Action de Carême et Pain pour le prochain interpellent le Crédit Suisse

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Une usine d'extraction d'huile de palme au Kalimantan occidental (photo PPP urs Walter)
cath.ch | 06.03.2017

Action de Carême et Pain pour le prochain interpellent le Crédit Suisse

par Maurice Page

Face à l’accaparement des terres dans les pays du Sud, notamment en Indonésie, les banques et les établissements financiers suisses doivent prendre conscience du fossé qui sépare leurs déclarations d’intention de la réalité du terrain. Telle est la revendication lancée le 6 mars 2017, à Berne, par l’Action de Carême (AdC) et Pain pour le prochain (PPP).

L’huile de palme est l’une des principales causes de l’accaparement des terres. En Indonésie, elle est synonyme de conflits entre les entreprises et les communautés indigènes, témoigne la militante indonésienne Kartini Samon, collaboratrice de l’ONG Grain à Djakarta. Ce commerce s’accompagne fréquemment de violations des droits humains. Réchauffement climatique, recul de la biodiversité, pollution des eaux, destruction des forêts en sont d’autres conséquences. Les populations concernées sont souvent spoliées de leurs terres et leur sécurité alimentaire est menacée.

C’est pourquoi la campagne œcuménique de carême a demandé à l’ONG néerlandaise Profundo de mener une analyse sur l’implication des banques et des établissements financiers suisses dans ce business. L’étude a porté sur les investissements et les prestations de service, entre 2009 et 2016, de 17 banques suisses en faveur des 20 principaux fabricants et distributeurs d’huile de palme.

Les banques suisses ont participé à cette industrie pour un montant de 1,1 millard de dollars. Avec 900 millions de dollars, le Crédit Suisse en porte la plus large part. Le deuxième plus gros contributeur est la banque Safra Sarasin (Bâle), a expliqué Migues Baumann, responsable de la politique de développement auprès de l’oeuvre d’entraide protestante Pain pour le prochain.

Un fossé entre les normes et la réalité de terrain

Sur le papier, les banques sont soumises à diverses normes internationales et à des règles de bonne conduite. Elles ont aussi des directives internes sur le développement durable, l’agriculture et la sylviculture, relève Migues Baumann. Mais les enquêtes menées sur le terrain montrent une réalité bien différente.

Le droit international prévoit que les communautés indigènes donnent leur consentement au développement de nouvelles plantations. Ce qui est très rarement le cas en Indonésie et ailleurs. Les mesures de protection des forêts primaires ne sont pas respectées. Des réserves de biodiversité comme les tourbières ou les marais sont asséchées, contribuant ainsi directement au réchauffement climatique.

Les banques suisses complices

Tout autour des palmeraies, des conflits ont éclaté sur les terrains revendiqués. De nombreux villageois font l’objet de menaces ou d’intimidations de la part des industries agricoles. Or Crédit Suisse détient des participations dans plusieurs de ces entreprises.

Pour l’Action de Carême et Pain pour le prochain, Crédit suisse n’est pas suffisamment strict vis-à-vis de ses clients. Les banques suisses sont ainsi complices des irrégularités dont se rendent coupables les fabricants d’huile de palme dans leurs plantations.

C’est pourquoi les œuvres d’entraide catholique et protestante exhortent le Crédit Suisse et les autres banques à exiger de leurs partenaires le respect des droits humains et des normes de durabilité. Elles les invitent aussi à mettre un terme à toutes relations d’affaires avec des entreprises qui s’accaparent les terres et ôtent ainsi leur base de subsistance à des millions de personnes.
“En Suisse, nous sommes protégés par la loi”

“Ici en Suisse, nous disposons de lois qui protègent les forêts et les marais”, complète Matthias Dörnenburg, directeur ad interim d’AdC. Les zones agricoles sont définies par des ordonnances et des plans de zones. Toute violation de ces dispositions fait l’objet d’une enquête et peut être contestée devant un tribunal. Mais tel n’est pas le cas en Indonésie, en République démocratique du Congo ou au Guatemala.

“Imaginez: on sonne à votre porte, et des individus armés portant un uniforme des services de sécurité vous informent qu’il ne vous reste que cinq jours avant que votre maison ne soit démolie, car une multinationale s’est approprié les terres de votre village pour y planter du soja à grande échelle.” Cette réalité est vécue dans de nombreux pays de divers continents. “Avec la thématique de l’accaparement des terres, la campagne œcuménique soulève la question de notre rapport à la terre”, conclut Matthias Dörnenburg. (cath.ch/mp)

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