Des groupes dévoilent qui est derrière le projet d'accaparement de terres Senhuile-Senéthanol au Sénégal

CRAFS | GRAIN | Re:Common

Communiqué de presse
Dakar, le 7 novembre 2013

En réponse aux inquiétudes concernant des liens possibles avec le blanchiement d'argent, le montage financier du projet italo-sénégalais Senhuile-Senéthanol a été examiné et mis au clair

  • Certains responsables ont un passé douteux

  • Le contrôle tout à fait en amont du projet est caché derrière une société écran offshore à New York

  • Cette structure secrète, ainsi que le changement sans cesse des objectifs du projet, indiquent qu'on ne peut pas faire confiance aux investisseurs

  • Entretemps, beaucoup d'autres questions posées par les communautés touchées par le projet restent sans réponse ; les responsables de Senhuile ont refusé de parler avec les investigateurs qui les soutiennent

Le Cadre pour la Réflexion et l'Action sur le Foncier au Sénégal, une coalition de 30 organisations paysannes et citoyennes sénégalaises, épaulé par l'ONG internationale GRAIN et l'association italienne Re:Common, publie aujourd'hui un rapport d'enquête sur les investisseurs derrière le projet Senhuile-Senethanol.

L'enquête a été menée afin de répondre aux questions posées quant à un eventuel lien entre le projet et des soupçons de blanchiment d'argent. L'investigation a pu dévoiler une structure compliquée, et un historique trouble, derrière le projet. Mais elle s'est heurtée au secret juridique qui entoure les actionnaires de la société écran new-yorkaise qui contrôleraient le capital de Senéthanol.

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Senhuile est détenue à 51% par le Tampieri Financial Group en Italie et à 49% par la société sénégalaise Senéthanol. Senéthanol, lui, a été créé par le groupe d'investissement ABE Italia (75%) et l'homme d'affaire sénégalais Gora Seck (25%). Aujourd'hui, ABE Italia est en liquidation et le contrôle de sa part de Senéthanol serait en train de passer à sa société mère ABE International LLC basé à New York. ABE International, une société écran hebergée a la même adresse avec des centaines d'entreprises, est gerée par Benjamin Dummai, le président israélo-brésilien de Senhuile, mais on ne sait pas qui sont ses actionnaires car cette structure n'est pas obligée de rendre cette information publique.

Benjamin Dummai a un passé douteux dans la mesure où les autorités brésiliennes l'ont trouvé coupable d'evasion fiscale à un moment de sa carrière et de fraude à un autre. Quant à Gora Seck, il dirige beaucoup de sociétés y compris dans le secteur minier, dont deux avec un haut responsable du Ministère d'Etat pour les Mines.

En 2010, le conseil rural de fanaye a affecte 20 000 ha a Senethanol afin de produire des agrocarburants pour le marché européen. En 2011, le projet a été suspendu par Abdoulaye Wade après des affrontements meurtriers entre les communautés locales et les forces de l'ordre. Le projet a redémarré en 2012, afin de produire des graines de tournesol à exporter vers l'Italie sur un autre 20 000 ha que Macky Sall a, par décret, déclassé dans le Réserve de Ndiael pour une duree dexploitation de 50 ans. La semaine dernière, Gora Seck a déclaré que le projet “arrête toute activité économique” afin de se dédier à la production des semences d'arachide pour l'Etat sénégalais.

“Comment peut-on faire confiance à de tels investisseurs ?” s'exclame le porte-parole du collectif des 37 communautés touchées par le projet. “On prend nos terres, on prend nos vies, on nous encercle au point qu'on ne peut plus faire patûrer nos animaux, notre source de vie, et tout ça pour faire quoi ?” continue-t-il.

“Il est très inquiétant que le gouvernment du Sénégal cherche à confier de plus en plus le développement agricole à des investisseurs étrangers, comme Tampieri et ABE Italia ou ABE International, au nom de l'intérêt national. On ne voit rien de positif pour l'intérêt national dans ce projet, au contraire !” s'insurge le Cadre pour la Réflexion et l'Action sur le Foncier au Sénégal.

GRAIN et Re:Common se solidarisent avec les communautés locales et le CRAFS et appellent à tous ceux qui luttent contre les accaparement de terres, et surtout aux mouvements sociaux en Italie, de les joindre en exigeant un arrêt immédiat du projet et la remise des terres aux éleveurs et aux paysans.

Vous pouvez demander plus de précisions à :

Vous pouvez télecharger le rapport d'enquête des sites Internet suivants:

www.endapronat.org, www.recommon.org, www.grain.org

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