Terres agricoles en Roumanie : champ libre à la spéculation

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Le Courrier des Balkans | le 27 décembre 2013

Terres agricoles en Roumanie : champ libre à la spéculation

La ruée vers les bonnes terres agricoles de Roumanie va s’intensifier : le gouvernement a adopté un projet de loi libéralisant la vente de terres agricoles aux citoyens européens à partir de 2014. Depuis l’adhésion du pays à l’UE, en 2007, les prix ont flambé, et 700 à 800.000 hectares de bonnes terres sont déjà contrôlés par des investisseurs étrangers. Via Campesina sonne l’alarme face au risque d’accaparement, spoliant les paysans roumains.

Selon le texte, les personnes physiques de l’Union Européenne et de l’espace économique européen (Islande, Liechtenstein, Norvège) pourront acquérir directement des terres agricoles en Roumanie alors qu’elles devaient jusqu’ici être associées à un partenaire roumain dans le cadre d’une société mixte.

L’Etat, les copropriétaires et locataires des terres, les voisins ainsi que les agriculteurs âgés de moins de 40 ans de la localité où se trouvent les terrains auront toutefois un droit de préemption. Le gouvernement souhaitait initialement demander aux citoyens étrangers de démontrer une expérience dans l’agriculture et limiter les surfaces achetées à 100 hectares, mais il a renoncé à ces restrictions.

La Roumanie, cinquième pays de l’UE en termes de surfaces agricoles, dispose de terres arables de grande qualité. Après leur entrée dans l’Union Européenne, la Roumanie et d’autres pays de l’Est où le prix des terres et les revenus étaient très inférieurs à ceux de l’Europe de l’Ouest, ont pu imposer des restrictions à l’achat des terres par des étrangers afin de préserver l’agriculture locale. Ces mesures n’ont toutefois pas empêché qu’en Roumanie, de 700 à 800.000 hectares de terres arables soient contrôlées par des investisseurs étrangers associés à un partenaire local. Selon le quotidien économique Ziarul Financiar, un tiers des ces 700.000 hectares sont exploités par 15 groupes venus entre autres du Liban, de Chine, des Pays-Bas ou du Danemark.

« Ce projet de loi ne va pas changer grand chose à la question de l’achat des terres par des multinationales », a indiqué à l’AFP Attila Szocs, responsable de l’association roumaine Eco Ruralis qui défend les petits paysans et l’agriculture traditionnelle. « L’introduction d’un droit de préemption est positive mais il faut voir comment il va être appliqué », a-t-il ajouté. En mai dernier, la coordination européenne Via Campesina a averti que l’Europe de l’Est était touchée, comme l’Afrique et l’Asie, par la ruée vers les terres agricoles de la part de grands investisseurs étrangers.

Le prix moyen des terres agricoles a augmenté de près de 60% en deux ans, un hectare atteignant 3100 euros, selon une étude de la compagnie de services immobiliers DTZ. Malgré cette hausse, le tarif d’un hectare en Roumanie reste entre deux et huit fois plus bas que la moyenne constatée dans les autres Etats européens, complète le document.

À l’échelle du pays, il existe de grosses différences entre les régions. Ainsi, un hectare en Munténie (sud) ou dans le Banat (sud-ouest) se vend en moyenne entre 3.500 et 3.600 euros, alors que la même surface ne vaut que 2.600 à 2.900 euros dans le nord-est et le sud-est du pays. « Les prix moyens des terres agricoles ont pratiquement triplé depuis 2007, et il n’existe aucun signe qui indique leur baisse prochaine, surtout avec la libéralisation du marché en 2014 », complète la même étude.
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