La riposte des paysans éthiopiens

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RTBF | vendredi 25 janvier 2013

Histoire du Monde : la riposte des paysans éthiopiens

L'Histoire du Monde. Des paysans éthiopiens, chassés de leurs terres au profit de grands projets agricoles, attaquent en justice la Coopération au développement britannique. Robin Cornet.

Un million et demi de familles sont contraintes de quitter leurs villages pour être réinstallées dans de nouvelles implantations. Gambella, dans l’est de l'Éthiopie, est l’une des régions qui a connu de grands mouvements de populations. Les témoignages des paysans sont accablants. Ils sont nombreux à dénoncer la violence avec laquelle les soldats les ont obligés à partir. "Nous étions impuissants", raconte Chan, veuve et mère de 4 enfants. Son visage est encore marqué par les coups de bâtons reçus. Son fils ainé a été battu avec la crosse d'un pistolet. Bien sûr, ils ont fini par partir, acceptant d’être relogés dans une région plus reculée.

"Dans ce nouveau village, il n’y avait rien", raconte Chan. "Pas d’eau, pas de bonne terre pour les cultures, pas d’école, pas de dispensaire". Les protestations restèrent vaines. Les policiers et militaires se montraient menaçants. Chan a préféré partir avec ses enfants. Passant par le Sud Soudan, elle a rejoint le Kenya et l’immense camp de réfugiés de Dadaab où s’entassent des milliers de Somaliens ayant fui les combats qui ravagent leurs pays.

Parmi eux, des Ethiopiens arrachés à leurs terres. Une journaliste du Guardian a recueilli leurs témoignages. Des récits qui corroborent ceux compilés par plusieurs ONG comme Human Rights Watch, qui dénonce de graves violations de droits dans le cadre de ce programme de développement agricole.

Les terres saisies permettent la mise en place de grandes exploitations agricoles où le traitement pourra être mécanisé. Souvent ces champs sont loués à des investisseurs étrangers - saoudiens notamment - qui apportent les techniques et les fonds nécessaires pour une exploitation moderne des terres. En terme de développement, l’idée parait assez pragmatique mais, dans la pratique, il ne s’agit pas toujours de produire de la nourriture (ce sont parfois des fleurs, par exemple) et les récoltes sont essentiellement destinées à l’exportation.

Les paysans de la région de Gambella n’étaient pas riches. Mais ils avaient des troupeaux et produisaient de quoi vivre. Certains ont aujourd’hui tout perdu. Des associations ont plaidé leur cause, saisissant la justice. En vain. Aujourd’hui, certains villageois ont décidé de porter plainte mais en Grande Bretagne. Ils se retournent désormais contre le Ministère britannique de la coopération au développement.

A Londres, le cabinet d’avocats Leigh Day and Co est chargé du dossier. La Grande Bretagne est l’un des principaux donateurs de l’Ethiopie. Au moins indirectement, elle contribue au programme de réimplantation des populations déplacées, "soit en finançant des infrastructures dans les nouvelles implantations, soit en payant des salaires aux fonctionnaires qui supervisent ces délocalisations", affirment les avocats. "Nous ne voulons pas d’argent", dit un jeune paysan à l’origine de la plainte. "Ce que nous voulons, c’est revenir dans nos village, rassembler nos familles et retrouver notre vie d’avant".   

[Voir, en anglais, l'article du Guardian de Londres]
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