L'eau, un enjeu oublié dans l'acquisition de terres cultivables à l'étranger

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Panel d'experts sur l'accaparement des terres et de l'eau, Semaine Mondiale de l'Eau 2012 (Source: worldwaterweek)
AFP |  le 31.08.12

L'eau, un enjeu oublié dans l'acquisition de terres cultivables à l'étranger

L'eau est un enjeu souvent oublié dans le marché d'acquisition de terres cultivables à l'étranger, ont mis en garde des experts lors de la Semaine internationale de l'eau, organisée cette semaine à Stockholm. Les économies pétrolières du Golfe, les Indiens et les Chinois sont à la recherche de terres étrangères pour répondre à leurs besoins alimentaires croissants. Les pays occidentaux, quant à eux, se sont mis en quête de trouver des surfaces agricoles pour leurs biocarburants mais aussi pour certaines cultures marchandes comme l'horticulture.

«Rendre transparentes les conséquences sur l'eau»

Selon le Land Matrix Project, une initiative internationale de surveillance des acquisitions importantes de terres étrangères, plus de 200 millions d'hectares (la taille de l'Europe occidentale) sont passés sous contrôle d'étrangers entre 2000 et 2010, par des ventes ou locations de longue durée. «Il faudrait rendre transparentes les conséquences sur l'eau [de ces opérations], pour l'instant, nous ne les connaissons pas», a signalé à l'AFP l'expert allemand Holger Hoff du Stockholm Environment Institute. Du fait de la hausse des prix alimentaires et du pétrole, c'est «un marché actuellement en pleine expansion» mais aussi très opaque, les possibilités d'étudier les contrats sont rares, a expliqué l'expert suédois Anders Jaegerskog du Stockholm International Water Institute (SIWI). «L'eau est très rarement incluse dans le contrat ce qui signifie en principe qu'on la considère comme acquise et qu'on ne lui donne pas de valeur», a-t-il poursuivi.

Les investisseurs estiment que les terres louées ou achetées seront nécessairement irriguées. Une attitude qui nie «les droits à l'eau que les autres ont», a insisté Anders Jaegerskog. «Les droits des consommateurs sur l'eau et sur la terre (...) n'ont souvent jamais été inscrits sur papier», a constaté Holger Hoff. Ce qui laisse les mains libres aux investisseurs et pourrait potentiellement causer de nombreux problèmes. «Le développement d'infrastructures, notamment des systèmes d'irrigation à grande échelle pour la canne à sucre, peut être source de conflit», a relevé une experte du SIWI, Ana Cascao. Construire de grands réservoirs oblige à déplacer les populations et affecte leur accès à l'eau, a-t-elle observé.

Beaucoup d’engrais qui peuvent «épuiser la terre»

Ignorer l'importance de l'eau peut engendrer de nouvelles tensions dans des zones transfrontalières comme le delta du Nil, a ajouté Anders Jaegarskog. En outre, ces acquisitions pourraient avoir des effets négatifs sur le long terme car il s'agirait principalement de mono-cultures (riz, blé, canne à sucre), exigeant beaucoup d'engrais et pouvant à terme «épuiser la terre», a prévenu Ana Cascao. Selon Holger Hoff, il est inutile de s'alarmer car «la plupart des acquisitions n'ont pas eu lieu». En Ethiopie, par exemple, «entre 5 et 10% des contrats ont été mis œuvre». Mais cela engendre énormément d'incertitudes et rend difficile de prévoir les conséquences de ces opérations.

Il est nécessaire de les encadrer, estiment les trois experts. L'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a présenté en mai un document de référence. «Cela part d'une bonne intention (...) mais la FAO n'a pas le pouvoir de le mettre en pratique dans chaque pays», a relevé Holger Hoff. En outre, «l'eau est nommée en passant et non pas directement», a déploré Anders Jaegerskog. L'interêt pour les terres arables est particulièrement élevé en Afrique et en Amérique latine. L'acquisition de ces terres, le plus souvent par leasing, fait l'objet d'une attention de plus en plus soutenue de la communauté internationale. Organisée depuis 1991 par le SIWI dans la capitale suédoise, la Semaine internationale de l'eau se concentre chaque année sur un thème. Cette année, il s'agit de l'eau et de la sécurité alimentaire.



NDLR : Voir aussi le nouveau rapport de GRAIN, Ruée vers l’or bleu en Afrique : Derrière chaque accaparement de terres, un accaparement de l’eau
  •   AFP
  • 31 August 2012
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