L’accaparement des terres prend des proportions incontrôlables

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APIC | 19.06.2012

Lausanne: Conférence de "Pain pour le prochain" au Sommet des Peuples de Rio

L’accaparement des terres prend des proportions incontrôlables   

Lausanne, 19 juin 2012 (Apic) "Pain pour le prochain" (PPP) a soulevé le problème de l’accaparement des terres, lors d’une conférence co-organisée au Sommet des Peuples à Rio de Janeiro au Brésil, le 18 juin 2012. 67 millions d’hectares sont déjà touchés par l’accaparement des terres en Afrique. Ce phénomène provoque d’énormes problèmes pour plusieurs organisations paysannes dans le Sud. Il débouche souvent sur des conflits violents.

"L’accaparement des terres, c’est-à-dire l‘achat ou la location de terres par de grandes entreprises et des investisseurs étrangers, prend des proportions incontrôlables, en particulier en Afrique", précise un communiqué du 19 juin de l’organe des Eglises protestantes de Suisse pour la coopération au développement. C’est ce qu’ont expliqué des agriculteurs et des représentants d’organisations de la société civile africaine, lors d’une conférence co-organisée par PPP au Sommet des Peuples. "Selon les calculs d’Oxfam, 67 millions d’hectares de terres sont déjà touchées par l’accaparement des terres rien qu’en Afrique, ce qui représente 17 fois la superficie de la Suisse".

Les cas présentés ont montré que l’accaparement des terres conduit à des violations des droits humains. La souveraineté alimentaire est compromise. L’agriculture paysanne est transformée en agro-industrie pour la production de matières premières. De nombreux emplois sont perdus. Les problèmes environnementaux, la rareté de l’eau et la pauvreté sont aggravés. "Si la terre est louée ou vendue sans le consentement et l’indemnisation des personnes touchées, c’est du vol", a déclaré le pasteur Tolbert Jallah, secrétaire de la Fédération des Conseils Chrétiens de l’Afrique de l’Ouest (FECCIWA).

La résistance s’organise

Une résistance à ce phénomène se met en place dans plusieurs pays. Elle prend la forme de manifestations, de dialogues avec les politiques. Elle peut aussi se traduire par des occupations pour récupérer des terres. Les exemples du Brésil et du Honduras ont montré avec quelle rapidité les conflits fonciers peuvent conduire à la répression et à la violence, voire à la mort. "Nous appelons à l’aide", a lancé un représentant de la communauté indigène guarani du sud du Brésil.

Le syndicat des agriculteurs "Synergie Paysanne" (Synpa) du Bénin, une organisation partenaire de PPP, a montré comment la sensibilisation et la mobilisation des agriculteurs ont conduit à des succès, en empêchant l’expropriation des terres par des sociétés étrangères et leurs intermédiaires locaux. Synpa a réussi à apporter des amendements à la nouvelle loi foncière au Bénin, afin d’améliorer la protection de la population.

La faiblesse des structures étatiques promeut l’accaparement des terres

"L’accaparement des terres se déroule principalement dans les pays avec des gouvernements et des structures étatiques faibles. Là, les lois nationales ne sont souvent pas adaptées aux grands investissements, à l’achat ou la location de terres par des investisseurs étrangers", précise le communiqué.

Au Sierra Leone, la législation nationale prévoit que les chefs locaux sont responsables de l’administration des terres. Les investisseurs signent avec eux les contrats de location, et non avec les propriétaires ou les personnes qui utilisent ces terres (souvent sans base légale). C’est le cas de l’entreprise genevoise Addax Bioenergy. Elle a signé trois contrats de location avec trois chefferies locales, pour louer 57’000 hectares durant 50 ans et produire des agrocarburants au Sierra Leone. "La législation foncière crée des incitations perverses pour les chefs locaux qui peuvent s’enrichir à travers ces transactions foncières", explique Yvan Maillard Ardenti, responsable des thèmes Finances, dettes et corruption à PPP, témoignant de sa récente mission en Sierra Leone.

Un autre cas est celui de l’entreprise américaine Héraklès Farms et de sa filiale Sustainable Oils Cameroun. L’entreprise exploite près de 60‘000 hectares de monocultures de palmiers à huile, dans une zone qui comprend des forêts tropicales. La société a également obtenu tous les droits sur l’eau dans la région. En plus de la dégradation de l’environnement, jusqu’à 25’000 personnes sont gravement menacées de perdre leurs moyens de subsistance. Un hôpital situé sur le bord de la zone louée est également touché.

Revendications concrètes et instruments pour freiner le phénomène

Un besoin urgent de lignes directrices internationales est nécessaire pour aider les victimes dans leur lutte contre l’accaparement des terres, ont convenu les participants à la conférence de Rio. Avec la publication des "Directives volontaires de la FAO pour une gouvernance responsable des terres et autres ressources naturelles", le 11 mai 2012, un premier pas a été franchi. "Les communautés ont enfin un instrument de droit international dans leurs mains pour se défendre", a déclaré Ester Wolf, responsable pour le droit à l’alimentation à PPP. (apic/com/ggc)

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