Six porcs sur dix sont élevés en Chine

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Ouest France | 10 avril 2013

Six porcs sur dix sont élevés en Chine

Michel Portier est agriculteur dans l’Oise et fondateur de la société Agritel (1) qui vient d’ouvrir un bureau à Shanghai

La Chine accapare désormais les deux tiers du commerce mondial de soja. C’est appelé à durer ?
Il y a encore seulement une dizaine d’années, la Chine n’achetait que deux à trois millionsde tonnesde soja par an sur les marchés mondiaux. Elle en négocie désormais 65 millions de tonnes. Ce qui représente les deux tiers du soja échangé chaque année. Ce n’est qu’un début. On assiste au même phénomène avec le maïs. L’an dernier, la Chine qui est le deuxième producteur mondial après les ÉtatsUnis a importé entre 6 et 7 millions de tonnes.

À quoi attribuez-vous l’explosion de cette demande de matières premières agricoles ?
On assiste à un double phénomène : l’urbanisation à outrance de la Chine et l’augmentation du niveau de vie. Les Chinois mangent de plus en plus de viande. Pour répondre à cette demande de produits carnés, l’élevage de porcs est en plein essor. Dans le monde, six porcs sur dix sont élevés en Chine. D’où cette demande de soja et de maïs. Il faut regarder de près ce qui s’y passe, c’est obligatoire.

La Chine a renoncé à son autosuffisance alimentaire ?
Officiellement non. Mais en pratique oui. Les chiffres liés aux stocks stratégiques restent des informations politiquement sensibles en Chine. On peut cependant dire sans trop se tromper que ce pays dépendra de plus en plus de l’extérieur pour ses approvisionnements. Certaines sociétés chinoises achètent ou louent des terres en Afrique et même en Europe.

Avec le soutien du gouvernement chinois ?
Comme tout ce qui est lié à l’agriculture en Chine, ces acquisitions de terres ne peuvent se faire sans l’aval du pouvoir politique. Pour sécuriser ses approvisionnements, la Chine a aussi recours à la contractualisation. Quatre millions de tonnes de maïs ont ainsi été réservés sur deux ans avec l’Ukraine.

L’Ukraine est appelée à être le nouvel eldorado agricole ?
Attention au rêve ukrainien. C’est un pays très compliqué avec beaucoup de tracasseries administratives. C’est le champion des lois rétroactives. Ce pays manque d’infrastructures (routes, silos…) et ne dispose pas aujourd’hui d’un environnement politique stable. Quand on y investit, c’est un pays où il faut être présent 24 heures sur 24. En contrepartie, il dispose aussi avec le tchernoziom des meilleures terres du monde.

Le Kazakhstan offre aussi de belles perspectives ?
Les terres y sont nettement moins bonnes.On y récolte une tonne de blé à l’hectare contre trois en moyenne au niveau mondial et sept en France. Le climat y est rude avec de fortes amplitudes allant de – 40 à + 40. C’est aussi le pays du gigantisme. J’y ai vu une ferme constituée d’un foncier de 960 000 ha : un carré de 98 kilomètres. Mais le cycle végétatif est court et le transport ferroviaire coûte cher alors que le transport maritime est bon marché. La Chine pour l’instant regarde ailleurs.
 
(1) La société Agritel emploie 27 salariés. Elle est présente à Kiev, Paris et Shanghai. Elle est spécialisée dans l’analyse des marchés agricoles et accompagne les coopératives, les agriculteurs et les industriels sur les marchés à terme.

Propos recueillis par Patrice MOYON
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