Afrique : réaliser des films pour sensibiliser sur l’accaparement des terres

Medium_accapare

La Nouvelle Tribune | 9 novembre 2014

Afrique : réaliser des films pour sensibiliser sur l’accaparement des terres

Blaise Ahouansè

Le cinéaste béninois Idrissou Mora-Kpaï anime depuis le 1er novembre dernier à Cotonou, un atelier initié par l’association culturelle Kulturforum Süd-Nord qui va déboucher sur la réalisation de films sur l’accaparement des terres et la sécurité alimentaire.

Mettre le cinéma au profit de la lutte contre l’accaparement des terres. Ceci est au cœur d’un atelier de formation qui se tient depuis le 1er novembre 2014 au siège du Conseil international des radio-télévisions d’expression française (Cirtef) à Cotonou sur initiative de l’association Kulturforum Süd-Nord avec la collaboration de Christian Kao Chabi (festival lagunimages). Y prennent part, une vingtaine de participants de diverses compétences professionnelles dont réalisateurs, cadreurs, environnementalistes, spécialistes du foncier et de la conservation de l’écosystème, journalistes, ingénieurs en environnement, responsables d’Ong intervenant dans l’accaparement des terres et de structures de protection en sécurité alimentaire.

C’est d’abord un moment de partage d’expérience entre ces participants et le formateur, le cinéaste de nationalité béninoise Idrissou Mora-Kpaï vivant aux Etats-Unis qui, vient réaliser un rêve. «Il y a longtemps que j’avais envie de venir au Bénin partager mon savoir- faire en manière de film documentaire» informe-t-il. Au-delà du partage d’expérience, le but principal, c’est la sensibilisation sur l’accaparement des terres. Un phénomène qui fait ravage dans l’Afrique toute entière et qui mérite le regard des documentaristes, soutient Idrissou Mora-Kpaï. «Nous allons mettre le savoir-faire audiovisuel pour sensibiliser la population. La question, c’est au-delà de l’accaparement, c’est aussi une question de société qui va mal.» ajoute t-il.

L’atelier sera sanctionné par la réalisation de quatre films documentaires sur l’accaparement des terres, la destruction de l’agriculture familiale avec le soutien financier de l’Ambassade des Pays-Bas près le Bénin et la fondation Prince Claus Amsterdam, informe Stephan Köhler, Président de Kulturforum Süd-Nord. A ses dires, ces films seront traduits dans d’autres langues locales afin de toucher des populations qui ne savent ni lire ou écrire le français. Ils seront projetés dans les communes notamment concernées par le phénomène mais aussi diffusés sur des chaînes de télévision.

Trois étapes, quatre sujets de production

L’atelier est subdivisé en trois phases. «C’est tout le processus de la production d’un film. Nous sommes censés apprendre et appliquer.» informe le formateur. Ainsi, les trois premiers jours ont été consacrés aux travaux théoriques sur la réalisation de films documentaires d’une part et des communications données par des spécialistes sur l’accaparement des terres et la sécurité alimentaire, d’autre part.

Après, les participants sont sur le terrain depuis mardi pour le tournage qui va durer 4 jours. Ils sont répartis en quatre groupes avec différents angles à aborder. «Le sujet, c’est montrer sur le terrain comment ce phénomène agit sur la sécurité alimentaire, comment cela fragilise le tissu social même au sein d’une même famille» confie le porte-parole du Groupe 1. Quant au deuxième groupe, Désiré Boni explique que son équipe travaillera sur l’accaparement dans le sens d’un pêcheur qui face à l’appauvrissement des courants d’eau s’est recouru à la terre mais se trouve après, être privé de la terre. Il ne voit que seule solution, le retour à la pêche alors que entretemps, les courants d’eau sont devenus plus pauvres. Les participants du groupe 3 vont tourner leur film sur un agriculteur privé de sa terre au profit d’une œuvre sociale, la construction d’une université. Puis, il est tombé dans la précarité parce les dispositions pour le dédommager sont restées jusque- là à l’étape de promesse, des années déjà. Le quatrième groupe va révéler les réalités de vie de la famille d’un monsieur qui des années après qu’il a vendu ses terres, décide à nouveau de les conquérir. A noter que ce ne sont que des faits réels puisqu’il s’agit de réaliser des documentaires.

La troisième étape de la formation c’est le montage et la présentation. Aux dires du formateur et du président de Kulturforum, ce ne sera pas les seules productions. Car, à en croire le formateur, certes il ne s’agit pas d’une formation de cinéaste en entier mais elle est destinée à donner aux participants l’envie de continuer. «Une fois qu’on attrape le virus, la passion reste. J’espère qu’après mon départ, il y aura des gens qui vont continuer.» déclare Idrissou Mora-Kpaï confiant de ce que ses stagiaires ont déjà les outils de base pour trouver des sujets, les écrire et comment faire des films sans moyens

  • Sign the petition to stop Industria Chiquibul's violence against communities in Guatemala!
  • Who's involved?

    Whos Involved?


  • 13 May 2024 - Washington DC
    World Bank Land Conference 2024
  • Languages



    Special content



    Archives


    Latest posts