Sandiery Diop, chef de village de Ndombo Sandiéry : «La Css nous a pris toutes nos terres»

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"Un beau matin, elle a pris 300 ha. La Css est un Etat dans l’Etat."

Global Land Forum | 9 May 2015

Sandiery Diop, chef de village de Ndombo Sandiéry : «La Css nous a pris toutes nos terres»

Cicodevafrica

On parle de l’existence de réserves de terres dans votre village. Quelle est la situation foncière de Ndombo ?
Le Conseil rural nous a affecté des terres, mais la Css les a reprises. La Css est venue nous dire qu’elle a besoin d’aménager une piste de production. Nous avions discuté et nous avons tout couché sur papier. Nous étions d’accord. Et la Css s’était engagée à nous aménager un système de drainage pour nous permettre d’exploiter les terres qui restent. Un beau matin, elle a pris 300 ha.
Il y a eu des affrontements. Quand le sous-préfet Talla Ndiaye est venu (en 2009), je lui ai soumis cette doléance avec des documents. Il n’a posé aucun acte jusqu’à ce jour. La Css est un Etat dans l’Etat. Personne ne peut lui forcer la main. S’il voulait prendre le village de Ndombo, personne ne pourrait s’y opposer. Finalement, j’avoue que nous avons cédé.

Où est-ce que vous menez vos activités maintenant ?
Maintenant, nous cultivons dans le cadre d’une coopérative de l’autre côté de la Taouey qui ne fait pas partie de la commune. Là où nous cul­tivons appartient à la commune de Richard-Toll. Nous avons cinq grou­pements de 70 membres. Et nous cultivons près de 200 ha. Je ré­pète que ce que nous avions com­me terres arables, la Css les a prises.
Vu que nous avons subi un découpage, nous ne savons plus quoi faire. De quoi la commune va-t-elle vivre ? Nous n’avons ni marché ni hôpital. On a juste un collège de deux classes, sinon rien. On boit l’eau du forage. On est en train de leurrer le gouvernement. Ce décou­pa­ge n’est rien d’autre qu’une arme politique brandie contre Aliou Diack. Nous sommes érigés en com­mune, parce que Aliou Diack habite ici.

Qu’est-ce que Mimran a fait pour vous ?
Rien du tout ! J’ai pris sur moi l’initiative d’aller rencontrer la direction de la boîte. On m’avait promis une audience. Depuis lors, j’attends toujours.

On dit que les champs de la Css prennent feu régulièrement. Qu’est-ce qui l’expli­que ?
C’est vrai. Mais personne ne connaît les auteurs de ces incendies. Les responsables de l’usine sont venus me voir. Je leur ai assuré que personne dans ce village n’est le pyromane qui met le feu dans leurs champs. Quand même, nous avons nos enfants qui travaillent là-bas. Ils y gagnent un modeste salaire. Donc, nous n’allons jamais encourager de tels actes. Ils n’ont pas de terres, donc ils vivent de la Css. Cela serait de la folie. Les champs continuent de prendre feu et on cherche encore les auteurs.

Mais il y a un incident, en 2007, qui a valu la prison au frère de Aliou Diack. Qui peut incendier les champs outre que les jeunes de Ndombo ?
En fait, il y avait des jeunes qui écrivaient sur les murs pour appeler les gens à refuser le forcing de la Css. Moustapha Diack a été arrêté à cause de cela. Il est toujours en prison. Il était un brave agriculteur. S’il était le pyromane, les incendies devraient cesser. D’autant que la Css a des centaines de gardiens qui veillent sur ses plantations 24h/24. Moustapha a toujours nié les faits. Certains d’entre nous ont été convoqués à la Division des investigations criminelles (Dic) pour cela. Mimran doit savoir qu’il a profané un en­droit où vivent des esprits. Nous vi­vons avec les esprits. Je n’ai pas d’ho­monyme. Je porte un prénom de djinn. D’ailleurs, la Css sacrifie des bœufs régulièrement dans ses champs.

Qui est le fondateur du village de Ndombo ?
Le village a été créé, il y a 700 ans, par Mame Birane. Il est le père de Massamba Ndombo. Et ce dernier est notre grand-père. Depuis lors, nous ne connaissons que l’agriculture. Nous avions des cultures de crue et de décrue jusqu’à l’avènement de la riziculture et l’arrivée de la coopérative du temps de Sen­ghor. Il y a aussi des pêcheurs. C’est la raison pour laquelle nous sommes surpris d’entendre qu’il y a un découpage pour ériger notre village en commune. Il n’y a que des paysans ici. Nous ne connaissons que la terre. Toutes nos difficultés viennent de là.

Réaction : La Css ne souhaite pas se prononcer sur le cas de Ndombo

Très détendu dans ses réponses relatives au projet Kt 150, le Directeur des ressources humaines de la Compagnie sucrière sénégalaise, El hadji Bachir Sall, après avoir pris connaissance des propos du chef de village de Ndombo Sandiéri, a préféré ne pas se prononcer sur le cas spécifique de Ndombo. La chargée de communication de la Css, Thérèse Kâ, qui avait beaucoup collaboré pour que Le Quotidien puisse recueillir la version de sa boîte, a fait part du souhait de M. Sall de ne pas aborder ce sujet.

  •   GLF
  • 09 May 2015

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