Qui est responsable des accaparements de terres dans le monde?

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Peuples Solidaires | 20 mai 2014

Qui est responsable des accaparements de terres dans le monde?

L’argent des contribuables et les politiques gouvernementales responsables des accaparements de terres dans le monde

Peuples Solidaires et ActionAid dénoncent aujourd’hui la façon dont les gouvernements encouragent la ruée mondiale vers la terre à travers des mesures incitatives offertes aux investisseurs privés et aux entreprises, risquant d’augmenter la faim et la pauvreté des populations les plus pauvres au monde.

Ces dernières années ont vu l’augmentation massive des transactions foncières, souvent dans zones déjà occupées par des communautés pauvres.

Dans un nouveau rapport, intitulé Hold up sur les terres, Peuples Solidaires-ActionAid France met en exergue la façon dont des mesures incitatives telles que des terres à bas prix ou gratuites, des prêts à taux très bas et des incitations fiscales généreuses sont prises par les gouvernements, les donateurs, les agences internationales et les institutions financières, comme la Banque mondiale, pour attirer des investisseurs privés.


Les gouvernements se tournent vers le capital privé pour pallier le manque massif de dépenses publiques, mais cette course aveugle à l’investissement mène trop souvent à des accaparements de terres qui laissent les communautés locales sans terre, sans habitation et dans la faim. La croissance ne peut pas être atteinte aux dépens des plus pauvres et des plus vulnérables”, affirme Katia Roux, chargée de mission à Peuples Solidaires-ActionAid France.

La majorité des transactions foncières conclues par des investisseurs étrangers dans les pays pauvres sont destinées à produire de la nourriture et des agrocarburants pour l’exportation, et non pour nourrir la population locale. La pratique montre que ces transactions ne fournissent pas les emplois, écoles, routes et autres bénéfices promis aux communautés locales.

Beaucoup de transactions foncières sont, en fait, menées sans juste consultation, consentement et compensation des communautés locales concernées, et peuvent mener à des expulsions forcées, des conflits et des violations de droits humains. Les femmes, qui produisent jusqu’à 80% de la nourriture dans la plupart des pays en développement, y sont tout particulièrement vulnérables dans la mesure où elles possèdent souvent des droits à la terre plus faibles.

Les gouvernements et les investisseurs privent les communautés qui n’ont pas de titre fonciers légal ou de droits de propriété formels de la terre sur laquelle elles vivent ou qu’elles utilisent depuis des générations.

Sénégal : 37 villages privés de leurs terres

Dans le nord-ouest du Sénégal, une entreprise à capitaux italiens, Senhuile-Sénéthanol, a obtenu une concession foncière dans la réserve naturelle de Ndiaël, où habitent près de 9000 personnes vivant dans 37 villages. Les habitants vivent principalement de l’agriculture semi nomadique et dépendent de la terre pour survivre.

Les activités de l’entreprise menacent les moyens de subsistance des communautés en les privant des pâturages dont ils ont besoin pour vivre et en restreignant leur accès à la nourriture, à l’eau et au bois de chauffage. La majorité des habitant de la zone demandent aujourd’hui à l’entreprise de cesser toute activité et de garantir leurs droits à la terre.

“L’élevage est notre source principale de revenu, mais aujourd’hui, nous nous trouvons dans une situation extrêmement difficile car les terres que nous utilisons pour la nourriture et le pâturage sont entourées de clôtures et de canaux pour l’eau », affirme Bayal Sow, membre de la communauté de Ngith, dans la réserve de Ndiaël.

Peuples Solidaires-ActionAid France s’inquiète du fait que des initiatives internationales comme la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition du G8 donnent la priorité aux intérêts du secteur privé et à la création d’exploitations commerciales à grande échelle, en ignorant le rôle des petits exploitants dans la production de nourriture et l’augmentation des revenus. Pourtant, des études montrent que les petits exploitants, avec la formation et le soutien adéquates, sont plus productifs que les grandes exploitations commerciales.

Des mesures incitatives offertes aux investisseurs augmentent la faim et la pauvreté

“Bien que présentée comme une solution pour combattre la faim et la pauvreté, la Nouvelle alliance met la pression sur les gouvernements africains afin qu’ils prennent des mesures qui laissent une grande partie de leurs populations sans la terre dont ils dépendent pour vivre et nourrir leurs familles, contrevenant ainsi à son but affiché”, affirme Katia Roux.

Peuples Solidaires-ActionAid France appelle les gouvernement à adopter une politique de tolérance zéro envers les accaparements de terres. Ils doivent mettre fin aux mesures incitatives et aux politiques qui encouragent les accaparements de terres et à la place, augmenter l’investissement destiné à aider les petits exploitants et producteurs de nourriture à améliorer leur rendement, leur durabilité et leur accès aux marchés.

“Poursuivre la stratégie actuelle et créer de nouvelles incitations pour les transactions foncières à grande échelle n’entrainera que davantage de difficultés, de détresse et de pauvreté pour les communautés les plus pauvres. Les gouvernements doivent inclure tous les utilisateurs légitimes de la terre dans la réforme des régimes fonciers, afin que les petits producteurs de nourriture et non les investisseurs, soient aux commandes du développement”, affirme Katia Roux.

Les gouvernements nationaux doivent reconnaître et protéger les droits à la terre de tous leurs citoyens, et des femmes en particulier. Toute transaction foncière menée à bien doit suivre les principes de consentement libre, préalable et éclairé. Ils doivent être transparents, offrir une compensation et des bénéfices justes au lieu de désavantager les communautés locales.

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