2012

Transactions foncières au Sénégal : Ipar tire la sonnette d’alarme

Les transactions foncières, telles qu’elles se mènent actuellement au Sénégal, posent trois types de problèmes. C’est la révélation faite par Initiative prospective agricole et rurale (Ipar) dans sa publication datée d’hier et intitulée : ‘la note d’alerte sur les transactions foncières à grande échelle au Sénégal’.

Initiative prospective agricole rurale (Ipar) a décelé des failles dans la manière dont se mènent actuellement les transactions foncières au Sénégal. Le titre de sa dernière publication parue hier et intitulée : ‘la note d’alerte sur les transactions foncières à grande échelle au Sénégal’, fait état des problèmes notés au niveau des transactions. Selon la note, ‘les affectations des terres ignorent les logiques locales de gestion des terres et sont généralement opérées sans concertation avec les populations concernées; ceci indique une régression de la gouvernance, notamment dans les domaines de la participation citoyenne, de la responsabilisation et de la redevabilité des communautés rurales’. Le second problème décelé par l’Ipar est que ‘les conditions de cession des terres ne sont pas connues, dans la mesure où les contrats signés entre l’Etat et les investisseurs privés ne sont pas rendus publics’.

Initiative prospective agricole rurale, qui est un espace de réflexion, de dialogue et de proposition pour des politiques agricoles et rurales concertées au Sénégal et dans la région ouest-africaine, révèle par la même occasion que ‘les projets agricoles pour lesquels des terres sont attribuées aux investisseurs privés contribuent très peu à l’amélioration de la couverture des besoins alimentaires nationaux; car ils portent pour l’essentiel sur des produits destinés à l’exportation’. Non sans préciser que ‘ces lacunes suscitent des interrogations au niveau de la plupart des observateurs et créent des frustrations chez les producteurs ruraux qui risquent de perdre leurs terres et d’être contraints de recourir à la violence pour préserver leurs droits fonciers’. A en croire Ipar, ‘la frustration de ces acteurs est d’autant plus grande que la majeure partie des terres concédées aux investisseurs privés n’est pas exploitée’. Et que ‘si certains investisseurs privés sont porteurs de projets agricoles qu’ils entendent réaliser de façon effective, d’autres en revanche semblent développer des stratégies visant à obtenir des gains spéculatifs à court ou à moyen terme (location des terres qui ont été concédées par les collectivités locales ou ‘gel’ des terres, en attendant de pouvoir les vendre lorsque les prix seront plus élevés)’.

La publication souligne que les populations locales ne tirent que des revenus marginaux de l’accaparement des terres par les investisseurs privés. Les mouvements sociaux que ce phénomène engendre ont poussé certaines institutions internationales - l’organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), la Banque mondiale, et le fonds international de développement agricole (Fida) - à adopter un code de conduite et à définir des directives pour un investissement responsable. Mais, faute de base juridique, ce code de conduite ne peut pas revêtir de caractère contraignant. Dans ces conditions, le risque est grand de voir se développer dans les pays en développement le phénomène de l’expropriation des paysans de leurs terres, avec les tensions sociales qui en découleront. Dans le cas spécifique du Sénégal, le transfert massif de terres des paysans vers les investisseurs privés entraînera des conséquences défavorables sur la petite agriculture paysanne qui doit relever plusieurs défis majeurs : sécurité alimentaire, gestion des ressources naturelles et modernisation de l’agriculture familiale.

Charles Malick SARR

Who's involved?

Whos Involved?


  • 13 May 2024 - Washington DC
    World Bank Land Conference 2024
  • Languages



    Special content



    Archives


    Latest posts