Le foncier agricole français séduit les investisseurs étrangers

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Figaro | le 01/06/2014

Le foncier agricole français séduit les investisseurs étrangers

Par Eric de La Chesnais

Les Safer veulent plus de transparence lors des transactions avec des personnes morales.

Les exploitants agricoles sont inquiets: de plus en plus de personnes morales étrangères, mais aussi nationales, investissent dans l'achat de terres agricoles, qui échappent ainsi à leur contrôle. «C'est un phénomène nouveau, qui s'accélère et peut aller très vite si l'on ne permet pas d'avoir une transparence financière sur les transferts de parts sociales de sociétés agricoles. Cela se fait déjà en droit des affaires lorsqu'un investisseur dépasse le seuil de 5% du capital d'une société», explique Emmanuel Hyest, président de la FNSafer (Fédération nationale des sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural).

Entre 2010 et 2013, «la part des personnes morales propriétaires de terres agricoles en France a augmenté de 10%, passant de 17% à environ 20%, souligne pour sa part Robert Levesque, directeur général de Terres d'Europe-Scafr, bureau d'études de la FNSafer. Cela peut aller très vite lorsque l'on regarde ce qui s'est passé dans le vignoble avec les Chinois», poursuit-il. Selon l'autorité de régulation du foncier agricole, les investisseurs de l'Empire du Milieu ont en effet mis la main en trois ans sur 96 des 7.000 châteaux bordelais. Leur intérêt porte aussi sur les terres arables. «On s'est rendu compte qu'un investisseur chinois voulait mettre la main sur une préemption de 300 hectares de la Safer dans le Sud-Ouest», révèle Robert Levesque. Sans succès, car dans ce cas précis, la Safer a pu faire jouer son droit de préemption au profit d'agriculteurs.

Menaces sur l'agriculture familiale

Les Russes ne sont pas absents de ce mouvement, avec une cible privilégiée. Ils se sont intéressés au Cognac. «Rien qu'en 2013, la moitié des transactions en pleine propriété dans le Cognac se sont faites au profit de personnes morales, notamment russes», précise Robert Levesque.

Ce mouvement concerne aussi les grandes cultures, c'est-à-dire les exploitations céréalières et de betteraves à sucre du nord de la France. «Un fonds de pension belge a ainsi racheté 250 hectares l'an dernier pour les exploiter en direct», poursuit Emmanuel Hyest.

Pour le président de la FNSafer, ce type d'investisseurs pose une double problématique. «Ils ne se contentent pas d'acquérir des terres et de les louer, mais ils les exploitent pour leur propre compte», dénonce-t-il. Non seulement cela «menace l'agriculture familiale» mais aussi «l'autonomie alimentaire de notre pays».

«Il est possible qu'un jour ces investisseurs décident d'alimenter l'étranger avec les ressources agricoles françaises plutôt que d'approvisionner en priorité la France», prévient-il. Seulement, la réalité du marché est là. L'acquisition de foncier agricole n'est pas à la portée de tout exploitant. Le prix moyen dans les vignobles d'appellation d'origine protégée (AOP) atteint 131.600 euros l'hectare. En Champagne, l'hectare a flambé de plus de 20% en 2012, à 1 million d'euros environ. Quant aux vignes pour Cognac et Armagnac, leurs prix sont en hausse de près de 11%, à 39.000 euros l'hectare. La terre agricole est plus sage mais affiche des hausses constantes. Son prix a augmenté en moyenne de 6,2%, à 5.750 euros l'hectare, l'an dernier pour les terres agricoles libres (non liées par un bail).

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