BENEFICIAIRE DE 20 000 HECTARES A RONKH ET GNITH
Senhuile-Senethanol vers ses premières récoltes
Cheikh Lamane DIOP
D’ici deux à trois semaines, l’entreprise Senhuile-Senethanol va procéder aux premières récoltes dans ses champs de tournesol, annoncent ses responsables. La société italo-sénégalaise est en passe de réussir sa délocalisation forcée de Fanaye à Gnith et Ronkh. Du moins si on en juge par la réalité sur le terrain. L’entreprise italo-sénégalaise a organisé hier jeudi, une visite guidée à l’intention des journalistes pour faire le constat de l’évolution des aménagements faits dans les 20 000 hectares de terre attribués par l’Etat du Sénégal.
A 80 kilomètres en amont de Saint-Louis, à hauteur du village de Colonat sur la route nationale 3, une piste en latérite mène aux installations de Senhuile-Senethanol. A perte de vue, s’étalent de grandes surfaces aménagées, parsemées de plusieurs canaux d’irrigation alors que des engins trônent un peu partout. Après son installation avortée à Fanaye et son lot de morts, l’entreprise italo-sénégalaise,a fini de marquer sa présence sur le terrain, malgré les protestations sporadiques de ses détracteurs. Sur le terrain, une centaine d’hectares emblavés de tournesol vont produire les premières récoltes si on en croit les promoteurs.
Pendant ce temps, de Colonat à la lisière de KeurMomarSarr (Louga), en passant par les villages de Nder, Golombou ou Yéti Yoon, les aménagements se poursuivent sur plusieurs dizaines de kilomètres.Sur le plan économique, « le projet a un impact réel sur le développement économique de la région avec la création de 8 500 employés dont 2 500 à 3 000 seront opérationnels avant la fin de 2013 », affirme la direction de l’entreprise. Pour l’heure, plusieurs dizaines d’employés (500 saisonniers et 80 permanents selon les chiffres de la société), s’activent sur le site. Ces travailleurs viennent essentiellement des 37 villages du Diéry et des 9 autres situés dans l’emprise du projet.
Outre ces recrus, un partenariat noué avec l’Etat du Sénégal a favorisé la présence de 38 stagiaires. Les retombées économiques sont saluées par beaucoup d’acteurs. Avec une rémunération de 3 000 F par jour, les employés parviennent à faire vivre leurs familles. « Plusieurs jeunes ressortissants de la zone, qui se retournaient les pousses à Dakar et ailleurs, sont revenus à leurs villages pour travailler », argumente Omar un jeune de Golomou qui a trouvé un poste de chauffeur.
Par ailleurs, les éleveurs qui constituent le gros de la troupe des opposants au projet, bénéficient de parcelles de fourrages pour nourrir les bêtes. D’autre part, dans le cadre du volet social du projet, un poste de santé est en chantier. Si sa construction n’est pas encore terminée, un médecin italien et un infirmier sénégalais ont commencé les consultations et les médicaments sont gratuitement offerts selon les responsables du projet.
A côté de ce satisfécit, des voix s’élèvent pour dénoncer le bouleversement de leurs habitudes de vie. « Nous nous considérons comme des prisonniers, car, nous sommes enfermés par ce projet. Nous ne pouvons plus nous déplacer, ni pratiquer l’élevage », proteste un pasteur de KambouBouki, hameau situé dans l’emprise du projet agro-forestier. De son côté, Ahmadou Sy s’en prend à « a tactique de Senethanol qui embauche, puis se débarrasse des travailleurs, une fois les aménagements à hauteur de leur village terminés pendant que les promesses de signature de contrat de travail tardent à se concrétiser. »
